Maghreb : Les recettes de Hicham El Moussaoui pour résorber le déficit public marocain

Par : Tallel


hicham-123102012-124.jpgLe
Maroc beaucoup d’autres pays est confronté à un déficit public inquiétant. Et
l’amélioration n’est pas pour cette fin d’année 2012, soulignent certains
experts.

En effet, les dernières statistiques indiquent que “le budget a été multiplié
par 5, passant de 7 à 33 milliards de DH entre fin août 2011 et fin août 2012“.
Et Hicham El Moussaoui, cité par le portail contrepoints.org de souligner que
“le gouvernement croit toujours dur comme fer qu’il maintiendra le déficit
budgétaire autour de 5%, moins que les 6% de l’an passé. Et pour ce faire, le
chef du gouvernement Benkirane a insisté dans la dernière lettre de cadrage de
la loi de finances sur l’impératif de rationaliser les dépenses et d’optimiser
les recettes“.

Toutefois, M. El Moussaoui estime que “si l’intention est louable, l’objectif de
5% ne semble pas très crédible, encore moins la stratégie prévue pour le
réaliser“.

Pour étayer son doute, il cite les prix des matières premières : “… avec des
prix des matières premières qui seront en hausse de 10% à 30% en moyenne sur la
décennie, et un pétrole orienté vers la hausse, en dépit de l’accalmie actuelle,
les tensions sur les prix de l’énergie et des produits de base ne vont pas
s’apaiser au risque de faire exploser les charges de compensation. Celles-ci ont
augmenté à la fin août 2012 de 61,5%“.

Mais seulement. Toujours selon lui, “les dernières revalorisations des salaires
pour acheter la paix sociale suite au printemps arabe vont pousser à l’explosion
de la masse salariale. Ainsi, les salaires servis se sont inscrits en
augmentation de 12,6%, portant la masse salariale à 11% du PIB“.

De ce fait, affirme M. El Moussaoui, étant donné que “les charges de personnel
et de compensation pèsent, à elles seules, 55% de l’ensemble des dépenses, alors
“il est fort probable que les dépenses continueront leur tendance haussière
creusant le déficit budgétaire au-delà des 5% souhaités par le gouvernement“.

Le spécialiste va plus loin dans son analyse en soulignant que “… pour lutter
contre ce déficit abyssal, le gouvernement propose une stratégie d’économies de
bouts de chandelles, notamment en gelant la construction de nouveaux sièges
administratifs, en optant pour la location avec option d’achat concernant le
parc auto de l’État et en apportant un sacré coup de rabot aux dépenses liées
aux réceptions officielles et autres dépenses d’hôtellerie et de restauration“.
Mais dans ce tableau, il regrette que “les gros dossiers de gaspillage soient
complètement ignorés“. A ce propos, il s’interroge : “… comment expliquer aux
contribuables marocains que l’on continue à financer dans l’actuel budget de
l’État 41 entreprises publiques qui sont ouvertement en cours de liquidation,
certaines depuis longtemps?“ Puis d’ajouter qu’“en plus de la banalisation de la
situation, le gouvernement Benkirane se trompe complètement quand il entend
régler le problème du déficit public en adoptant une approche purement
comptable. Car au-delà de la mécanique des recettes et des dépenses, c’est toute
la stratégie de développement économique qu’il va falloir revoir“.

En conclusion, M. Moussaoui estime que “… pour la réduction du déficit public,
il est besoin d’une redéfinition de l’ensemble du modèle économique marocain, ce
qui passe par un changement dans la place de l’État dans l’économie marocaine.
Il ne s’agit pas d’appliquer de l’austérité budgétaire primaire, consistant à
augmenter les prélèvements et/ou raboter les prestations sociales, mais plutôt
de remettre l’État au service des citoyens à un coût modéré et faciliter ainsi
l’activité entrepreneuriale créatrice de richesse et d’emplois“.

Voilà donc qui pourrait inspirer le gouvernement tunisien, lequel semble,
malheureusement à mille lieues de là.