Sanofi pourrait ravir à Total sa place de première capitalisation boursière

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Le logo du groupe pharmaceutique Sanofi (Photo : Eric Piermont)

[08/10/2012 17:27:10] PARIS (AFP) Sanofi est sur le point de ravir au géant du pétrole Total sa place de première capitalisation boursière française au moment où les salariés du groupe pharmaceutique s’élèvent contre un projet de réorganisation qui menace plus de 900 emplois en France d’ici à 2015.

Lundi à la clôture, la capitalisation boursière de Total, c’est-à-dire le nombre d’actions multiplié par le cours de Bourse, valait 90,6 milliards d’euros. Celle de Sanofi atteignait 90 milliards.

Selon des données publiées sur le site internet de NYSE Euronext, actualisées vendredi soir, Sanofi représentait 12,47% de la valeur du CAC 40, indice vedette parisien, contre 12,63% pour Total.

“Le potentiel de croissance est supérieur dans le secteur de la santé que dans celui du pétrole”, résume Guillaume Garabédian, gérant chez Meeschaert Gestion Privée.

Pour le CAC 40, il s’agirait d’une petite révolution tant le règne de Total était quasiment absolu depuis quelques années.

La valeur, introduite dans le CAC 40 en décembre 1991, a atteint la première place dans l’indice en novembre 2000 suite à sa fusion avec Elf Aquitaine en 1999, en délogeant France Télécom. Elle a toutefois brièvement perdu son statut au profit de l’électricien EDF quelques mois entre 2007 et 2008.

Depuis quelques années, le pétrolier est connu pour ses bénéfices astronomiques de plusieurs milliards d’euros. Et son poids en Bourse était devenu prédominant au point de donner le ton sur Paris.

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Le logo de Total (Photo : Boris Horvat)

Mais l’écart s’est nettement resserré cette année. Depuis janvier, le titre de Total est en légère baisse de 0,35% quand celui de Sanofi a pris 25,18%.

“Sanofi reste sur un beau parcours, notamment cet été où le titre est monté en ligne droite de 60 à 67 euros”, rappelle Renaud Murail, gérant chez Barclays Bourse.

Décollage grâce à Genzyme

“La valeur a un statut défensif (moins soumise aux secousses du marché, ndlr) et bénéfice d’une bonne visibilité”, un atout sur fond de crise de la dette en Europe et de ralentissement de la croissance mondiale, ajoute-t-il.

Xavier de Villepion, vendeur d’actions chez Global Equities, rappelle que “Sanofi figure dans les cinq premiers mondiaux de la pharmacie”.

Le vendeur d’actions date le réveil de Sanofi en Bourse du rachat pour plus de 20 milliards de dollars de la société américaine Genzyme en avril 2011, qui a permis au français d’entrer de plain-pied dans les biotechnologies.

L’investisseur américain Warren Buffett a même investi il y a quelques années dans Sanofi. “Il est rare qu’il investisse en Europe”, observe M. de Villepion.

Son possible futur statut de première capitalisation du CAC 40 n’empêche pas Sanofi, pourtant très rentable (5,7 milliards d’euros de bénéfices en 2011), d’avoir annoncé un projet de réorganisation qui menace plus de 900 emplois en France sur les 28.000 salariés d’ici à 2015, essentiellement dans la recherche.

Autre menace, le groupe, qui emploie plus de 110.000 personnes, voit cette année l’arrivée à expiration aux Etats-Unis de brevets de ses médicaments phares comme le Plavix (anti-thrombotique) et l’Avapro (traitement de l’hypertension.

De son côté, Total est moins plébiscité qu’auparavant, “notamment en raison de la problématique liée à son pic de production de pétrole”, selon M. Murail.

Le titre du pétrolier a en outre souffert fin mars après l’annonce d’une fuite de gaz en mer du Nord, puis récemment, du reflux des prix du pétrole.

“Total, c’est une belle endormie”, selon M. Garabédian.

“Contrairement à Sanofi, le potentiel de très bonnes surprises sur Total est faible”, rappelle-t-il.

Ironie du sort, Sanofi et Total ont une histoire commune, qui passe par le pétrolier Elf Aquitaine. C’est ce dernier, racheté par Total en 2000, qui avait créé Sanofi, en tant que filiale dans les années 1970 pour se développer dans le secteur de la santé.