Grève des intermittents : course contre la montre pour sauver les festivals

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érence de presse le 20 mars 2014 à Avignon (Photo : Bertrand Langlois)

[23/06/2014 15:26:02] Paris (AFP) Le gouvernement a engagé une course contre la montre pour sauver les grands festivals de l’été, en lançant dès cette semaine la concertation promise avec les intermittents, qui menacent toujours de perturber, voire d’empêcher les spectacles.

Les trois personnalités nommées par le gouvernement pour organiser la concertation débutent leurs travaux mardi, selon le député PS Jean-Patrick Gille, l’un des membres du trio, qui faisait office ces dernières semaines de médiateur dans le conflit. “Le point positif, c’est vraiment que les parties en présence ont confirmé leur participation”, a-t-il indiqué à l’AFP.

Les trois sages – M. Gille, l’ancienne directrice du festival d’Avignon, Hortense Archambault, et l’ancien directeur du Travail, Jean-Denis Combrexelle – vont “mettre en place dès que possible un calendrier”, a ajouté le député.

Le médiateur ne cache pas que “les choses sont un peu suspendues” aux grèves sur le terrain, le risque étant que “les uns disent qu’ils vont maintenir la pression tandis que les autres refuseront de discuter sous la pression”. Mais “c’est la configuration classique d’un conflit social”, tempère-t-il.

Pour la première fois, les partenaires sociaux, mais aussi les intermittents et les employeurs du spectacle qui n’avaient pas participé à la négociation de la nouvelle convention d’assurance-chômage, au centre de la contestation, sont invités à remettre à plat l’ensemble du régime avec l’Etat.

La CGT-Spectacle, fer de lance du conflit, “ira à la concertation, mais en continuant la grève”, reconduite pour tout le mois de juillet, selon Denis Gravouil, son secrétaire général. “Sans rapport de force, nous n’obtiendrons rien”, a-t-il affirmé.

Le Syndeac (employeurs de la culture), réuni lundi en Conseil national exceptionnel, a affiché sa volonté de “contribuer avec intransigeance et responsabilité à la concertation”.

Le gouvernement a multiplié les appels à l’apaisement pendant le week-end, à l’instar de Manuel Valls dimanche dans l’Aude, appelant à “se mettre autour de la table et à ne pas faire peser de menace sur les festivals”.

Sur le terrain, la contestation ne faiblit pas mais des divisions commencent à apparaître.

Plusieurs spectacles ont été annulés à la suite du vote du personnel au festival de Marseille. A Montpellier Danse, le personnel a voté contre la grève, ce qui n’a pas empêché le spectacle d’ouverture d’être annulé dimanche soir sous la pression de plusieurs centaines d’intermittents, pour la plupart extérieurs à la manifestation.

– ‘Le Off d’Avignon aura lieu’ –

Le bureau du festival Off d’Avignon, qui accueille 1.307 spectacles en marge du “in”, a réaffirmé lundi que “le festival Off aura bien lieu (…) l’immense majorité des compagnies affirmant vouloir jouer”.

La coordination des intermittents et la CGT ont rejeté dès jeudi soir le geste d’apaisement du Premier ministre, qui s’engageait à prendre temporairement à la charge de l’Etat le fameux “différé d’indemnisation” qui cristallisait le mécontentement. Les intermittents, comme les employeurs du spectacle, craignent que ce financement d’une partie du régime par l’Etat ne préfigure une sortie de la solidarité interprofessionnelle.

“Le discours de Manuel Valls est déséquilibré”, martèle Denis Gravouil. “D’un côté, le Medef obtient que l’Etat s’engage à financer le régime de façon durable, et de l’autre nous obtenons une concertation sans piste d’atterrissage”.

Après Montpellier Danse, le festival lyrique d’Aix-en-Provence constitue le prochain test, avec un vote du personnel à bulletins secrets mercredi. Les directeurs des trois festivals d’Aix, Avignon et Arles ont mis tout leur poids dans la balance appelant samedi à “ne pas manquer l’occasion (de refonte du régime) qui nous est offerte”.

La coordination a aussitôt reproché à “Mesdames et Messieurs les directrices et directeurs de festivals” d'”essayer de sauver les festivals d’aujourd’hui en fermant les yeux sur l’obscène”: “9 millions de pauvres” en France et “six chômeurs sur dix non indemnisés”.