De la Grande Guerre à Facebook, Hénaff fête 100 ans dans le pâté

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une star. (Photo : Fred Tanneau)

[10/03/2015 12:33:15] Pouldreuzic (France) (AFP) Un club des amoureux, parmi lesquels de nombreuses personnalités, une page Facebook suivie par 125.000 fans, une renommée internationale et un musée retraçant son histoire: le pâté Hénaff, qui fête ses 100 ans, a tout – ou presque – d’une star.

C’est en avril 1915, que les premières petites boîtes jaunes et bleues sortent de la conserverie de légumes créée en 1907 par Jean Hénaff à Pouldreuzic, petit bourg de 2.000 âmes au bout du Finistère.

L’agriculteur et conseiller municipal mettait déjà des petits pois et des haricots verts en conserve. C’est pour occuper ses salariés pendant la période creuse qu’il se lance dans le pâté pur porc, préparé avec les meilleurs morceaux du cochon, filets et jambons inclus.

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ouest de la France (Photo : Fred Tanneau)

Et la recette secrète – porc, sel, poivre et épices – fait ses preuves: aujourd’hui, 35 millions de boîtes sont produites chaque année. “La recette n’a pas changé depuis 100 ans”, assure fièrement Loïc Hénaff, arrière petit-fils de Jean Hénaff, à la tête depuis 2010 de l’entreprise qui emploie 227 personnes.

“J’ai toujours aimé ce pâté”, assure Nathalie Beauvais, membre du Club des amoureux du pâté Hénaff, créé en 2006 et qui rassemble quelque 10.000 amateurs parmi lesquels l’écrivain Erik Orsenna, l’ex-miss France Laury Thilleman, les navigateurs Roland Jourdain et Bernard Stamm ou encore l’artiste Yann Kersalé.

“C’est un pâté qui ne se défait pas à la cuisson”, poursuit Nathalie Beauvais, chef de cuisine lorientaise, auteur de plusieurs ouvrages de recettes, mettant en avant également la “traçabilité du produit” et “les valeurs qui sont derrière”. “Quand je cuisine un produit je veux savoir comment il a été fait, d’où il vient…”

– “Le pâté du mataf” –

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ouest de la France (Photo : Fred Tanneau)

Et ça tombe bien, car chez Hénaff “on aime maîtriser la fabrication et la commercialisation” des produits, affirme Loïc Hénaff lors d’une visite de l’usine, qui débute par l’abattoir, l’un des plus petits de France, et se termine par les hangars de stockage, où le pâté est affiné pendant six semaines. Objectif de l’affinage: “développer le goût et la texture” du pâté, selon le dirigeant de 43 ans, qui se fournit auprès d’une centaine d’élevages situés dans un rayon de 150 km.

“Notre objectif premier c’est la fidélité des consommateurs”, fait valoir son père Jean-Jacques Hénaff, 77 ans, président du conseil d’administration de la société qu’il a dirigée pendant près de 40 ans. “Le pâté Hénaff c’est un produit emblématique, parce qu’il est différent”, avance-t-il à propos de ce produit (40% du chiffre d’affaires de l’entreprise en 2014) qui participe au rayonnement de la marque (saucisses fraîches, pâtés en boîtes et en bocaux, viandes et plats cuisinés, saucisson sec, épicerie fine…) dans une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis.

Dans un contexte morose, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 49,4 millions d’euros en 2014, en hausse de 8,7% par rapport à 2013.

La PME, qui ne produit plus de conserves de légumes depuis les années 1970, peut aussi se vanter de fournir régulièrement depuis 1920 l’armée française et notamment la Marine – “le pâté Hénaff, le pâté du mataf” (matelot) -, mais aussi d’avoir mis en boîte en 2014 quelque 2.000 plats destinés aux astronautes de la Station spatiale internationale.

Et pour rendre hommage à ce pâté, quoi de mieux, outre des “garden pâtés” organisées jusqu’à New York, qu’un musée? La maison du pâté Hénaff, située tout près de la conserverie, dans l’ancienne ferme de Jean Hénaff, a été inaugurée en 2007, lors du centenaire de la société.

A partir d’archives familiales, lettres, photos, films, objets de collection, témoignages, le musée retrace les aventures du pâté et explique comment son destin est étroitement mêlé à l’histoire de la région, notamment à la Première Guerre mondiale, qui fait actuellement l’objet d’une exposition.