La baisse de l’inflation en Chine facilite le soutien à la croissance

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à Pékin le 9 juin 2012. (Photo : Liu Jin)

[09/06/2012 08:58:59] PEKIN (AFP) La baisse de l’inflation en Chine à 3% au mois de mai confirme, avec d’autres indicateurs publiés samedi, le ralentissement de la croissance dans la deuxième économie mondiale ce qui devrait faciliter l’adoption de mesures pour soutenir l’activité, selon les analystes.

La hausse des prix à la consommation, qui s’était élevée à 3,4% sur un an en avril et à 3,6% en mars, a été inférieure le mois dernier aux prévisions d’un panel d’économistes, interrogés par l’agence Dow Jones, qui tablaient sur 3,2% de hausse.

Le chiffre de mai est le plus bas depuis juin 2010.

Sur un mois, les prix à la consommation ont reculé de 0,3%, a précisé le Bureau national des Statistiques.

Ces chiffres montrent que “la croissance ralentit rapidement en Chine, tandis que la pression se relâche sur les prix”, a déclaré à l’AFP Alistair Thornton, économiste chez IHS Global Insight basé à Pékin. “Cela devrait inciter le gouvernement à combattre le ralentissement”, a-t-il ajouté.

“L’inflation ralentit comme prévu, ou même plus vite que prévu, principalement à cause d’un affaiblissement économique non seulement en Chine, mais à travers le monde”, a souligné par sa part Wang Tao, une économiste de la banque UBS citée par Dow Jones.

La production industrielle, dont la hausse qui avait été brutalement freinée avec seulement de hausse sur un an 9,3% en avril, son niveau le plus faible depuis 2009, a légèrement rebondi à 9,6%, mais moins que ce qu’anticipaient les économistes, consultés par Dow Jones, qui misaient sur 9,9%.

Les exportateurs chinois souffrent notamment de la crise en Europe, leur premier débouché. Sur les quatre premiers mois de 2012, les exportations chinoises n’ont progressé que de 6,9%, contre 20,3% de hausse l’an dernier et 31,3% en 2010.

Selon la banque HSBC, l’activité manufacturière en Chine s’est contractée en mai pour le septième mois consécutif.

Face à ces mauvais chiffres, le Premier ministre Wen Jiabao avait déclaré le mois dernier qu’une plus grande priorité devait être accordée à la croissance, qui a chuté à 8,1% sur un an au premier trimestre 2012 contre 9,2% l’an dernier.

Le gouvernement a récemment pris une série de mesures de relance sectorielles et a annoncé jeudi une baisse des taux d’intérêt d’un quart de point de pourcentage, la première depuis décembre 2008 afin de stimuler l’activité.

“Une nouvelle baisse des taux d’intérêt est très probable d’ici la fin de l’année”, selon M. Thornton qui prédit également de nouvelles diminutions des réserves obligatoires des banques, pour leur permettre de prêter davantage.

Trois baisses de ces réserves obligatoires, très élevées en Chine, sont déjà intervenues depuis le mois de décembre.

Pour soutenir l’activité, la Commission nationale de la réforme et du développement (NDRC), l’agence de planification chinoise, a accéléré en mai les approbations de projets dans des secteurs clés comme la sidérurgie et les transports.

Mais elle a démenti tout nouveau plan de relance pareil à celui de 4.000 milliards de yuans (environ 500 milliards d’euros) mis en oeuvre pour répondre à la crise financière de 2008. Ce plan, ajouté à l’ouverture en grand des vannes du crédit, avait eu pour corollaire une accélération de l’inflation, qui avait culminé à 6,5% en juillet dernier.

Lu Ting, analyste chez Bank of America – Merrill Lynch, s’attend aujourd’hui à ce que “le gouvernement démarre et accélère davantage de projets, tout en facilitant leur financement par la baisse des réserves obligatoires”.

Trop récentes, les mesures de relance ne sont pas parvenues à enrayer le fléchissement des indicateurs économiques en mai. La progression des investissements en capital fixe a été de 20,1% de hausse sur les cinq premiers mois de l’année par rapport à la même période de 2011, contre 20,9% au premier trimestre. Ces investissements contribuent pour plus de la moitié à la formation du PIB chinois.

Enfin, la hausse des ventes de détail, dont le gouvernement veut faire un moteur plus important pour une économie encore tirée essentiellement par l’investissement et les exportations, a été moins forte en mai, avec 13,8%, qu’en avril (14,1%) et qu’au premier trimestre (14,8%).