ège de ThyssenKrupp le 20 novembre 2014 à Essen en Allemagne (Photo : Rolf Vennenbernd) |
[20/11/2014 12:11:25] Berlin (AFP) Le conglomérat industriel allemand ThyssenKrupp a publié jeudi son premier bénéfice net en trois ans et annoncé qu’il verserait un dividende, le premier depuis 2011, autant de manifestations d’un redressement qui prend mais qui ne va pas s’arrêter là.
“La dynamique de l’exercice écoulé montre que nous sommes sur la bonne voie”, a estimé lors d’une conférence de presse à Essen (ouest) Heinrich Hiesinger, le patron du sidérurgiste, aussi producteur de sous-marins, d’ascenseurs et de pièces pour l’automobile.
Après deux années de lourdes pertes, ThyssenKrupp a réalisé un bénéfice net de 195 millions d’euros sur l’exercice clos le 30 septembre. Son chiffre d’affaires a grimpé de 7% à 41,3 milliards d’euros, avec une progression dans toutes les divisions, et son bénéfice d’exploitation Ebit ajusté a plus que doublé, à 1,3 milliard d’euros.
ThyssenKrupp a donc décidé de verser un dividende à hauteur de 0,11 euro par action, son premier depuis l’exercice 2010/11. Une décision “surprenante” au vu du lourd endettement du groupe, relevait Dirk Schlamp, analyste de DZ Bank.
“Nous voulions envoyer un signal à nos actionnaires”, a expliqué M. Hiesinger. La Bourse lui en savait gré et le titre ThyssenKrupp progressait de 1,57% à 20,04 euros à 11H34 GMT dans un marché en baisse. D’autant que le patron a promis de faire mieux dans les années à venir.
– Conglomérat assumé –
“Nous n’allons pas relâcher la pression”, a promis M. Hiesinger, arrivé en 2011 aux manettes d’un fleuron de l’industrie allemande alors en pleine crise. Il a été reconduit jeudi dans ses fonctions pour cinq ans, jusqu’à 2020.
Héritière des deux dynasties industrielles Thyssen et Krupp – fabricant des canons Grosse Bertha -, la société s’était fourvoyée avec deux investissements malheureux dans des usines au Brésil et aux Etats-Unis, gros foyers de pertes. Elle en a vendu une et redressé l’autre. La division Steel Americas est restée déficitaire en 2013/14, selon les chiffres publiés jeudi, mais nettement moins que l’année précédente (Ebit -60 millions contre -495 millions en 2012/13).
En parallèle, ThyssenKrupp s’est considérablement allégé à coups de cessions, avec pour objectif de rendre son activité moins dépendante de la conjoncture, et notamment du marché très cyclique de l’acier. Il a aussi fait la chasse aux coûts. Et surtout, ses dirigeants l’ont martelé jeudi, l’entreprise assume maintenant totalement son statut de conglomérat.
“A nos yeux, le groupe a plus de valeur que la somme de ses parties”, a asséné M. Hiesinger. Il voit dans une meilleure intégration des différents métiers, longtemps menés délibérément de manière très décentralisée, sa mission principale des prochaines années, à commencer par une remise à plat des systèmes informatiques.
– Reproches du pape-
“ThyssenKrupp entre maintenant dans la prochaine phase de sa transformation, avec plus de croissance structurelle et moins de volatilité cyclique”, commentait jeudi Marc Gabriel, analyste de Bankhaus Lampe.
Cessions et restructurations resteront aussi à l’ordre du jour au sein de ce colosse de 160.000 salariés. La division ascenseurs veut ainsi supprimer 260 emplois dans son usine française d’Angers (ouest), et la filiale italienne Acciaierie di Terni (AST) prévoit des coupes sombres, qui suscitent beaucoup de remous en Italie et lui ont même valu récemment des reproches du pape.
A un horizon non précisé de “moyen terme”, tous ces efforts doivent amener l’Ebit ajusté à 2 milliards d’euros et permettre au dividende de renouer avec un niveau “conséquent”.
Pour l’année en cours (2014/15) ThyssenKrupp attend une “amélioration substantielle” du bénéfice net, et un Ebit ajusté à “au moins 1,5 milliard d’euros”, et ce “en dépit d’incertitudes croissantes sur les conditions macro-économiques et d’une faible visibilité sur les activités de matériaux”.