Nucléaire : accord de coopération en vue entre Inde et Australie

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Le Premier ministre australien Tony Abbott, lors de sa visite en Inde, le 4 septembre 2014 (Photo : Indranil Mukherjee)

[04/09/2014 13:46:00] Bombay (AFP) L’Inde et l’Australie doivent signer un accord de coopération dans le nucléaire civil permettant à New Delhi d’acheter de l’uranium à son partenaire, à l’occasion de la visite du Premier ministre australien Tony Abbott en Inde qui a débuté jeudi.

M. Abbott, qui doit rencontrer vendredi le Premier ministre indien Narendra Modi pour la signature de ce document, a jugé que cela constituerait un “signe de confiance mutuelle”.

Jusqu’en 2011, l’Australie, troisième producteur mondial d’uranium, refusait de vendre le minerai à l’Inde car New Delhi n’a pas signé le Traité de non-prolifération (TNP) nucléaire. L’Australie a ensuite infléchi son attitude et les deux pays ont entamé des négociations en 2012.

“L’Inde a des antécédents absolument impeccables en matière de non prolifération et l’Inde est un modèle de citoyenneté internationale”, a dit le Premier ministre australien en visite à Bombay.

“L’Inde ne menace personne, est l’amie de nombreux pays, l’Inde est une superpuissance mondiale démocratique émergente. Il s’agit d’un signal important de confiance mutuelle”, a ajoute M. Abbott.

L’Inde, qui est très dépendante du charbon pour sa production d’énergie, possède une vingtaine de réacteurs nucléaires qui ne lui fournissent qu’une faible part de son électricité. Les gisements indiens d’uranium sont loin d’être suffisants pour les besoins de ces centrales.

“Pour nous, l’Australie est une fournisseur majeur de ressources, particulièrement en ce qui concerne l’énergie nécessaire à notre développement”, avait dit Sanjay Bhattacharya, secrétaire d’Etat indien aux Affaires étrangères, à la veille de l’arrivée de M. Abbott.

Le ministre du Commerce, Andrew Robb, a récemment déclaré que l’Australie était désormais satisfaite des précautions prises par l’Inde pour s’assurer que l’uranium australien ne servira qu’à des objectifs pacifiques.

Pour l’analyste et ancien diplomate indien Neelam Deo, l’accord sur l’uranium devrait renforcer les liens stratégiques entre les deux pays.

“Cet accord est en discussion depuis plusieurs années et a été largement négocié par le précédent gouvernement, travailliste”, australien (l’actuel est conservateur), a dit à l’AFP Neelam Deo, directeur du groupe de réflexion Gateway House.

“La signature de cet accord supprime l’un des derniers obstacles à un resserrement des liens entre ces pays dans la région”, ajoute-t-il.

Grâce à un régime dérogatoire accordé par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et le Groupe des 45 pays fournisseurs de technologies nucléaires (NSG), l’Inde a pu signer depuis septembre 2008 des accords politiques de coopération dans le nucléaire civil avec Paris, Washington et Moscou.

New Delhi ne pouvait jusqu’en 2008 s’approvisionner en matériaux ou technologie nucléaires à l’étranger en raison de son refus d’adhérer au TNP.

L’Inde et son voisin et rival pakistanais sont les seules puissances nucléaires, avec Israël et la Corée du Nord, à refuser de signer le TNP.

L’Inde peine à satisfaire les besoins en énergie de ses 1,2 milliard d’habitants, un tiers d’entre eux étant dépourvus d’accès à l’électricité, selon la Banque mondiale.