La course pour prendre la tête de l’Eurogroupe s’accélère

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évrier 2012 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

[16/03/2012 15:37:04] BRUXELLES (AFP) La course à la succession de Jean-Claude Juncker à la tête de l’Eurogroupe s’accélère, alors que Berlin n’exclut pas de proposer son ministre des Finances Wolfgang Schäuble pour ce poste très politique et ainsi de rebattre les cartes au sein de la zone euro.

Selon un diplomate européen proche des discussions interrogé par l’AFP, la chancelière allemande Angela Merkel a “sondé” ses partenaires européens sur les chances de son ministre des Finances pour remplacer M. Juncker, qui occupe le poste depuis sa création en 2005.

Elle est restée évasive sur une éventuelle candidature vendredi, se bornant à rappeler qu’une série de nominations est attendue, avec le patron du Mécanisme européen de stabilité (MES), un membre du directoire de la banque centrale et le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, l’Eurogroupe.

Une candidature de M. Schäuble comme chef de l’Eurogroupe ne serait guère surprenante: ministre des Finances d’un pays noté “triple A”, expérimenté, respecté et influent, il réunit à 69 ans “les meilleures cartes” pour ce poste, affirme vendredi le Financial Times Deutschland.

Mais elle pose problème en raison de sa réputation d’homme de fer et du fait qu’il a été un temps partisan de laisser la Grèce faire défaut, voire sortir de la zone euro. Des positions qui ne sont pas au goût de tous et pourraient faire craindre un nouveau tour de vis budgétaire en zone euro.

Au contraire, certains jugent que cette nomination forcerait le ministre à assouplir sa position, et ses partisans à faire de même en Allemagne.

Obstacle à surmonter: l’Allemagne a déjà beaucoup de représentants dans les instances européennes. “Certains pays vont dire que ça fait beaucoup”, estime une source diplomatique européenne, compte tenu des nécessités traditionnelles d’équilibre géographique pour la répartition des postes-clé en Europe.

Berlin a obtenu récemment la présidence de la Banque européenne d’investissement (BEI), avec Werner Hoyer et Klaus Regling, actuellement à la tête du FESF, pourrait prendre la tête du Fonds de secours permanent de la zone euro (MES) appelé à fonctionner à partir de juillet.

Résultat, si M. Schäuble est bien en lice pour l’Eurogroupe, “les Allemands sacrifieraient M. Regling. Ils le feraient certainement sans même qu’on leur demande”, affirme un diplomate européen.

“Tout reste ouvert” dans cette course, rappelle une autre source, alors que d’autres noms circulent dont celui du chef du gouvernement italien Mario Monti.

Ancien commissaire européen, professeur d’économie, Premier ministre et dans le même temps ministre de l’Economie, M. Monti est un “excellent candidat”, dont le principal tort est d’assurer déjà beaucoup de fonctions, souligne-t-on à Bruxelles. Il s’est d’ailleurs dit récemment trop occupé pour assumer la présidence de l’Eurogroupe, sans toutefois rejeter catégoriquement cette idée.

Mais M. Monti serait lui handicapé par le fait que l’Italie a déjà obtenu fin 2011 le poste de président de la BCE avec Mario Draghi.

Envisagé un temps pour ce poste, le Premier ministre finlandais Jyrki Katainen aurait décliné l’offre, selon le Financial Times Deutschland vendredi.

Quoi qu’il en soit, il souffre d’un déficit de notoriété et de son image de “faucon” sur les questions budgétaires.

Reste encore à définir exactement le profil du poste. M. Juncker milite pour qu’à l’avenir le chef de l’Eurogroupe soit déchargé de tout autre mandat national, tandis que l’Allemagne veut donner le poste à un ministre en exercice.

L’Autriche réclame, elle, que le poste revienne à un Premier ministre avec une expérience de ministre des Finances. Enfin, plusieurs pays veulent que le poste soit attribué à un représentant d’un pays parmi les mieux notés.

Le dernier mot devrait revenir aux ministres des Finances de la zone euro qui se réunissent fin mars à Copenhague, puis en mai à Bruxelles.

Si aucun personnalité consensuelle n’émerge, il n’est pas exclu que M. Juncker accepte de rempiler, selon plusieurs sources européennes.