Piratage de Sony Pictures : la co-présidente Amy Pascal démissionne

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écembre 2014 à Los Angeles

[05/02/2015 20:20:27] Los Angeles (AFP) La patronne de Sony Pictures Amy Pascal a annoncé sa démission, emportée par le piratage du groupe fin novembre et, sa conséquence directe, la publication d’emails à caractère raciste qu’elle a écrits sur Barack Obama, ternissant la réputation du studio.

Ce départ était attendu vu l’ampleur du scandale pour le groupe, et parce que la performance financière du studio était déjà mitigée, au moment où les comptes de sa maison mère, le conglomérat japonais Sony, étaient déjà dans le rouge en raison d’une restructuration qui s’éternise.

Amy Pascal va toutefois rester au sein du groupe et lancer une maison de production de cinéma, télévision et théâtre, des fonctions qu’elle prendra en mai.

“J’ai passé presque toute ma vie professionnelle chez Sony Pictures et je suis enthousiasmée à l’idée de commencer ce nouveau chapitre dans une société qui est comme ma maison” car “j’ai toujours voulu être productrice”, a commenté Mme Pascal.

Cette spécialiste de l’industrie du divertissement est entrée en 1988 chez Columbia Pictures, absorbé par le conglomérat japonais Sony depuis. Elle a vu sa réputation entachée lorsque des emails douteux qu’elle a écrits se sont retrouvés étalés dans la presse du monde entier dans la foulée du piratage massif du groupe fin 2014.

Dans l’échange le plus embarrassant, elle demande au producteur Scott Rudin un conseil sur les questions qu’elle devrait poser au président Obama à un “stupide” petit-déjeuner de levée de fonds.

“Aimerait-il financer des films?”, plaisante M. Rudin. “Ca m’étonnerait”, répond Amy Pascal. “Je devrais peut-être lui demander s’il a aimé +Django+?”, le film de Quentin Tarantino, “Django Unchained”, du nom d’un esclave dans une plantation. “12 Years”, répond Rudin en allusion au film “12 Years a Slave”. Et Pascal de répondre: “ou +Le Majordome+?”, l’histoire d’un domestique noir qui a servi plusieurs présidents à la Maison Blanche.

Amy Pascal avait dû présenter de plates excuses: “Le contenu de mes emails était déplacé et (…) ne reflète pas ce que je suis”.

Scott Rudin était également l’auteur d’un commentaire peu amène sur l’actrice Angelina Jolie,qu’il avait qualifiée d'”enfant gâtée au talent limité”, devenant la risée de tout le secteur et levant un voile bien peu avantageux sur les dessous de Hollywood.

– Tensions entre Pyongyang et Washington –

La maison de production de Mme Pascal, l’une des figures les plus influentes du secteur, sera financée entièrement par Sony Pictures Entertainment qui détiendra aussi tous les droits de distribution.

“La créativité, la volonté et l’audace d’Amy ont aidé à définir SPE en tant que studio” et “je suis ravi qu’Amy continue son association avec SPE à travers cette nouvelle entreprise”, a pour sa part ajouté Michael Lynton, le directeur général de SPE, qui dans la foulée du piratage et des fuites d’emails embarrassants s’était retrouvé seul à gérer cette crise auprès des médias.

Un groupe de pirates informatiques, le GOP, a pénétré dans le système informatique de Sony le 24 novembre, volant les données personnelles de 47.000 employés et tiers, dont des vedettes, des documents financiers, scripts, courriels etc., dont beaucoup ont été mis en ligne illégalement, tout comme cinq films du studio.

Les pirates exigeaient notamment que le studio renonce à diffuser la comédie sur le leader nord-coréen Kim Jong-Un, “L’interview qui tue!”.

Le film a finalement bénéficié d’une sortie limitée en salles d’arts et essai et sur internet.

Washington a attribué à Pyongyang l’attaque informatique massive, l’une des plus graves et spectaculaires jamais subies par une entreprise, et qui avaient eu des répercutions diplomatiques sur les relations déjà tendues entre les deux pays.