Anniversaire de l’assassinat de Chokri Belaïd : Insécurité… Quand les Tunisiens changent leurs habitudes

 

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Pourquoi le nier: l’assassinat de Chokri Belaïd a participé à l’enracinement du sentiment d’insécurité chez les Tunisiens. Et chacun y va de sa méthode pour se protéger des vols, agressions et autres braquages qui ont fait surface avec l’anarchie qui a vu le jour. Et qui n’a épargné personne, même pas les forces de l’ordre. En témoignent les attaques des postes de police.

Les sondages l’ont dit depuis la révolution du 14 janvier 2011 et ne cessent de le redire: l’insécurité reste, à côté de la cherté de la vie, la principale préoccupation des Tunisiens. L’assassinat de Chokri Belaïd a renforcé ce sentiment d’insécurité présent dans toutes les couches de la société.

Et chacun y va de sa méthode pour se protéger des vols, agressions et autres braquages qui ont fait surface avec l’anarchie qui a vu le jour. Et qui n’a épargné même pas les forces de l’ordre. En témoignent les attaques des postes de police.

Nous n’avons vu autant de bergers allemands ou de Pit Bull

Ainsi, on a pu observer le souci de nombreux Tunisiens de renforcer les clôtures de leur maison en les allongeant de quelques centimètres ou en posant un peu partout du fer forgé: aux portes et aux fenêtres, mais également sur les caches de compteurs d’électricité, de gaz et d’électricité et sur la partie immergée des climatiseurs. D’autres, et dans le même souci, ont renforcé leurs serrures, voire acquis des portes blindées.

Idem pour ce qui est de la pose de caméras. Celles-ci permettant de contrôler et fenêtres à distance. Tous les Tunisiens vous diront que les commerces autorisant la sécurité des bâtiments ont bien fleuri. Toujours, à ce chapitre, jamais le commerce des chiens n’a autant bien marché. Il faut dire que jamais nous n’avons vu autant de bergers allemands ou de Pit Bull et autres molosses dans le pays. Comme des gardiens d’immeubles ou de cités.

L’ardeur des uns et des autres s’est certes calmée, mais certains, notamment fortunés, ont appelé à la rescousse qui de droit pour se protéger. Il ne fallait du reste pas aller trop loin: rares sont les leaders politiques qui n’ont pas de garde-corps. L’Etat a en effet renforcé la sécurité des dirigeants de l’opposition qui ont reçu plus d’une menace de mort. Cette surveillance a touché aussi quelques journalistes qui ont affirmé être visés par des actes de terrorisme. On a parlé à l’occasion d’«escadrons de la mort» et de liste des victimes.

«Il y a certes une crise, mais quand même!»

Inutile de préciser que les forces de l’ordre ont renforcé leur présence pour parer à tout risque et pour rassurer les citoyens. Certains ont multiplié les visites chez des psychiatres ou avalé des tranquillisants et anxiolytiques pris d’une angoisse sans précédent.

La vie sociale s’en est ressentie et s’en ressent encore. S’il est vrai que des Tunisiens continuent à vivre le plus normalement du monde –ou presque-, d’autres ne veulent plus fréquenter les espaces publics et ne se rendent plus dans les spectacles.

A ce propos, tous les gérants de théâtres ou autres cinémas vous diront que la fréquentation des spectacles n’est plus ce qu’elle était avant la révolution. On a beau programmer les spectacles à 19 heures au lieu de 21 heures ou encore à 20 heures, on ne se bouscule pas au portillon des salles de spectacles, nous a indiqué, au plus fort de l’assassinat de Chokri Belaïd, le gérant d’un restaurant offrant des dîners-galas. «Il y a certes une crise, a-t-il précisé, mais quand même!»

A partir de 19 heures, les principales villes se vident. Un étranger vivant en Tunisie depuis une dizaine d’années et travaillant au centre-ville de Tunis est toujours étonné par le spectacle qu’offre la cité à partir de 17 heures. Voici son commentaire: «Je crois quelquefois que nous sommes au cours du mois de ramadan. Tout le monde presse le pas pour prendre son bus, son métro ou récupérer sa voiture au parking du coin!»

Exagère-t-il?

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