Tunisie – Dialogue national : L’UGTT doublée par la Troïka!

 

ugtt-161012.jpgDimanche 14 octobre, la Troïka a annoncé ses propositions pour l’après 23. Rien de bien original, sauf qu’en prenant les devants, elle a court-circuité l’Initiative de la centrale syndicale, prévue pour le 16 octobre. La Troïka entend garder la main et rester maitresse du jeu.

Dimanche 14 octobre, les trois partis au pouvoir ont annoncé, en grande pompe, avoir arrêté leurs choix sur les grandes questions restées pendantes quant au reste du déroulement du processus de transition. La Troïka y met même un semblant de triomphalisme.

En effet, la coalition au pouvoir semblait requinquée d’avoir retrouvé un semblant de concorde et d’avoir replâtré son entente. Cette annonce, qui intervient deux jours avant la tenue de l’initiative de l’UGTT qui doit se tenir le 16 dans la capitale, Tunis, sonne comme un coup de tonnerre. La Troïka devait participer à ce sommet politique, avec tous les autres partis politiques de la place, dont la finalité était de trouver un consensus autour de ces questions. Il s’agit d’éviter au pays une secousse après le 23 octobre, échéance «morale» de la fin de rédaction de la Constitution dont il est acquis qu’elle sera dépasse.

Pénaliser l’UGTT pour ses mauvaises fréquentations

Si la Troïka avait voulu punir l’UGTT, pour avoir persisté à inviter le parti Nidaa Tounes, elle ne s’y prendrait pas autrement. On peut deviner la peine que cela pourrait inspirer à Houssine Abassi, SG de l’UGTT. Dans une interview, préalablement programmée, parue dans le quotidien La Presse de Tunisie, le propos de M. Abassi, apparaît comme décalé quand il annonce: «je considère que l’initiative est une réussite. Le fait qu’elle a été accueillie par tout le monde est la preuve de sa réussite». “Par accepter“, il laissait entendre que tous prendront part. On voit que, techniquement, le SG, ni même nos confrères, n’ont eu le temps de rattraper le texte, car tous ont été pris au dépourvu. Personne ne pouvait penser que la menace voilée de boycott serait effectivement mise à exécution.

La Troïka manifestait sa gêne de s’asseoir à côté de Nidaa Tounes, mais le scénario de la soirée de samedi à dimanche a surpris. Alors, coup sur coup, la Troïka, snobe la conférence, décide du calendrier, comme si de rien n’était. “Dis-moi qui tu fréquentes je te dirai qui tu es“. Et elle a fait savoir de façon nette, claire et sans ambages qu’elle met l’UGTT et Nidaa Tounes dans le même sac.

La charrue avant les bœufs

Dans l’ambiance «In the heat of the night» du samedi à dimanche, la Troïka s’est quelque peu précipitée. La date des élections n’est pas le fait des partis mais bien de l’ISIE. En mettant la charrue avant les bœufs, la coalition gouvernementale entend qu’elle refuse la concertation et qu’elle ne fera pas circuler le ballon. L’ennui est que de la Troïka est intervenue la veille du 15 octobre, date d’Evacuation du dernier soldat français, date sensée être un anniversaire d’unité nationale.

Hélas, à bien des égards, l’initiative de la coalition au pouvoir est une rupture qui ressemble à une déchirure.

Toutefois, à l’analyse de cette décision des partis au pouvoir, on peut dire que la centrale syndicale fait peur, ce qui explique qu’on ait voulu la devancer, étant donné qu’elle risquait de mettre tout le monde devant ses responsabilités. Du reste, n’avait-elle pas défini les contours de ce dialogue!