à Paris (Photo : Jacques Demarthon) |
[26/04/2013 10:48:21] PARIS (AFP) Confronté au pic historique des demandeurs d’emploi, François Hollande a élevé l’emploi au rang de “seule cause nationale”, maintenant le cap sur sa politique de l’emploi, même si les outils pour inverser la courbe du chômage d’ici fin 2013 peinent à convaincre.
Au lendemain de la publication des chiffres de mars, qui ont entériné un record d’inscriptions à Pôle emploi (3,224 millions sans activité en métropole), le ministre du Travail Michel Sapin a défendu vendredi ses outils anti-chômage, appelant à la patience et excluant de nouvelles réformes.
Le seul sujet, seul élément qui doit nous rassembler, c’est la lutte contre le chômage et c’est comme ça que nous allons inverser la courbe”, a-t-il affirmé, se faisant l’écho des propos empreints de gravité du chef de l’Etat.
Pour le ministre, il ne s’agit pas “de mettre en place de nouveaux outils, les outils ont été mis en place”. “Il faut les rendre performants, leur permettre de trouver la totalité de leurs effets”, a-t-il plaidé, en assurant que le crédit d’impôt compétitivité emploi “monte en puissance”, comme les emplois d’avenir et les contrats de génération.
“Leur montée en puissance au cours des prochains mois est désormais notre priorité majeure”, a assuré le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
Selon M. Sapin, “plus d’une centaine de contrats de génération ont déjà été signés” et la mesure va “marcher très fort”.
énération entre Jean-Marc Ayrault et Michel Sapin le 25 mars 2013 à Mitry-Mory (Photo : Fred Dufour) |
Alors que seuls 20.000 emplois d’avenir ont été paraphés sur les 100.000 escomptés à la fin de l’année, le ministre a aussi affirmé que le mouvement était “en train de s’accélérer”.
Vendredi, la patronne du Medef, Laurence Parisot, et l’ancien directeur général de Pôle emploi, Christian Charpy, ont tous deux appelé à ouvrir plus largement ce dispositif au secteur privé.
Le ministre s’y est opposé: “Ces jeunes sont très très loin de l’emploi, ils sont très peu formés, est-ce que c’est dans le privé qu’on va les accueillir le plus facilement? (…) Non”.
Deux jours plus tôt, une étude du Conseil d’analyse économique présentée au Premier ministre Jean-Marc Ayrault critiquait elle aussi les deux mesures phare du gouvernement, les jugeant insuffisamment ciblées sur les moins qualifiés et le secteur privé. Les auteurs préconisent une réorientation à “budget constant” vers des mesures plus efficaces.
“Bricolage désastreux”
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La “boîte à outils” destinée à mener la “bataille pour l’emploi” est aussi dans le collimateur de l’opposition et de certains syndicats.
Le président de l’UMP Jean-François Copé a appelé jeudi François Hollande à “rompre totalement avec sa politique économique suicidaire”, tandis que son parti présentait ses propositions pour “libérer le travail” et revenir au plein emploi, prônant la suppression des 35 heures, le contrat de travail unique ou encore une réforme de l’indemnisation du chômage.
Le président de l’UDI Jean-Louis Borloo a de son côté réclamé la convocation du Parlement en Congrès pour “relancer économiquement le pays”, le porte parole du PCF Olivier Dartigolles qualifiant les mesures du gouvernement de “bricolage désastreux”.
Côté syndical, la CGT a évoqué un “désastre”, critiquant “les timides mesures” qui “ne démontrent pas leur efficacité”. FO a quant à elle appelé plus globalement à tourner le dos à la rigueur, via “un changement de politique macroéconomique autour de la relance de la consommation et de l’investissement”.
Les deux centrales, comme le Front de gauche, sont toujours vent debout contre la loi sur la sécurisation de l’emploi, qui doit être adoptée le 14 mai.
A contrario, la présidente du Medef estime que cette loi réduira “fondamentalement la peur de l’embauche qui existe chez les chefs d’entreprise” et est “un des éléments” qui permettra de régler la question du chômage.
Cette réforme, structurelle, ne devrait toutefois pas avoir d’impact immédiat sur les chiffres du chômage, en hausse depuis 23 mois.
Pour les économistes, dans un contexte macro-économique dégradé, les outils de la politique de l’emploi ne peuvent être que des “outils d’accompagnement” destinés à “limiter la casse”. Ils estiment qu’une croissance au moins égale à 1,5% est nécessaire pour inverser la courbe du chômage.
Le gouvernement table sur 0,1% en 2013.