Le NETmundial condamne l’espionnage sur internet et plaide pour l’émancipation du web

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éricain Edward Snowden, qui a dévoilé le scandale des écoutes américaines, le 23 avril 2014 (Photo : Nelson Almeida)

[25/04/2014 05:39:02] Sao Paulo (AFP) Le NETmundial de Sao Paulo a condamné jeudi soir l’espionnage sur internet quelques mois après le scandale des écoutes américaines, et plaidé comme attendu en faveur d’une nouvelle gouvernance multilatérale pour un internet ouvert et libéré de la tutelle américaine.

“La surveillance de masse et arbitraire mine la confiance dans l’Internet”, indique la résolution finale de ce sommet international qui a rassemblé pendant deux jours plus de 900 représentants de gouvernements, du secteur privé, du monde académique, de la société civile et d’institutions techniques.

“La collecte et l’utilisation de données personnelles par des acteurs étatiques et non étatiques doivent être soumises aux lois internationales des droits de l’homme”, ont insisté les acteurs du net en écho à l’affaire du scandale des écoutes de l’agence de sécurité américaine NSA sur les communications de la présidente brésilienne Dilma Rousseff, mais aussi de la chancelière allemande Angela Merkel et du président mexicain Enrique Peña Nieto.

Les révélations de l’ex-consultant américain Edward Snowden à l’été 2013 avaient conduit Mme Rousseff à émettre devant les Nations unies l’idée d’un contrôle multilatéral de l’utilisation d’internet, puis à convoquer ce sommet fondateur pour tenter d’instaurer une gouvernance mondiale affranchie du joug américain.

Car pour des raisons principalement historiques, liées notamment à l’édification du réseau au gré des besoins du moment, les États-Unis contrôlent ou hébergent les principaux organismes administrant les adresses, noms de domaines, normes et protocoles du web, ce qui provoque depuis plusieurs années les réserves des acteurs du net et de certains gouvernements.

S’engouffrant dans la brèche de la méfiance envers les Etats-Unis suite à l’affaire Snowden, le président russe Vladimir Poutine a d’ailleurs affirmé jeudi à Moscou que toutes les informations transitant par Google “passaient par des serveurs basés aux Etats-Unis” où selon lui “tout est surveillé”.

Soucieux de se s’affranchir de Washington, les participants du NETmundial se sont accordés sur le principe d’une gestion multilatérale du web pour un réseau à la fois efficace et légitime. Par cette approche “multi-acteurs” la gouvernance doit tendre vers “un réseau stable, décentralisé, sûr, interconnecté et accessible à tous”, souligne la déclaration finale.

Les États-Unis ont concédé le mois dernier une révision du statut de l’Icann (“Internet Corporation for Assigned Names and Numbers”), l’organisme qui délivre adresses IP et noms de domaine sur internet, comme .com ou .gov, et dont le siège se trouve en Californie.

Un geste symbolique mais marquant salué par le NETmundial, qui insiste toutefois sur le fait que “le processus de globalisation de l’Icann conduise à l’établissement d’une administration véritablement internationale et globale au service de l’intérêt public” à la fois responsable et transparente.

– “Un tour de force” –

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ouverture du NETmundial de Sao Paulo, le 23 avril 2014 (Photo : Nelson Almeida)

Pour les organisateurs et la plupart des participants issus de plus de 80 pays, ce sommet a été un succès au-delà du “consensus brut” non contraignant publié jeudi soir. En effet, le Brésil est parvenu à réunir pour la première fois des acteurs aux intérêts très divers pour dessiner les contours d’une gouvernance du web.

“Ce sommet, qui a reçu de nombreuses adhésions et de participants, est déjà en soi un véritable succès. Le temps de préparation était très court et le document final est très bon, beaucoup l’ont souligné”, a commenté à l’AFP Markus Kummer, de l’ONG internationale Internet Society, une des principales autorités techniques et morales du web.

“Cette réunion est une contribution importante mais ce n’est pas la fin de l’histoire (..) Tous les problèmes ne peuvent pas se résoudre en deux jours. Maintenant nous avons au moins une bonne base”, a commenté de son côté également Vint Cerf, un des pères fondateurs du réseau créé il y a 25 ans et actuellement vice-président de Google.

Côté français, le représentant spécial David Martinon a salué “un tour de force” des organisateurs du sommet avec ce document final, qu’il a qualifié “très bon texte extrêmement prometteur”.

L’Internet Governance Forum (IGF) rassemble déjà chaque année depuis 2006 ces acteurs aux intérêts très divers autour du thème de la gouvernance, mais ses débats ne débouchent jamais sur des engagements ni des déclarations communes. Sa prochaine réunion, à Istanbul en septembre prochain, doit contribuer au suivi du NETmundial, qui était un sommet ponctuel.

Parmi les autres impératifs relevés par le NETmundial figurent également les droits de l’homme et “un accès internet universel, égalitaire, abordable et de haute qualité” – notamment pour les deux tiers de la population qui en sont privés – afin de favoriser à la fois “le développement humain et l’inclusion sociale”.

Par ailleurs, au sujet des droits de l’homme, placé en priorité des principes de gouvernance, les participants ont insisté sur le fait que “les droits des personnes hors ligne doivent aussi être protégés en ligne”.

Enfin, au grand regret de l’ensemble des représentants de la société civile, la “neutralité” du net, qui désigne généralement la non manipulation du trafic par ses exploitants, n’a pu figurer dans la résolution finale.

“Ce n’est peut-être pas parfait, mais c’est le résultat d’un processus multilatéral (…) la première pierre d’un chemin que nous construisons tous ensemble”, s’est défendu le président du sommet Virgilio Almeida.