Montre, paiements : Apple espère continuer à redéfinir des marchés

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à San Francisco, aux Etats-Unis (Photo : Kimihiro Hoshino)

[10/09/2014 16:55:14] New York (AFP) Avec sa montre connectée comme avec son service de paiement, Apple parie sur une stratégie ayant déjà fait ses preuves: perfectionner des produits déjà existants, et potentiellement provoquer le décollage d’un vrai marché de masse.

Nombre de concurrents du groupe informatique américain n’avaient pas attendu l’Apple Watch pour se lancer sur le créneau naissant des accessoires vestimentaires électroniques.

Pebble et Samsung ont été parmi les premiers à sortir une montre, et l’arrivée attendue d’Apple a précipité d’autres annonces ces derniers jours.

Les analystes de Barclays se disent toutefois mercredi “impressionnés” par “les améliorations sur l’Apple Watch comparé aux produits des concurrents”, et notamment “un bon travail pour équilibrer l’esthétique et les fonctionnalités”.

Le groupe à la pomme a fait beaucoup d’efforts sur le style, et proposera trois collections, avec pour chacune le choix entre deux tailles d’écran et une large sélection de bracelets. Il y aura même une version de luxe en or.

“Ils ont pensé davantage que leurs concurrents aux côtés mode et bijou”, et offert en fin de compte “quelque chose que même les non-geeks pourraient envisager de porter”, souligne Paul Jackson, un expert de la société de recherche Ovum.

En apposant sa marque de fabrique sur la montre connectée, “Apple va légitimer et créer un marché de masse pour les accessoires vestimentaires électroniques”, prédit également J.P. Gownder, un analyste du cabinet Forrester

L’équation est semblable pour le nouveau service de paiements. La technologie de communication de proximité NFC existe depuis plus de 10 ans, et l’iPhone était l’un des rares fabricants de smartphones à ne pas encore l’intégrer. Elle est par exemple à la base du Google Wallet, intégré à certaines versions du logiciel Android (lui-même utilisé dans 85% des smartphones vendus dans le monde).

Mais à l’exception notable du Japon, cette forme de paiements n’a jamais vraiment décollé.

Apple Pay n’apporte “rien de nouveau dans le secteur des paiements par mobile”, qui “jusqu’ici laisse les consommateurs plutôt froids”, résume Eden Zoller chez Ovum. “Mais si quelqu’un peut aider à ce que cela fonctionne, c’est probablement Apple.”

Ce dernier a particulièrement insisté sur la sécurité, notamment en utilisant le lecteur d’empreinte digitale de son iPhone au moment du paiement, ce qui ajouté à sa “marque, qui inspire davantage de confiance qu’Android, devrait aider l’adoption par les consommateurs”, estiment les experts de Canaccord.

– Catalyseur –

La stratégie n’est pas nouvelle pour Apple.

“Ils étaient l’un des premiers sur le marché avec le premier ordinateur Apple. Aucun produit depuis (le Mac, l’iPod, iTunes, l’iPhone, même l’iPad) n’était le premier, mais il s’est avéré un catalyseur qui a lancé le marché”, rappelle Frank Gillett chez Forrester.

Avant l’iPhone et les smartphones Android, le BlackBerry avait ainsi eu son heure de gloire et son inconditionnel, le “crackberry”.

La recette fonctionnera-t-elle à nouveau?

Plusieurs analystes soulignent que sa sortie seulement début 2015 va pénaliser un peu l’Apple Watch en lui faisant manquer l’importante saison des achats de fin d’année.

La plupart tablent sur des ventes sur la première année de 20 à 30 millions d’exemplaires, et Deutsche Bank anticipe une montée de la demande “graduelle après la ruée initiale” des fans de la marque.

Pacific Crest Securities juge aussi que la nécessité de coupler la montre à un iPhone, sa batterie à recharger tous les jours, et l’absence de fonctions phares vraiment convaincante pour les gens qui ne mettent pas de montre “limitera le marché”.

Côté paiements, Barclays souligne le manque de détails fournis jusqu’ici sur la manière dont Apple compte monétiser son service et ses relations contractuelles avec les commerçants et les émetteurs de cartes.

BMO prévient en outre qu’à long terme, “le nombre de commerçants où le système est disponible va devoir augmenter pour avoir une adoption de masse”. Apple Pay sera lancé au départ uniquement aux Etats-Unis.

En attendant, les deux nouveaux produits donneront une raison supplémentaire d’acheter les nouveaux iPhone 6. Morgan Stanley souligne aussi que rien qu’aux Etats-Unis, 55% des clients d’Apple utilisent encore un iPhone 4S ou plus ancien, avec lequel ni l’Apple Watch ni Apple Pay ne sont compatibles.