Autolib : de mystérieux Allemands s’y intéressent de près

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à sa borne, le 2 décembre 2011 à Paris (Photo : Patrick Kovarik)

[10/09/2013 11:59:50] Paris (AFP) Deux Allemands qui s’intéressent de très près aux bornes des Autolib’ parisiennes, ces petites voitures électriques à disposition de 34.000 abonnés: le groupe Bolloré a déposé plainte à Paris, soupçonnant un possible espionnage industriel.

Montré du doigt, BMW a contesté tout espionnage. Selon le constructeur allemand, ces deux techniciens, travaillant pour un de ses sous-traitants, le cabinet d’ingénierie P3 Group, participaient à une opération de “tests de routine, à travers l’Europe, pour vérifier la compatibilité des recharges accessibles sur la voie publique” dans le cadre du lancement de son véhicule I3.

“On ne sait pas pour le moment quelles informations ils ont pu récolter ou quelles technologies ils ont utilisées”, a déclaré mardi à l’AFP un porte-parole d’Autolib’, Jules Varin. “Tout ce qu’on peut dire c’est qu’on (Bolloré) a de l’avance sur plusieurs technologies sur lesquelles nous avons investi beaucoup d’argent dont la batterie et des systèmes de géolocalisation”. Selon lui, “même s’il faut une clé spéciale, des informations peuvent être accessibles à partir des bornes”.

Une source judiciaire a confirmé le dépôt d’une plainte contre X, révélé mardi par Le Figaro, ajoutant qu’elle visait notamment des faits présumés d'”abus de confiance” et d'”intrusion dans un système automatisé de données”. Les deux techniciens ont été interpellés le 5 septembre, alors qu’ils s’affairaient sur une station, rue Jouffroy d’Abbans, dans le XVIIe arrondissement de Paris.

Mystère

Placés en garde à vue à la Brigade d’enquêtes sur les fraudes aux technologies de l’information (Befti), le service de la police judiciaire parisienne spécialisé dans la délinquance informatique, les deux hommes ont été relâchés vendredi, sans faire l’objet de poursuites pour l’heure.

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éro à Paris (Photo : Eric Piermont)

Mais cela fait plusieurs semaines que la direction d’Autolib’ s’inquiète de ces deux curieux. Le 21 août, des “ambassadeurs”, ces salariés chargés de surveiller le parc et d’aider les usagers, repèrent une BMW immatriculée en Allemagne garée sur un emplacement Autolib’, dans une station du XIIIe arrondissement, raconte à l’AFP le directeur des opérations d’Autolib’, Jo Querry.

Deux hommes s’activent sur la borne. Quand une explication leur est demandée, les curieux semblent gênés, répondent dans un français très hésitant qu’ils travaillent pour le compte d’un constructeur allemand en ne citant pas la bonne marque. Mais les “ambassadeurs”, intrigués, relèvent le numéro d’immatriculation et alertent leur hiérarchie.

En analysant les données enregistrées dans la borne, les techniciens d’Autolib’ découvrent qu’ils ont utilisé des badges d’abonnés, souscrits depuis avril au nom de P3 Group.

Les “ambassadeurs” sont mis en alerte. Dès le lendemain, le 22 août, les deux techniciens sont de nouveau repérés. Mais ils ne laissent pas à Autolib’ le temps d’agir. Ce ne sera pas le cas le 5 septembre, rue Jouffroy-d’Abbans, dans les beaux quartiers parisiens. “La police est prévenue et interpelle ces deux hommes alors qu’ils sont sur la borne”, selon Jo Querry.

Les deux hommes expliquent alors travailler pour P3 Group. Sauf que BMW assure que ce jour-là, contrairement aux fois précédentes, il n’avait “ni conduit, ni mandaté aucun test”.

Le groupe Bolloré s’est lancé dans les batteries et le stockage d’énergie, une activité dont la vitrine est l’Autolib’ — 1.800 petites voitures gris métal qui sillonnent les rues de Paris et de sa banlieue. Autolib’ revendique 34.000 abonnés actifs et un total de 2,8 millions de locations enregistrées. Bolloré va lancer des systèmes d’autopartage à Lyon en octobre et à Bordeaux en décembre.

En février, Vincent Bolloré, saluant “un succès commercial mais aussi un succès technologique”, avait annoncé la mise en vente de sa Bluecar, une citadine électrique à quatre places. “Ces dizaines de millions de kilomètres que nous avons réalisés nous permettent de mettre la voiture en vente”, avait-il dit.

En 2012, près de 6.000 véhicules électriques neufs ont été immatriculés en France, dont, selon Bolloré, un tiers sont des Autolib’.