Le Japon n’est pas au bout de la déflation, mais le yen se déprécie

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érence de presse à Tokyo, le 25 janvier 2013 (Photo : Rie Ishii)

[25/01/2013 08:14:28] TOKYO (AFP) Les prix à la consommation au Japon ont continué de décliner en 2012, preuve que le pays reste englué dans la déflation qui bride son activité et que l’objectif de 2% d’inflation fixé par la banque centrale demeure encore hors de portée.

Le yen aussi a baissé, mais ce reflux-là est plutôt bienvenu, au Japon du moins.

Hors produits périssables, les prix au détail ont cédé 0,1% en moyenne en 2012 sur un an, tandis que toutes catégories confondues ils ont été étales, selon les données publiées vendredi par le ministère des Affaires intérieures.

En décembre, ils affichaient un recul de 0,2% sur un an, à cause notamment du repli des tarifs des appareils électroniques et électroménagers qui n’en finissent pas de dégringoler sur fond de féroce concurrence entre fabricants et entre détaillants.

Cette incessante guerre des prix pour attirer le client peu enclin à acheter fait rage aussi sur d’autres catégories de produits et services, à cause d’un écart trop grand entre une offre surabondante et une demande atone.

En revanche, la hausse des tarifs des transports et de l’énergie a contribué à redresser la barre.

La banque centrale du Japon (BoJ), dont le rôle est de veiller à l’évolution des prix et d’agir en conséquence, a fixé cette semaine pour le pays, sous la pression du gouvernement, un objectif d’inflation de 2% sur un an, à atteindre le plus rapidement possible.

Mais de l’aveu même du gouverneur Masaaki Shirakawa, “il ne sera pas aisé d’atteindre ce but”.

Il a précisé, lors d’un point de presse vendredi, que “de considérables efforts seront requis de la part de tous les acteurs”, une façon de dire au gouvernement qu’il a aussi un rôle important à jouer sur les volets budgétaire et réglementaire pour dynamiser l’activité économique.

“Afin de surmonter la déflation le plus vite possible et permettre au Japon de revenir sur une trajectoire de croissance modérée et d’évolution stable des prix, il est crucial que des efforts soient faits de la part de tous en vue de renforcer le potentiel d’expansion économique”, avait déjà dit mardi l’institut d’émission, dans un communiqué accompagnant ses nouvelles mesures monétaires.

Le nouveau Premier ministre, Shinzo Abe, qui vient de lancer un plan de relance massif, a fait de la sortie de la déflation l’un des principaux enjeux de son nouveau mandat entamé le 26 décembre.

Hormis une période de rémission entre 2006 et 2009, le Japon est perclus depuis une quinzaine d’années de ce mal chronique qui ralentit l’activité économique en freinant les investissements, la progression des salaires et la consommation des particuliers.

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érence de presse à Tokyo, le 15 janvier 2013 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Dans une déclaration conjointe publiée mardi, la banque centrale, statutairement indépendante, et le gouvernement se sont engagés à combattre ensemble ce déclin des prix.

Cette action commune est aussi interprétée comme visant à mettre un terme durable à l’appréciation du yen, autre difficulté contre laquelle le Japon est confronté.

De fait, la devise nippone a fortement baissé depuis que le nouveau gouvernement fait le siège de la banque du Japon pour implorer plus de remèdes.

Mais en redevenant favorable au Japon, le taux de change du yen pénalise les autres devises, ce qui entraîne des craintes de “guerre des monnaies”, dont s’est d’ailleurs fait l’écho jeudi la chancelière allemande, Angela Merkel, en confiant, lors du Forum économique mondial à Davos, sa “préoccupation” à l’égard de la nouvelle politique monétaire du Japon.

“Les critiques sur la manipulation des cours des monnaies sont totalement infondées”, a rétorqué vendredi le ministre japonais des Finances, Taro Aso, qui n’a généralement pas sa langue dans sa poche.

Le ministre de la Revitalisation économique, Akira Amari, qui se rendra à Davos cette fin de semaine, s’est quant à lui dit prêt à expliquer aux représentants des pays “préoccupés” le contenu et les objectifs exacts de la politique monétaire du Japon “afin qu’il n’y ait absolument aucune crainte à avoir”.

En attendant, le dollar et l’euro s’affichaient respectivement à plus de 90 et 121 yens vendredi -ce qui arrondit mécaniquement les gains des entreprises nippones très implantées à l’étranger- permettant à la Bourse de Tokyo de finir en hausse de 2,88%, à un niveau inédit depuis près de 3 ans.