Taux : la Fed s’affranchit d’un calendrier trop contraignant

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éserve fédérale américaine (Fed) à Washington, en 2013 (Photo : Karen Bleier)

[19/03/2015 07:32:30] Washington (AFP) La Réserve fédérale américaine (Fed) s’emploie à parfaire la technique du “un pas en avant, deux en arrière” pour s’affranchir d’un calendrier de relèvement de ses taux trop contraignant.

Mercredi, la Fed a abandonné la promesse d’être “patiente” avant une première hausse des taux, qu’elle a toutefois exclue pour avril. Mais dans le même temps, la banque centrale américaine est apparue plus circonspecte sur l’économie des Etats-Unis.

Non seulement elle a révisé en baisse ses prévisions de croissance et d’inflation, mais surtout les membres du Comité monétaire (FOMC) sont apparus bien moins pressés de freiner l’accès à l’argent facile dans leurs projections sur le niveau des taux directeurs en 2015 et 2016.

“La Fed a remplacé sa promesse de patience avec un message d’orientation plus vague”, résumait Paul Ashworth, économiste en chef pour les Etats-Unis de Capital Economics.

Pour Harm Bandholz, d’UniCredit, ce communiqué dépouillé de tout engagement “signe la fin d’une période de six ans où la Fed envoyait aux marchés des signaux de guidage sur les taux”.

Le communiqué le dit désormais clairement, le FOMC n’a pas de date pour une première hausse des taux, même si la porte est ouverte pour juin ou septembre. Plusieurs économistes voient désormais une hausse en septembre: “c’est le scénario le plus probable”, estimait Paul Edelstein d’IHS Global Insight.

Pour Ian Shepherdson, de Pantheon Macroeconomics, la Fed souffle le chaud et le froid en abandonnant sa patience tout en soulignant les faiblesses de l’économie. “Voilà une Fed qui est sur la défensive !”, estime cet analyste. “Ils ont appliqué le changement minimal” qui était attendu “tout en pédalant furieusement en sens contraire”.

Interrogée au cours d’une conférence de presse sur le fait de savoir si, en offrant désormais des indications plus vagues, la Fed laissait aux marchés le soin de deviner l’évolution des taux, la patronne de la Fed, Janet Yellen s’en est tirée par une pirouette: “nous ne pouvons pas apporter de la certitude (…) parce que l’évolution de l’économie est incertaine.”

“Ce que les acteurs des marchés devraient faire c’est regarder les données économiques comme nous le faisons”, a-t-elle lancé martelant qu’une première hausse des taux dépendra des informations que son Comité de politique monétaire recevra sur l’économie américaine, et notamment le taux de chômage et l’inflation.

“Après la réunion d’avril, toute réunion est sur la table” pour une hausse des taux, concluait Jim O’Sullivan, économiste en chef pour l’économie américaine de HFE.

Ce flou soudain représente un grand changement dans le message de la Fed qui, il y a encore un an, promettait un statu quo sur les taux qui sont maintenus proches de zéro, tant que le taux de chômage excéderait 6,5%.

Lorsqu’elle a fait sauter cette borne chiffrée en mars 2014, le taux de chômage était à 6,7%. Il est maintenant à 5,5%.

Les marchés ont vivement réagi après cette réunion du Comité monétaire de la banque centrale américaine. L’euro a repris des couleurs alors qu’on s’attendait à ce qu’il poursuive sa baisse dans l’anticipation d’une prochaine hausse du coût du crédit aux Etats-Unis qui rendrait le dollar plus rémunérateur. A Wall Street, le Dow Jones a conclu la séance en franche hausse, convaincu, pour reprendre les mots de Janet Yellen, que même sans patience, la Fed n’était guère “impatiente” de relever les taux.