Tunisie – Aid El Fitr : Ces indispensables pâtisseries de l’Aïd

Par : TAP

Tunis affiche les couleurs de la fête durant ces derniers jours du mois de
Ramadan. Ce week-end, les Tunisiens fêteront l’Aid El Fitr qui marque la fin du
mois saint et le retour à un rythme de vie normal. Pour les femmes tunisiennes,
la tâche n’est pas encore finie. Après les soucis de la table de l’Iftar (repas
de rupture du jeûne), viennent ceux liés à la préparation du “hlou”, mot arabe
qui veut dire “sucré” et qui désigne les pâtisseries spéciales à la fête de l’Aid
El Fitr.

Les espaces qui vendent les pâtisseries et confiseries ne manquent pas en
Tunisie. Mais une bonne partie des familles préfèrent fabriquer, elles-mêmes,
ces gâteaux, dont les secrets sont connus pour les tunisiennes et qui font
plaisir, à la fois, aux petits et aux grands.

“Baklawa du Bey”, “Baklawa turque”, “Kaâk El Warka”, “Ghraiba aux
pois-chiches”, “Ghraiba aux amande” et “Ghraiba de Sorgho”, “Sablés” et “Samsa”,
toutes ces variétés de pâtisseries sont disponibles chez les pâtissiers à des
prix jugés parfois “très chers”.

Si elles sont fabriquées à la maison, elles nécessitent également des
dépenses car leurs ingrédients (amandes, pistaches, noisettes…), sont souvent
coûteux pour certaines familles aux revenus moyens.

Hasna, 58ans, de la ville de Fouchana (Gouvernorat de Ben Arous), mère de
quatre enfants se contente de fabriquer des “Makroudhs aux dattes, des Ghraiba
aux pois chiches et des biscuits. Ces variétés sont, selon elle, abordables et
suffisantes pour “garnir la table de l’Aîd”. “L’essentiel est d’être de la
fête”, a-t-elle dit, répétant l’adage tunisien “Kol Kdir W kadrou”, ce qui veut
dire en français “chacun, selon ses moyens”.

“Nombreuses sont les familles qui ne parviennent ni à acheter ni à fabriquer
elles-mêmes leurs pâtisseries », estime la mère de famille, imputant ceci à la
hausse des prix des ingrédients à base desquels sont fabriqués les gâteaux de l’Aid.

En Tunisie, chaque région est réputée pour une variété de “hlou”. A titre
d’exemple, Zaghouan (60km de la capitale) est connue pour ses “Kâk EL Warka”,
Kairouan, au Centre est célèbre pour son Makroudh Kairouanais et au Sud du pays,
“Tataouine” est fameuse pour ses pâtisseries appelées “MEHCHI” et “Garn Ghazel”.
A Tunis, la capitale, quand il s’agit de pâtisseries, tous les goûts sont
servis. On y trouve même des variétés d’origine turque, espagnole, libanaise ou
marocaine, sont vendues dans les multiples espaces spécialisés.

Fatma Tlili, institutrice d’enseignement primaire, (40 ans) de l’Ariana,
estime que l’essentiel dans ces moments de fête demeure la préservation de nos
coutumes et traditions.

“La fabrication de pâtisserie à la maison en fait une”, a-t- elle ajouté,
faisant remarquer que “c’est des occasions pour réunir les membres de la famille
et de raffermir les liens entre les parents et proches”.  “En plus, le fait
de fabriquer les gâteaux à la maison permet d’éviter l’achat de pâtisserie
contrefaite, notamment au cours de cette période marquée par une grande demande
et une fièvre acheteuse spectaculaire”. Mme Tlili s’est plainte, par ailleurs,
de la hausse du coût de fabrication de certaines pâtisseries. “Un seul plateau
de Baklawa coûte entre 140 et 170 dinars outre les frais de cuisson (15
dinars)”, a-t-elle dit. Loin de l’ambiance familiale, Asma Jebali, attend son
rôle, depuis longtemps, dans une pâtisserie, pour avoir sa commande de gâteaux.
Pour elle, une femme qui travaille “ne trouve ni temps ni souffle” pour
fabriquer, elle-même, ses pâtisseries.

Mohamed Mejri, trentenaire, ouvrier dans l’un des grands laboratoires de
pâtisseries, a indiqué, pour sa part, qu’il travaille et ses collègues, plus de
16 heures par jour, durant tout le mois Saint, notamment, les dix derniers jours
pour parvenir à satisfaire la demande”. “La femme tunisienne, avec le rythme
actuel de vie et entre ses devoirs à la maison et au travail, n’arrive plus à se
concentrer sur des recettes difficiles telles que celles des pâtisseries”,
a-t-il fait observer. “Celles-ci (pâtisseries) nécessitent une doigté, une
rigueur en termes de dosage et de préparation et aussi l’amour et la
disponibilité de la femme», estime le jeune homme.

 
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