Tunisie – Banques : Des ex traders au secours des salles de marchés

«Nous sommes une équipe d’ex traders dans des fonds d’investissement à Paris.
Nous avons formé une équipe d’analystes financiers, qui travaillaient sur les
grands comptes, et les hedge fund, des traders qui ont mis en place un GPS
sniper pour calculer la volatilité de plus en plus excessive sur les marchés
financiers», annonce Hannibal Jegham, chef de l’équipe, lui-même ancien trader
sur la Place de Paris.

«La volatilité est telle que nous n’arrivons plus à nous retrouver sur les
marchés internationaux. Prenons l’exemple de la parité euro/dollar, c’est une
parité majeure classique. Quelques années auparavant, la volatilité moyenne au
niveau de ces marchés était de 100 à 120 points, aujourd’hui, nous parlons de
400 points d’écart».

En Tunisie, le retard en matière de prévision de l’évolution des cours
internationaux est manifeste. A ce jour, les banques tunisiennes n’arrivent pas
à mettre en place un ensemble de critères sûrs et sécurisants sur lesquels les
cambistes se basent dans les opérations de conversion de devises. La moyenne de
flux échangés dans une banque tunisienne se situe entre 5 et 25 millions d’euros
par jour. Il y en a qui atteignent les 35 millions d’€, d’autres ne dépassent
pas les 17 millions.

«Notre rôle à nous est de leur donner les outils d’aide à la décision aux
cambistes pour accompagner les mouvements des marchés monétaires et vendre ou
acheter au moindre coût. Chaque jour, il y a un calendrier économique, 14h30
heure de Tunis est la matinée administrative aux USA. A cette heure là, on
commence à livrer les indices macroéconomiques, la balance commerciale ou les
taux d’intérêt, à chaque fois qu’une information est diffusée, les marchés
réagissent et interagissent».

Derrière ces informations, on trouve les Banques centrales et surtout les hedge
fund dotés aujourd’hui d’une puissance inégalée sur les marchés financiers. «La
Réserve fédérale américaine ne peut pas les contrôler… Ils maîtrisent l’effet de
levier. Admettons qu’un hedge fund dispose d’un capital d’un million d’€,
l’effet de levier lui permet de passer des opérations qui peuvent valoir 100
fois son capital. Imaginons des milliers de hedge fund et leur pouvoir sur le
marché financier».

Pour pouvoir mesurer les risques et prendre les bonnes décisions, il est
important de suivre les tendances du marché qu’elles se rapportent à une même
journée, à une semaine ou au mois. En Tunisie, les banques, avec leur front et
back office, ne sont pas dotées des instruments nécessaires pour tirer les
meilleures offres des marchés. Le back office est chargé de la comptabilité dans
le sens propre du terme, entre le front et le back office, il y a un chaînon qui
n’existe pas, c’est le middle. Ce maillon important doit être constitué
d’économistes qui préparent la tâche à ceux qui sont directement impliqués dans
la prise de décisions au front office. «Des fois, c’est un peu le jeu du casino
et les PDG des banques, aussi compétents soient-ils, peuvent parfois ne pas
saisir les subtilités du jeu d’achat-vente dans une salle de marché, les enjeux
sont énormes. La salle de marché est équipée de progiciels de différentes
natures mais qui ne peuvent évaluer les orientations du marché monétaire au vue
d’éléments tout à fait subjectifs. Ainsi, il arrive souvent que les prévisions
soient démenties par les réactions du marché, la réalité du terrain pouvant
réserver des surprises aux plus chevronnés des cambistes».

Dans ce cas, pour prendre des décisions, c’est la réalité qui prime, il faut
pouvoir protéger le cambiste, les clients et la banque. Le meilleur dispositif
pouvant réaliser ces trois objectifs à la fois est technologique.

La Tunisie en retard en matière d’ingénierie financière

«Prenons l’exemple de la Pharmacie centrale de Tunisie qui achète des
médicaments pour des millions de dinars, la technologie mise en place par
Hannibal et son équipe permet de calculer le meilleur timing pour approvisionner
la Pharmacie aux meilleurs prix. Dans ce genre de situation, les outils de la
haute finance peuvent être d’une très grande aide et en matière d’ingénierie
financière, la Tunisie est en retard».

Il est vrai par ailleurs que l’on peut user des techniques des hautes finances
pour booster l’économie sans s’endetter. «Les indices des matières premières
sont toujours à la hausse, d’où l’importance de se couvrir. Grâce à l’ingénierie
financière, nous disposons de nombre de possibilités. Tout d’abord, en calculant
nos propres prévisions en fonction de l’évolution des prix. A titre d’exemple,
en 2001, l’or a atteint ses prix les plus hauts avec 295 dollars l’once (un peu
plus de 32 grammes), depuis, il a atteint les 3 mille dollars et va vers les 4
mille. Ceci s’explique par le fait que partout dans le monde, les Banques
centrales sont en train de transformer, doucement, leurs réserves en dollars par
des réserves en or. Ce sont des éléments importants à prendre en compte».

Pareil pour toutes les matières premières. En économisant sur les grandes
acquisitions, nous pouvons créer des richesses, et c’est en apprenant à se
couvrir sur les marchés et en prenant les bonnes décisions que nous pouvons y
arriver. «Notre progiciel d’aide à la décision peut aider le gouvernement et les
décideurs dans ce sens, c’est un GPS qui calcule les orientations de tous les
marchés en temps réel et au niveau de tous les produits».

Ce progiciel a été testé dans 6 salles de marchés, y compris celle de la
BCT, il
fallait former les utilisateurs et c’est ce qu’a fait Hannibal Jegham et son
équipe. «C’est une technicité de haut vol et c’est à nous d’encadrer les futurs
usagers».

Le produit est aujourd’hui opérationnel et breveté en Tunisie et en France. Les
premiers formés sont les responsables d’approvisionnement en différents produits
(kérosène, produits pharmaceutiques, devises, hydrocarbures…) dans les grandes
entreprises publiques et privées.

Les ventes du progiciel ne se font pas rapidement. «Nous ne pouvons pas le
brader mais convaincre les acquéreurs de l’acheter. Nous avons déjà organisé un
workshop à la Banque centrale».

15 experts de la haute finance qui ont exercé leur métier sur les grandes places
financières attendent aujourd’hui que l’économie nationale redémarre et que les
décideurs puissent réellement prendre des décisions pour oser se procurer un
produit d’une telle qualité.

A ce jour, la Tunisie est en stand by, l’économie et les opérateurs privés
aussi!