Le gestionnaire aéroportuaire espagnol Aena entre en Bourse mercredi

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éroport de Madrid Barajas le 11 décembre 2011 (Photo : Dani Pozo)

[11/02/2015 06:14:14] Madrid (AFP) Le premier gestionnaire d’aéroports au monde, Aena, doit faire ce mercredi ses premiers pas à la Bourse de Madrid, valorisé à 8,7 milliards d’euros, un signe supplémentaire de l’appétit retrouvé des investisseurs pour les entreprises espagnoles.

Son président José Manuel Vargas Gomez doit faire sonner la cloche à 12H00 (11H00 GMT), un son devenu rare à la Bourse madrilène pendant les six années d’une crise dont l’Espagne sort à peine.

Peu de sociétés se sont risquées ces dernières années sur le marché, à l’exception notable de la banque Bankia en 2011, une opération qui a tourné au fiasco, ou encore du numéro un européen du voyage en ligne eDreams Odigeo l’an dernier.

Mais l’économie espagnole est repartie l’an dernier avec une croissance de 1,4% et l’intérêt des investisseurs a suivi. Preuve en est, le magnat mexicain Carlos Slim est devenu le premier actionnaire du groupe de construction FCC.

La privatisation partielle d’Aena est la plus grosse opération de ce type en Espagne depuis plus de 15 ans. La forte demande, près de cinq fois plus que l’offre, a permis de fixer le prix d’introduction à 58 euros par action, dans le haut de la fourchette de 53 à 58 euros.

“Aena est aujourd’hui un leader mondial”, a souligné mardi la ministre de l’Equipement Ana Pastor, faisant valoir que l’arrivée de capitaux privés permettra de maintenir “le rythme et le cap pour qu’Aena continue à croître”.

En nombre de passagers transportés –196 millions en 2014– le groupe aéroportuaire est le numéro un mondial devant l’allemand Fraport et le français ADP, gestionnaire des aéroports franciliens de Paris-Charles de Gaulle et d’Orly.

Il gère 46 aéroports et deux héliports en Espagne et possède une quinzaine de participations à l’étranger, par exemple dans l’aéroport londonien de Luton ou encore au Mexique et en Colombie.

– Une bonne affaire pour l’Etat –

Après plusieurs années de pertes financières et de restructuration, le groupe a dégagé des bénéfices en 2013. Il a continué sur cette tendance en 2014 avec un bénéfice net de 371 millions d’euros sur les neuf premiers mois de l’année et il a réduit son endettement.

Le gouvernement conservateur avait prévu dès 2012 de placer en Bourse 49% du capital d’Aena et de conserver les 51% restants. Mais l’opération a dû être gelée à l’automne dernier, en raison d’un problème technique.

Les résultats du groupe, couplés à la hausse du trafic passagers, auront permis entretemps de fortement relever la fourchette de prix.

Le prix retenu, de 58 euros, valorise l’ensemble de la société à 8,7 milliards d’euros. L’opération sera une bonne affaire pour l’Etat espagnol, très endetté, puisqu’il devrait empocher jusqu’à 4,26 milliards d’euros.

44,55% précisement du capital d’Aena sera introduit sur le marché mercredi, un pourcentage pouvant être élargi à 49%. La plus grande partie des actions mises sur le marché a été réservée aux investisseurs institutionnels, les particuliers ne s’étant vu attribuer que près de 5%.

Selon la presse espagnole, le fonds britannique TCI devrait être le principal actionnaire privé, avec environ 6,5% du capital. Le milliardaire américain George Soros serait aussi de la partie, rapporte le journal Expansion.

Pour autant, les 7.300 salariés d’Aena n’ont pas d’inquiétudes à avoir, a assuré la ministre de l’Equipement. “Aena continuera à être une entreprise publique” et l’Etat en gardera les rênes, a-t-elle assuré.

“Nous ne permettrons pas qu’on casse le réseau des aéroports” espagnols, a-t-elle ajouté. Certaines régions craignent pour l’avenir de leurs petits aéroports, peu fréquentés et non rentables, contrairement aux plus grands comme Madrid et Barcelone.

Ses propos ont paru rassurer les deux principaux syndicats d’Aena, CCOO et Uso. Ils ont levé un appel à 27 journées d’arrêt de travail entre février et août.