Grèce : le budget 2015 soumis au parlement, contestation dans la rue

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ènes, le 7 décembre 2014 (Photo : Angelos Tzortzinis)

[07/12/2014 20:55:06] Athènes (AFP) Le parlement grec votait dimanche soir le budget 2015, point de blocage des négociations entre Athènes et ses créanciers risquant de conduire le pays vers une prolongation de son plan de sauvetage dans un climat alourdi par de nouvelles violences urbaines.

“Je suis convaincu que nous arriverons bientôt à un accord”, avec la troïka UE-BCE-FMI, a déclaré le ministre des Finances Ghikas Hardouvelis à la tribune de l’Assemblée.

Autant que le budget, les images d’affrontements intenses, samedi soir, dans quelques rues de la capitale grecque, ayant conduit à 296 interpellations et 43 défèrements en justice, se sont imposées aux députés.

“Un tel spectacle nuit à notre pays et envoie un message erroné à un moment où nous avons besoin d’unité nationale”, s’est plainte la ministre du Tourisme Olga Kefalogianni.

Les incidents sont intervenus à l’issue d’une marche en mémoire d’Alexis Grigoropoulos, tué à 15 ans par un policier, le 6 décembre 2008 à Athènes, drame qui avait entraîné des troubles urbains inédits en Grèce.

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ènes (Photo : Angelos Tzortzinis)

La mobilisation était également dédiée à un détenu gréviste de la faim de 21 ans, Nikos Romanos, condamné pour braquage, qui dit mener un combat “politique” pour le droit d’étudier hors de prison. Nikos Romanos était un ami d’Alexis Grigoropoulos.

Les soutiens de Nikos Romanos, beaucoup issus de la mouvance anarchiste et autonome, ont manifesté dans le calme dimanche soir, en même temps que 10.000 personnes ayant répondu à l’appel des syndicats et partis de gauche contre un budget qui poursuit la politique d’austérité. Le vote du budget était prévu à minuit (22h00 GMT).

Alors qu’Athènes se targue d’une prévision de croissance de 2,9% et de déficit public à 0,2% du PIB pour 2015, la coalition conservateurs-socialistes du Premier ministre Antonis Samaras est pourtant acculée à l’une de ses plus difficiles négociations avec ses créanciers UE-BCE-FMI.

– Émancipation reportée –

L’enjeu est le versement de la dernière tranche de prêts européens (1,8 milliard d’euros) du deuxième plan de sauvetage octroyé en 2012 à la Grèce. Ce versement conditionne le calendrier de sortie du programme d’assainissement de l’économie grecque, supervisé par la troïka depuis l’éclosion de la crise de la dette en 2010, en échange de 240 milliards de prêts.

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éfilent devant le parlement grec à Athènes, le 6 décembre 2014 (Photo : Louisa Gouliamaki)

“Il existe des désaccords sur le budget, les besoins de financement, les étalements d’arriérés d’impôts, la TVA et malheureusement beaucoup d’autres questions”, a rappelé dimanche dans le journal RealNeaws l’Autrichien Thomas Wieser, président de l?Euro working group, qui prépare les réunions des ministres des finances européens (Eurogroupe).

Les créanciers estiment que la Grèce aura besoin de deux à trois milliards d’euros de recettes supplémentaires en 2015 pour atteindre ses prévisions économiques, ce que conteste Athènes.

Tant que ces désaccords ne sont pas résolus, pas question d’envisager une sortie du plan d’aide qui arrive pourtant à échéance le 31 décembre côté européen -le FMI reste engagé jusqu’en 2016.

Cette émancipation de la tutelle internationale commence à avoir des allures de débandade pour le gouvernement grec: après l’été, il promettait de sortir en avance du plan d’aide et de se passer du FMI, puis, devant l’affolement des marchés, il a dû envisager une nouvelle aide de l’UE sous forme d’un crédit de précaution en 2015.

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écembre 2014 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

C’est désormais l’accord sur ce crédit de précaution qui est retardé par le blocage des négociations, au point de conduire la Grèce vers une prolongation du plan d’aide au-delà du 31 décembre.

Athènes pourrait officiellement faire cette demande de prolongation lors de l’Eurogroupe qui se tient lundi à Bruxelles, a indiqué à l’AFP une source au ministère des Finances.

La Grèce espère au moins obtenir une concession sur la durée de la prolongation: “quelques semaines” selon cette source.

“Une thèse très plausible nous amène au 31 janvier, une autre au 30 juin”, avertit cependant Thomas Wieser.

Cette éventualité de six mois donne des sueurs froides à l’exécutif grec qui affrontera au premier trimestre une élection présidentielle pouvant conduire à des législatives anticipées pour lesquelles la gauche radicale Syriza est favorite.