Equateur : feu vert à l’exploitation de pétrole dans le parc Yasuni

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à Quito (Photo : Rodrigo Buendia)

[05/10/2013 16:18:11] Quito (AFP) Le Parlement équatorien a approuvé l’exploitation pétrolière dans la réserve naturelle de Yasuni, un projet polémique défendu par le président de gauche Rafael Correa mais contesté par les habitants indigènes vivant dans la zone et les écologistes.

A l’issue d’un second et dernier débat parlementaire, le projet d’exploitation de ITT, un bloc pétrolier estimé à 920 millions de barils, a été déclaré jeudi d'”intérêt national”.

Le gouvernement est désormais en mesure de lancer les travaux préalables à l’exploitation.

Avec 108 voix en faveur et 25 contre, les députés ont donné suite à la demande du président Correa de lever le dernier obstacle constitutionnel à l’exploitation des ressources naturelles présentes dans ce parc naturel de l’est amazonien du pays.

Les champs pétrolifères Ishpingo, Tambococha et Tiputini (ITT) représentent 20% des réserves de l’Equateur, plus petit membre de l’Opep, et sont situés à l’une des extrémités du parc de Yasuni, dont le million d’hectare de forêt humide constitue une réserve mondiale de biodiversité.

M. Correa avait annoncé le 15 août son intention d’exploiter ces ressources, après l’échec d’une campagne mondiale visant à faire compenser par des aides extérieures la non-exploitation du gisement au nom de la protection de l’environnement et des limitations des émissions des gaz à effet de serre.

Les autorités tablent sur 19 milliards de dollars de revenus additionnels au cours des 20 prochaines années – 58% du budget 2013 – dont la majeure partie seront destinés, selon le président, à la lutte contre la pauvreté, principalement en Amazonie.

Sans l?exploitation de ITT, le pays, où le taux de pauvreté s’établit à 23,7%, disposerait de réserves de pétrole pour 11 ans, selon des analystes consultés par l’AFP.

Environnement contre pétrole

L’Etat assumera l’exploitation de ITT, qui n’affectera officiellement que 1/1.000 de la surface du parc, un des sanctuaires écologiques les plus riches de la planète, où opèrent déjà depuis des décennies des compagnies comme l’espagnole Repsol.

La compagnie pétrolière publique équatorienne Petroamazonas “devra respecter les plus hauts standards sociaux, technologiques et environnementaux”, indique le texte approuvé par les parlementaires.

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à Quito (Photo : Rodrigo Buendia)

Malgré ce feu vert législatif, et un appui au projet de 56% des Équatoriens, selon un sondage privé, M. Correa fait face à une sévère opposition de la part de groupes indigènes et écologistes.

Au cours des dernières semaines, ces groupes se sont mobilisés dans l’espoir de faire organiser un référendum sur le sujet.

Selon eux, l’augmentation de l’activité pétrolière dans le parc aura un impact environnemental très élevé et mettra en danger la survie des ethnies indiennes Tagaeri et Taromenane, qui vivent en isolement volontaire.

“Ils vont ouvrir la voie à un ethnocide à Yasuni !”, a averti la député indienne d’opposition Lourdes Tiban au cours du débat au Parlement, indiquant que malgré la décision des élus, les opposants proposent de réunir les 600.000 signatures nécessaires à la convocation d’un référendum.

En cas de victoire des opposants à l’issue d’un référendum, le résultat du scrutin s’imposerait à la décision prise par le Parlement, a estimé la député Soledad Buendia, chef de la majorité parlementaire.

Dans sa résolution, le Parlement stipule l’interdiction de développer des activités pétrolières dans la zone de protection des ethnies Tagaeri et Taromenane.

“Au cas où seraient visibles des membres des communautés en isolement volontaire, les activités seraient suspendues jusqu’à l’application des politiques, protocoles et codes de conduite protégeant les droits à la vie et à l’auto-détermination des peuples”, indique le texte.

Selon des études privés, environ 11.000 indiens sont présents dans le parc Yasuni, sans compter les tribus en isolement volontaires, dont il n’existe pas de recensement.

L’Equateur compte environ 15 millions d’habitants.