Total corrige sa stratégie pour compenser une croissance moindre de sa production

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à 2017 de manière à maintenir son objectif de trésorerie (Photo : Kenzo Tribouillard)

[22/09/2014 14:01:17] Londres (AFP) Le géant pétrolier Total a annoncé lundi vouloir réduire ses coûts et ses investissements d’ici à 2017 de manière à maintenir son objectif de trésorerie, dans le cadre d’une stratégie revue et corrigée qui lui permettra de compenser une croissance plus faible que prévu de sa production.

Les retards sur certains projets et des cessions d’actifs ont poussé le groupe français à réviser à la baisse ses objectifs de production d’hydrocarbures dès 2015, à l’occasion d’une journée investisseurs à Londres.

Il prévoit désormais de produire 2,3 millions de barils équivalent pétrole par jour (mbj) l’an prochain (contre 2,6 mbj précédemment) et 2,8 mbj en 2017 (contre 3 mbj), tout en visant une amélioration de son activité amont (exploration-production) grâce à une discipline plus stricte en matière de coûts et d’investissements.

Total entend prendre un tournant dans sa stratégie de croissance, face aux résultats peu concluants de son ambitieux programme de forage dans lequel le groupe s’était lancé ces dernières années pour compenser le déclin de la production de gisements dits “matures”.

Signe de cette ambition: Total a nommé en novembre 2013 un nouveau directeur de l’exploration-production, Arnaud Breuillac, et vient d’engager un nouveau patron pour l’exploration, Kevin McLachlan, qui prendra ses fonctions début 2015 et travaille déjà à la mise en oeuvre de cette nouvelle stratégie.

Celle-ci s’accompagnera d’une baisse des investissements : ils seront réduits à 26 milliards de dollars cette année puis à 25 milliards en 2017, après un pic de 28 milliards de dollars en 2013 qui correspondait à la stratégie de développement de nouvelles ressources d’hydrocarbures.

“Nous avons désormais dans notre portefeuille toutes les ressources (…) dont nous avons besoin pour achever la transformation de Total”, a déclaré Christophe de Margerie, le PDG du groupe.

Le groupe a prévu parallèlement de réduire progressivement ses coûts jusqu’à 2 milliards de dollars par an en 2017 et de céder pour 10 milliards de dollars d’actifs supplémentaires à cette échéance, après un programme de cessions de 15 à 20 milliards de dollars.

Sur ce programme, 16 milliards de dollars d’actifs ont déjà été cédés et 4 milliards sont en cours de cession, alors que le groupe a procédé dans le même temps à 12 milliards d’acquisitions.

Ces mesures doivent lui permettre d’atteindre une trésorerie disponible de 15 milliards de dollars avant dividendes en 2017, un objectif qu’il a maintenu malgré une réduction de 10 à 7 milliards de dollars de la trésorerie disponible anticipée en 2015.

– Pas de plan social en France –

Le pétrolier n’a pas détaillé les sources d’économies, précisant simplement que “tous les secteurs” d’activité du groupe seraient mis à contribution, aussi bien dans l’amont (exploration et production d’hydrocarbures) que dans le raffinage et la pétrochimie, ou encore les services et l’organisation interne.

“Il est évident qu’en Europe, il y a des surcapacités dans le raffinage et nous adapterons notre production au marché”, a précisé le directeur financier Patrick de La Chevardière, ajoutant qu'”aucune décision n’a été prise” sur la manière dont cette adaptation s’opérera.

Aucun plan social n’est toutefois envisagé en France, où Total exploite notamment cinq sites de raffinage, a-t-il indiqué à la presse.

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érence à Londres le 1er octobre 2013 (Photo : Carl Court)

Total avait fermé la raffinerie de Dunkerque en 2010, et il avait engagé l’an dernier la reconversion de son site pétrochimique de Carling (Moselle), qui doit être transformé en centre européen de production de résines d’hydrocarbures, moyennant 210 suppressions nettes de poste.

Le groupe doit “continuer de rééquilibrer son exposition européenne”, a insisté M. de Margerie.

Pour augmenter progressivement sa production, Total compte sur la mise en service, d’ici à 2017, de 15 projets en cours de développement, notamment Ofon 2 (Nigeria), Laggan-Tormore (Royaume-Uni) ou Ichthys (Australie).

En revanche, celui de Kachagan ne devrait pas contribuer à la production d’hydrocarbures du groupe à cette date. Ce projet est à l’arrêt à cause d’un problème de corrosion sur le pipeline et des discussions sont en cours sur sa réparation, a expliqué M. de la Chevardière.

Par ailleurs, les opérations se poursuivent sur le site de Yamal, un usine de liquéfaction de gaz naturel qui doit être construite en Sibérie, même si les sanctions occidentales contre Moscou, accusé de déstabiliser l’est de l’Ukraine, empêchent ce projet géant de trouver des financements en dollars.

Le projet, dont Total détient 20% aux côtés du russe Novatek (60%) et du chinois CNPC (20%), devrait pouvoir démarrer en 2017, comme prévu, a estimé M. de La Chevardière, grâce à des financements en d’autres monnaies, comme l’euro, le rouble ou le yuan.