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| ésident français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel, le 21 mai 2012 à Chicago (Photo : Saul Loeb) |
[09/06/2012 08:45:35] PARIS (AFP) Paris prône des “mesures immédiates” de relance de la croissance en Europe mais aura bien du mal à convaincre Berlin qui temporise et multiplie les préalables comme l’exigence de réformes structurelles ou le renforcement de l’union politique et budgétaire.
Jeudi, la chancelière allemande Angel Merkel évoquait une “union politique”. Paris lui a répondu le lendemain par un oui mais. Oui à “un approfondissement” de l’Europe politique, mais la réforme institutionnelle voulue par Berlin ne peut être “un préalable aux réponses urgentes qu’appelle la crise”, a déclaré à l’AFP le ministre français des Affaires européennes Bernard Cazeneuve.
Très allante, la France propose d’agir vite en mutualisant par exemple sans plus tarder les dettes des pays de la zone euro par l’émission d’obligations européennes. Ces “euro-obligations” ou “eurobonds” permettraient d’alléger le fardeau des économies les plus fragilisées, celles de la Grèce, de l’Espagne, du Portugal ou de l’Italie.
Mais l’Allemagne qui finance sa dette publique à des taux voisins de 1,3% sur dix ans, inférieurs à l’inflation, y perdrait et n’entend pas se laisser forcer la main. “On ne va pas mutualiser la dette si on ne mutualise pas (la) politique” européenne, a encore souligné vendredi sur la radio Europe 1 Andreas Schokenhoff, député influent de la CDU, le parti de la chancelière Angela Merkel.
L’Allemagne refuse l’idée d’une Europe vivant à crédit et sur le dos des plus vertueux. Elle plaide pour des réformes structurelles et veut, selon l’expression d’Angela Merkel, “plus d’Europe”, une “union budgétaire” et “avant tout” politique.
La France privilégie de son côté le court terme et souhaite que le fonds de sauvetage européen, l’actuel FESF, ou le MES qui lui succèdera cet été, puisse voler directement au secours des banques en difficulté. L’Espagne, dont l’agence de notation Fitch a abaissé jeudi la note de trois crans à BBB, applaudit cette proposition qui lui permettrait d’échapper aux plans d’austérité draconiens que ne manqueraient pas de lui imposer le FMI ou la Commission européenne.
Mais, sur ce point aussi, le gouvernement allemand se montre inflexible. “Les principes sont clairs : la demande doit être effectuée par un gouvernement” et celui-ci doit se plier aux conditions imposées, a tranché mercredi son porte-parole Steffen Seibert.
Un début de convergence s’esquisse en revanche sur deux points. L’idée d’une union bancaire refait surface à la faveur de la crise, portée par la France mais aussi la Commission ou la Banque centrale européenne. Elle reposerait sur trois piliers: renforcement de la supervision européenne des banques, création d’un fonds commun de recapitalisation, et surtout, garantie partagée des dépôts bancaires.
Le spectre d’une panique bancaire -un “bank-run”- qui plane au-dessus des banques grecques ou espagnoles serait ainsi vraisemblablement écarté. Angela Merkel a admis du bout des lèvres que des discussions à ce sujet pourraient s’engager lors du sommet européen de la fin juin, mais n’envisage leur issue qu’à long terme.
L’Allemagne se montre ouverte aussi à la perspective de montages financiers européens au profit de grands projets d’infrastructures, industriels ou en faveur des énergies nouvelles. Elle souhaiterait même une mise en oeuvre “rapide” de ces “project-bonds”, chères au président français François Hollande qui y voit un moyen de relancer la croissance.
Idem pour une augmentation du capital de la Banque européenne d’investissement (BEI), voulue également par Paris. Dans un programme en faveur de “plus de croissance pour l’Europe”, le ministère allemand de l’Economie reprend à son compte le chiffre de 10 milliards d’euros actuellement à l’étude.
“C’est une goutte d’eau dans un océan, dix milliards d’euros ne changeront rien même si c’est toujours bon à prendre”, relativise toutefois Cédric Tille, de l’Institut de hautes études internationales et de développement de Genève. D’une manière générale, estime-t-il, “l’Allemagne fait preuve d’un peu plus de flexibilité mais s’inscrit davantage dans une perspective de moyen ou long terme”.



