Roumains et Bulgares sont libres de travailler partout dans l’UE

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éen côte à côte le 10 juin 2013 à Berlin (Photo : Odd Andersen)

[01/01/2014 09:33:52] Bucarest (AFP) Roumains et Bulgares peuvent travailler librement dans l’ensemble de l’Union européenne dès ce mercredi, une étape qui suscite des polémiques en Grande-Bretagne et en Allemagne, mais est accueillie dans une relative indifférence à Bucarest et Sofia.

Sept ans après l’accession de leurs pays à l’UE, la levée des dernières restrictions sur le marché du travail pour les Roumains et les Bulgares dans neuf pays de l’UE -Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Grande-Bretagne, Luxembourg, Malte, Pays-Bas- n’a rien d’un “big bang” puisque 17 autres Etats, dont l’Italie ou la Suède, ont déjà franchi le pas depuis des années.

“Cela cause de l’agitation surtout en Grande-Bretagne et en Allemagne” où une partie de la presse et des hommes politiques brandit la menace d’une “invasion”, relevait mardi le quotidien roumain Romania Libera, le seul à consacrer un article à ce sujet à la veille du 1er janvier.

Jusqu’au dernier moment, des membres du Parti conservateur ont pressé le Premier ministre britannique David Cameron de repousser l’ouverture du marché du travail en estimant que “la vague d’immigrants roumains et bulgares pèsera sur les services publics”.

Mais le chef du parti, Grant Shapps, a souligné qu’il n’était pas possible d’y surseoir.

Des responsables roumains et bulgares et même un Commissaire européen ont dénoncé le ton du débat à Londres.

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ène à Gabrovo, à 200 km de Sofia, le 20 décembre 2013 quelques jours avant de partir pour les Pays-Bas pour y travailler (Photo : Nikolay Doychinov)

En Allemagne, le parti conservateur bavarois, allié de la chancelière Angela Merkel, a également tempêté contre la levée des restrictions, l’associant à un risque accru “de fraude aux prestations sociales”. Mais le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, a rétorqué que la “libre circulation des personnes est une chance pour les Allemands et l’Allemagne”.

“Faire comme si tous les gens en provenance de Bulgarie et de Roumanie étaient pauvres et ne venaient chez nous que pour percevoir des allocations passe sous silence les nombreuses personnes très qualifiées qui travaillent ici, par exemple comme médecins ou personnel de soins”, a insisté de son côté la secrétaire d’Etat chargée des Migrations Aydan Özoguz.

En Espagne, pays frappé par la crise qui accueille déjà un million de Roumains et de nombreux Bulgares, la fin des restrictions sur le marché du travail n’a pas suscité de controverse majeure. “La grande majorité des Roumains est très bien intégrée”, a indiqué l’ambassadeur d’Espagne en Roumanie Estanislao de Grandes Pascual.

Sur un des marchés du centre de Bucarest, nombre de passants et de commerçants avouaient “ne pas bien savoir” ce qui changeait au 1er janvier et n’avoir aucun plan de départ.

Le Premier ministre roumain Victor Ponta et les responsables bulgares assurent régulièrement qu’il n’y aura pas de vague d’émigration.

“Les citoyens (…) veulent un bon travail, un bon revenu et la justice dans leur patrie, pas s’acheter un aller simple pour quitter la Bulgarie !”, a encore martelé mardi soir le président bulgare Rossen Pleneliev, dans son discours de voeux à ses compatriotes.

Nombre d’analystes indépendants en Roumanie et en Bulgarie soulignent l’impossibilité d’évaluer précisément le nombre des candidats au départ, mais estiment que les grandes vagues d’émigration ont déjà eu lieu.

Depuis la chute du communisme, environ trois millions de Roumains et un million de Bulgares ont émigré, pour leur très grande majorité en Espagne et en Italie. France et Grande-Bretagne ont aussi recruté des milliers de médecins et d’aides-soignantes.

La faiblesse des salaires dans leur pays explique ces départs: un médecin gagne en général 400 euros par mois en Roumanie ou en Bulgarie, même si d’aucuns s’en sortent beaucoup mieux.

De nombreux Roumains et Bulgares veulent toutefois rester malgré les salaires bas, le manque de confiance dans la classe politique et le délabrement des services de santé.

C’est le cas de Simona Mazilu, lectrice universitaire de 34 ans à Bucarest: “Il est important de croire qu’on peut arriver à quelque chose ici, et je crois que c’est possible. Les autres pays ont aussi leurs défauts”.