France : Comment reconvertir la dette de la Tunisie tout en préservant sa signature?

dinars-euros-2013-220-m.jpgLa France en fait-elle assez pour aider la Tunisie à surmonter ses problèmes économiques et sociaux aggravés par le changement politique intervenu le 14 janvier 2011? Evitant de poser –et encore plus d’y répondre- cette question fort controversée, Ahmed El Karm s’est soucié davantage de l’effort financier de la France en faveur de la Tunisie –selon lui apprécié- et a appelé, mardi 28 mai 2013, à l’adresse de l’ambassadeur Gouyette (lors du déjeuner-débat organisé à l’occasion de l’assemblée générale de la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie), à procéder à un réexamen pour «tenir compte davantage» des priorités du pays.

Le président du directoire de l’Amen Bank est en effet convaincu de la nécessité de recentrer les moyens financiers mis par la France à la disposition de la Tunisie -425 millions d’euros de l’Agence Française de Développement et 350 millions au titre de la Réserve Pays Emergents (RPE), rappelle M. Gouyette- pour des interventions sur «3 axes majeurs» : le programme de restructuration financière, les régions défavorisées de l’intérieur et le logement social.

Parce qu’il a profité à de nombreuses entreprises –hôtelières notamment- confrontées à des difficultés, ce programme «ne doit pas être arrêté mais, au contraire, renforcé», défend le banquier. «Si l’AFD a les moyens de reconduire ce programme, elle le fera», répond un représentant de cet organisme. Qui dispose encore de près de 10 millions d’euros destinés au secteur touristique.

Une autre partie des financements français devrait, recommande M. Ahmed El Karm, aller aux régions défavorisées de l’intérieur sous la forme, par exemple, de fonds régionaux à créer avec des banques et autres institutions financières tunisiennes, car l’accès aux crédits y est très difficile.

La troisième partie des crédits français devrait être injectée dans le logement –social et suburbain-, car en raison de la hausse des prix de l’immobilier, une bonne partie de la population ne peut plus s’en offrir un.

«Ce sont des sujets que nous avons à cœur de traiter», assure l’ambassadeur de France. Qui rappelle, d’abord, que l’AFD intervient déjà –avec des crédits mais, également, des aides- en faveur de quartiers défavorisés –comme à Menzel Bourguiba- pour aider à leur réhabilitation ou permettre aux habitants d’accéder à l’eau potable. L’agence française est également active sur le dossier du logement.

La prochaine visite en Tunisie du président François Hollande, début juillet 2013, sera une occasion pour les deux parties de mettre également sur la table le dossier de la reconversion d’une partie de la dette tunisienne auprès de la France.

Bien qu’il soit convaincu qu’il est «très malvenu de demander à ne pas rembourser une dette», le président du directoire de l’Amen Bank propose que la Tunisie et la France engagent une réflexion sur les moyens de «transformer la dette en des participations dans des projets».

Des discussions sont en fait déjà en cours –depuis la visite du président Marzouki en France en juillet 2012- et les deux parties y travaillent «à des solutions qui puissent permettre de répondre à cette demande et préserver la qualité de la signature tunisienne», souligne l’ambassadeur de France. Qui espère «des avancées d’ici la visite» du président Hollande.