Afrique du Sud : la fin de la grève sonne pour les mineurs du platine

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ève des mines de platine, Joseph Mathunjwa, annonce la fin du mouvement le 23 juin 2014, à Rustenburg, à 200 km au nord-ouest de Johannesburg (Photo : Marco Longari)

[23/06/2014 20:16:58] Rustenburg (Afrique du Sud) (AFP) La fin de la grève a sonné pour les mineurs sud-africains qui paralysaient depuis cinq mois les principales mines de platine du pays et ont accepté lundi de terminer ce conflit salarial qui fera date par sa durée et sa radicalité inédite depuis la fin de l’apartheid.

“Demain (mardi) nous allons signer l’accord, ce qui signifie que la grève est officiellement terminée et que les salariés reprendront le travail mercredi”, a annoncé devant environ 30.000 mineurs massés pour un ultime meeting près de Rustenburg (nord) le leader syndical à l’origine de la grève, Joseph Mathunjwa.

“En acceptant la proposition salariale, vous nous donnez le pouvoir de signer”, a-t-il proclamé, après avoir exposé, entreprise par entreprise, les nouveaux salaires prévus par catégories de mineurs obtenant des cris d’approbation en écho.

“Oui, oui”, hurlait la masse des grévistes. “Signe, signe, signe”, ont-ils ajouté à l’adresse du président du syndicat radical Amcu, épuisés par les privations occasionnées par cette grève, la plus longue de l’histoire minière sud-africaine.

“Tout indique que l’accord est accepté ce dont les producteurs se félicitent même s’ils attendent l’acceptation formelle et sa signature”, a réagi une porte-parole patronale, le ministre des Mines Ngoako Ramathlodi indiquant qu’il était “heureux”.

“Le niveau des augmentations accentuent davantage les chances de restructurations dans les trois ans qui viennent et crée un précédent défavorable dans le monde du travail. A court terme, il se pourrait que la production ne redémarre pas complètement à un régime normal avant le début du quatrième trimestre”, a cependant prévenu l’économiste Peter Attard Montalto (Nomura).

“Les entreprises ont accepté l’essentiel de nos demandes”, a affirmé M. Mathunjwa, tout en admettant que tous les mineurs en grève n’obtiendront pas les 12.500 rands mensuels (880 euros environ) réclamés depuis le 23 janvier, même d’ici trois ans.

“Mais beaucoup l’atteindront au cours de la période”, a-t-il certifié.

Depuis le début du mouvement, le mot d’ordre d’Amcu est d’obtenir 12.500 rands de salaire de base pour les moins qualifiés, soit une forte hausse en termes réels (+150%) mais aussi un montant symbole puisque c’est celui revendiqué depuis la tuerie de Marikana le 16 août 2012 quand la police a abattu 34 mineurs en grève.

“C’est une victoire pour nos collègues qui ont perdu la vie en 2012”, exultait lundi un mineur, Chris Pokane. “Je suis content que ce soit fini, nous sommes en passe de gagner des salaires décents”.

“On n’a pas bougé d’un pouce et ça a payé. On ne les a jamais crues quand les entreprises disaient qu’elles n’avaient pas d’argent…d’où vont-elles le sortir maintenant?!”, renchérissait un autre, Benjamin Sotu.

“Les mineurs dans ce pays sont exploités mais on a réussi à se faire entendre”, a-t-il ajouté, tandis que le stade résonnait autour de lui de chants de jubilation, coups de klaxons et musique à plein volume sur les routes voisines.

Selon le patronat, l’accord entériné n’est pas différent du compromis annoncé il y a une dizaine de jours.

Celui-ci prévoyait de revaloriser fortement chaque année d’un millier de rands (environ 70 euros) le salaire mensuel des mineurs les moins qualifiés (+18% la première année, le pourcentage diminuant ensuite) et accordait moins aux autres (+8%).

Amcu a toutefois obtenu en plus la réintégration du personnel licencié en mai par Lonmin et de limiter la durée de l’accord à trois ans, au lieu de cinq comme souhaité par le patronat.

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ève des mines de platine, Joseph Mathunjwa, qui annonce la fin du mouvement le 23 juin 2014, à Rustenburg, à 200 km au nord-ouest de Johannesburg (Photo : Marco Longari)

Plus de 70.000 mineurs travaillent dans la région de Rustenburg où l’activité des trois premiers producteurs mondiaux de platine (Anglo American Platinum, Impala Platinum, Lonmin), est à l’arrêt. Ces derniers chiffrent leur manque à gagner en cinq mois à environ 23,8 milliards de rands (près 1,7 milliard d’euros).

Jusqu’à présent, des stocks de ce métal précieux, utilisé dans l’automobile et en joaillerie, ont permis d’éviter la pénurie, mais la crise minière a contribué à une contraction générale de l’activité en Afrique du Sud au premier trimestre.

Politiquement, le conflit, après les grèves sauvages sanglantes de 2012, consolide la montée en puissance d’Amcu, et plus largement d’un courant syndical hostile au pouvoir ANC, alimenté par un ras-le-bol social que le parti de feu Nelson Mandela ne parvient plus à canaliser.

A maintes reprises, M. Mathunjwa a accusé le gouvernement de fermer les yeux sur les profondes inégalités salariales qui perdurent vingt ans après la fin du règne de la minorité blanche, y compris dans les mines, secteur clé à l’exportation.