Tunisie – Scrutin présidentiel : Certains journalistes ont failli à la déontologie!

radio-televisions-680.jpgLes résultats du 2ème tour de la présidentielle avec la victoire de Béji Caïd Essebsi et la défaite de Moncef Marzouki ont beaucoup marqué les informations et commentaires de la presse écrite et les débats sur les plateaux des radios et télévisions de la place.

Faisant fi des recommandations de la HAICA quant à l’exigence de la neutralité, objectivité, équité et impartialité lors des débats, des animateurs et journalistes se sont donnés à cœur joie pour défendre, souvent sans nuance, sans réserve et sans aucun professionnalisme, la cause soit du vainqueur soit du vaincu.

Globalement deux tendances se sont manifestées au cours des soirées électorales organisées à l’européenne et à l’orientale, et ce selon l’idéologie dont se réclament les chaînes. Il y a d’un côté les triomphalistes et de l’autre les mauvais perdants qui se sont employés à amplifier la moindre défaillance pour crier au scandale et remettre en question les résultats.

Les triomphalistes

Côté triomphalistes, les animateurs de chaînes privées, El Hiwar Ettounsi et Nessma, et à un degré moindre Hannibal, ont couvert largement la victoire de Béji Caïd Essebsi et lui ont réservé une grande place dans leurs émissions.

Ces chaînes ont bénéficié, incontestablement, des meilleurs audimats. Les chaînes El Watania 1 & 2 ont été, à leur tour, presque «correctes», voire neutres, n’eut été le manque de professionnalisme criard d’un de ses animateurs.

Lors de la soirée électorale organisée à l’occasion du scrutin présidentiel sur El Watania 1, l’animateur Boubaker Akacha, connu pour sa sympathie notoire pour le candidat vaincu, Mohamed Moncef Marzouki (animation spectaculaire de la fameuse interview-monologue sans discours contradictoire lors des élections), a carrément ignoré le représentant de Nidaa Tounès, Khémaies Ksila, et donné, en priorité, la parole aux vaincus (ce qui n’est pas ordinaire), plus exactement à Samia Abbou, dirigeante du parti Le Courant démocratique qui a soutenu la candidature de Moncef MarzouK. Le résultat, on le connaît. Khemaies Ksila a quitté subitement le plateau de la chaîne Wataniya 1. Il n’a pas accepté que l’animateur de l’émission lui donne la parole en dernier lieu après l’avoir fait attendre longtemps.

A l’exception de cet incident malheureux et quels que soient les motifs présentés par les uns et les autres, les chaînes publiques et les trois chaînes privées précitées ont connu un net succès pour la simple raison qu’elles ont cru aux sondages et leur ont fait une grande publicité.

Les mauvais perdants

Au rayon des mauvais perdants, on trouve les animateurs des chaînes proches des islamistes, parti Ennahdha et dérivés. Il s’agit des chaînes d’El Moutawassit, TNN et Zaytouna. Ces derniers n’ont pas été convaincants en ce sens où ils ont délibérément refusé les résultats des sondages et préféré faire la politique de l’autruche, préférant attendre le résultat officiel de l’ISIE. Leur refus des sondages était doublé d’une mauvaise foi manifeste. Ils ont exploité la moindre mise en doute des annonces de victoire pour l’amplifier et crier au scandale.

Ainsi, ils ont réservé une grande couverture aux manifestations organisées par les contrebandiers selon des syndicats de la police et qui ont eu lieu à El Hamma (gouvernorat de Gabès), Kébili, Ben Guerdane, Jelma et au Kram (banlieue nord de Tunis), des villages connus pour abriter des essaims de malfrats (je défierai quiconque prouverait le contraire).

Comble du manque de professionnalisme, sur la chaîne Zaytouna, l’animateur Salah Ataya poussait ses invités à mettre en doute les résultats du scrutin présidentiel amplifiant démesurément l’affaire de la présence de noms et de numéros de cartes d’identité nationales appartenant à des personnes fictives ou décédées sur le registre des électeurs.

Par delà cette absence de professionnalisme de la part des journalistes et animateurs se réclamant des vainqueurs et des vaincus, il faut reconnaître que le métier a beaucoup à apprendre.

Sans commentaire!