Les nouveaux riches chinois, aubaine pour la voiture de luxe

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ésente le 18 avril 2013 à Shanghaï un nouveau modèle, la Wraith, vendu 608.000 euros (Photo : Peter Parks)

[19/04/2013 11:34:08] SHANGHAI (AFP) La Chine est devenue incontournable pour les constructeurs de voitures de luxe grâce à ses nouveaux millionnaires prêts à dépenser sans compter pour ces symboles de réussite sociale.

Niu Yeqing en possède quatre, dont une Mercedes S600 noire, qui lui sert la plupart du temps à sillonner Hefei, capitale de la province relativement pauvre de l’Anhui, dans l’est du pays.

L’épouse de ce magnat de l’immobilier préfère quant à elle s’asseoir au voulant d’une Porsche rouge bordeaux.

“Le plus souvent, je me sers de mes voitures pour me rendre sur des chantiers. Une voiture, c’est fait pour se faire plaisir, non ?” a déclaré à l’AFP M. Niu.

Au Salon de l’automobile de Shanghai, qui ouvre ses portes dimanche, il veut s’offrir une Bentley, qui coûte la bagatelle de 605.000 euros.

Lors d’un précédent salon, il avait choisi une Audi A8 — qu’il avait ensuite offerte en cadeau.

L’an dernier, il s’est vendu en Chine 1,25 million de voitures haut de gamme coûtant plus de 145.000 euros, ce qui en fait le deuxième marché mondial pour cette catégorie derrière les Etats-Unis, selon une étude de McKinsey.

Le pays est aussi devenu une manne pour le grand luxe. Parmi les cinq villes dans le monde où Rolls-Royce vend le plus de limousines, on trouve Pékin et Shanghai.

“Nous sommes persuadés d’avoir une présence à très long terme et un avenir porteur sur ce marché”, explique le directeur des ventes et du marketing du constructeur britannique, Jolyon Nash.

“Les consommateurs chinois ont vraiment le goût des produits de luxe et de super-luxe. Il y a dans la culture (chinoise) une tendance marquée à célébrer la réussite” sociale, selon lui.

A la veille de l’ouverture du salon, Rolls-Royce, propriété de l’allemand BMW, va lancer depuis Shanghai pour toute l’Asie la Wraith, son nouveau modèle vendu 608.000 euros, avec lequel il veut séduire les patrons chinois.

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é à Pékin en 2009 (Photo : Wang Zhao)

“Le marché du luxe est en pleine effervescence. Il y a deux ans, cela avait surpris tout le monde”, se souvient Rupert Hoogewerf, fondateur de magazines chinois sur le luxe et compilateur du Hurun Report, qui dresse chaque année la liste des Chinois les plus fortunés.

D’après le Hurun Report, les 2,8 millions de millionnaires en dollars du pays possèdent en moyenne trois voitures par famille, dont le plus souvent une utilisée à titre professionnel, une autre à titre personnel et une troisième par l’épouse.

Les 64.000 Chinois les plus riches, avec une fortune évaluée à plus de 16 millions de dollars, sont eux en moyenne propriétaires de quatre véhicules, dont au moins un conduit par un chauffeur.

Certains grands noms du haut de gamme essaient aujourd’hui de gagner des parts de marché en Chine en proposant des modèles moins chers pour attirer une clientèle plus large, tout en voulant préserver le prestige attaché à leurs marques.

Ils visent la clientèle des Chinois des classes moyennes supérieures qui changent de voiture et sont désormais prêts à acheter des voitures de luxe si elles sont abordables pour eux.

Selon McKinsey, cette tendance profite essentiellement aux marques allemandes qui occupent 80% du marché du haut de gamme.

Mais le ralentissement de la croissance dans la deuxième économie de la planète et la récente campagne contre la corruption lancée par les nouveaux dirigeants chinois pèsent actuellement sur ce marché.

Ainsi à partir du mois de mai, au moins dix marques ne pourront plus être achetées comme véhicules de fonction par les cadres de l’armée, parmi lesquelles Jaguar et Phaeton, une marque du groupe Volkswagen.

Certains constructeurs haut de gamme ont aussi été la cible de critiques des médias chinois pour des problèmes de qualité.

Le mois dernier, la télévision nationale a ainsi accusé trois constructeurs allemands, Mercedes-Benz, BMW et Audi, d’utiliser des matériaux toxiques dans leurs mousses pour absorber les vibrations.

Enfin, la nouvelle l’an dernier de la mort du fils d’un haut responsable communiste dans l’accident de sa Ferrari — avec à bord une fille nue et une autre à moitié dénudée — avait été abondamment relayée sur l’internet avant d’être censurée. Cette affaire a renforcé le lien dans l’esprit des Chinois entre voitures de luxe et corruption.

Auparavant, Ferrari avait déjà fait scandale en laissant des traces de pneus sur un monument historique classé – le mur d’enceinte de la vieille ville de Nankin (est) – lors d’un évènement publicitaire.