Quand un commentaire de Janet Yellen (Fed) ébranle Wall Street

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ège du FMI, à Washington, le 6 mai 2015 (Photo : MANDEL NGAN)

[06/05/2015 21:33:30] Washington (AFP) Les deux femmes les plus puissantes du monde financier, Janet Yellen et Christine Lagarde, ont inauguré mercredi une nouvelle forme de conférence publique au sommet, tout en douceur mais qui a quand même secoué les marchés.

A l’issue de cette conversation en tête-à-tête faussement impromptue où la directrice générale du Fonds monétaire International (FMI) a interrogé la patronne de la Réserve fédérale (Fed) et vice versa, le Dow Jones a soudainement plongé dans le rouge. Et pour cause.

“La valorisation des marchés boursiers aujourd’hui est généralement assez haute”, a lancé de façon presque anodine la présidente de la Fed Janet Yellen. Commentaire sur les marchés financiers plutôt rare de la part du responsable de la plus puissante banque centrale du monde.

“Il y a des dangers potentiels dans ce domaine”, a-t-elle ajouté devant Christine Lagarde, qui opinait du chef.

Wall Street, déja déprimée par des indicateurs médiocres mercredi, a accusé le coup et son indice vedette Dow Jones perdait presque un demi-point de pourcentage à la clôture (ou 86,22 points). Pendant la séance, le Dow Jones a même cédé jusqu’à 200 points.

Plus d’une fois Mme Yellen avait déjà alerté les marchés sur les risques de “la course au rendement” provoquée entre autres par une politique monétaire aux taux résolument bas, mais il faut remonter à l’été dernier pour retrouver un jugement de la patronne de la Fed sur le marché boursier.

– Un rappel de l'”exubérance irrationnelle” –

Lors d’une audition le 15 juillet au Congrès, bien plus solennelle, elle avait alors qualifié de “très exagérée” la valeur boursière de certaines entreprises liées aux réseaux sociaux et aux biotechnologies, ébranlant un instant Wall Street.

“Elle a eu son moment +d’exubérance irrationnelle+”, a commenté sur la chaîne économique CNBC un gérant de portefeuille à Wall Street, se référant à la fameuse observation d’Alan Greenspan, président de la Fed en décembre 1996, qui avait qualifié l’engouement de Wall Street d'”irrationnel”.

“Je trouve bien qu’elle mette un peu les choses en perspective”, a relevé James Cox, un responsable de la firme d’investissements Harris Financial Group.

Au cours de cet entretien public organisé par l’Institute for new economic thinking conference on finance and society, Christine Lagarde a fait preuve de franchise en critiquant “les motivations de profits à court terme” du secteur financier.

Citant Voltaire, Rousseau et même Aristote, elle a réclamé davantage d’éthique et de responsabilité individuelle.

La patronne du FMI a appelé à davantage de mesure dans les rémunérations des dirigeants d’entreprises et des banquiers.

“Les incitations liées aux méthodes de compensation doivent changer pour que les récompenses ne soient plus liées à des actions à courte-vue et à des prises de risques excessives”, a-t-elle affirmé.

Elle a même assuré qu’inclure davantage de femmes dans les plus hauts échelons d’une entreprise pouvait contribuer à y développer un plus grand sens de l’éthique.

“Que serait-il arrivé si Lehman Brothers avait été Lehman Sisters?”, a-t-elle lancé, faisant allusion à la faillite de la banque d’affaires américaine qui a précipité la crise financière de 2008.