Audience cruciale pour les abattoirs normands AIM

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és des abattoirs AIM manifestent à Villedieu-les-Poêles, dans la Manche, le 4 juin 2015 (Photo : Charly Triballeau)

[06/03/2015 08:26:01] Villedieu-les-Poêles (France) (AFP) Le tribunal de commerce de Coutances examine vendredi le sort des abattoirs AIM qui emploient 590 personnes en France mais dont le principal site, à Sainte-Cécile, en Normandie, ne fait encore officiellement l’objet d’aucune offre.

Salariés et élus locaux attendent avec anxiété de savoir si la “piste sérieuse” d’un repreneur de l’abattoir de Sainte-Cécile (352 salariés selon la direction, 375 selon la CGT), évoquée par les administrateurs judiciaires, va se concrétiser par le dépôt d’une offre d’ici à vendredi 14h30, début de l’audience.

Mercredi tous les commerçants de Villedieu-les-poêles, ville de 4.000 habitants située à deux km de Sainte-Cécile, ont baissé leur rideau pendant deux heures et 1.200 personnes, selon la police, ont manifesté leur soutien à l’abattoir.

“Ça fait plaisir de voir que les gens nous soutiennent. On le savait déjà par les dons financiers, et alimentaires. On espère qu’il y aura un repreneur”, a déclaré Aurélie Belleroy, déléguée CGT.

D’autres salariés confiaient ne plus y croire “du tout”.

Pour l’heure, seul l’abattoir d’Antrain, qui emploie 179 personnes en Ille-et-Vilaine, fait l’objet d’offres, l’une pour 107 salariés, l’autre pour 71.

En redressement judiciaire depuis le 6 mars, AIM possède aussi des antennes à Dangy, Saint-Lô (Manche), Bernay (Eure) et Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), de 5 à 24 employés chacune, qui ne font l’objet d’aucune offre de reprise.

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és des abattoirs AIM manifestent à Villedieu-les-Poêles, dans la Manche, le 4 juin 2015 (Photo : Charly Triballeau)

Les salariés de Sainte-Cécile, en grève, espèrent une offre plus consistante et moins éphémère que celle qui avait été annoncée le 19 février et qui conservait 118 des 350 à 375 emplois. Une proposition retirée quatre jours plus tard.

Declomesnil, la petite société de l’agglomération caennaise qui avait fait cette offre, avec l’appui de Sofiproteol, poids lourd des huiles et protéines végétales (groupe Avril) présidé par le numéro un de la FNSEA, Xavier Beulin, a justifié son retrait par la grève des salariés qui “ne permet pas de préserver le fonds de commerce”.

– Espoir des AIM –

La direction d’AIM a d’ailleurs appelé les salariés, mardi, à lever le “blocage du site” pour “rassurer” les candidats potentiels.

Mais les salariés comptent poursuivre leur mouvement jusqu’à ce qu’une offre concrète soit formulée. Pour eux, celle de Declomesnil n’était “pas sérieuse”. Et ils entendent maintenir la pression sur leur principal actionnaire et fournisseur, les éleveurs de porcs de Cap 50, pour qu’ils tiennent leur engagement de garantir des prix de vente des porcs “aux conditions des potentiels repreneurs”.

Les salariés continuent en effet à se méfier. Le parquet de Coutances a ouvert le 24 février une enquête préliminaire après avoir reçu un courrier de la CFDT accusant notamment Cap 50 d’avoir fait perdre 22 millions d’euros en quatre ans à AIM en l’obligeant à acheter du porc plus cher qu’elle ne pouvait le revendre. La direction dément et rappelle que la production porcine est en crise continue depuis 2008.

L’espoir, de plus en plus mince au fil des jours, des AIM, demeure nourri aussi par la présence, selon la CFE-CGC, lors d’une table ronde au ministère de l’Agriculture jeudi dernier, d’un investisseur de poids qui se dit prêt à participer de façon minoritaire à l’offre sur Sainte-Cécile évoquée par les administrateurs judiciaires.

Et les collectivités locales normandes ont voté en janvier une augmentation de capital de la société d’économie mixte créée en 2013 pour aider AIM, afin de soutenir un éventuel projet de reprise.

Il est possible, si un repreneur se manifeste officiellement pour Sainte-Cécile, que le tribunal lui accorde du temps supplémentaire. Mais les juges peuvent aussi prononcer la liquidation.

AIM est l’un des derniers abattoirs indépendants de la grande distribution en France. Créée en 1956 et rachetée en 2003 par Cap 50, l’entreprise est détenue à 64% par la coopérative et à 34% par le groupe d’aliments pour bétail JDIS. Elle a réalisé un chiffre d’affaires de 246,7 millions d’euros en 2013.