CHRONIQUE Tunisie : «Le roi est mort, vive le roi!»

vive-tunisie-1.jpgBien de nos compatriotes qui vous raconteront l’histoire de ces citoyens qui se découvrent aujourd’hui une âme et un passé de nahdaoui.

«Le roi est mort. Vivre le roi!». Cette phrase, qui a été à l’origine déclarée lors de la nomination au trône d’Angleterre de Charles VII après la mort de son père Charles VI, en 1422, est-elle prononcée, aujourd’hui, en chœur par nombre de Tunisiens?

Tout porte à le croire. Rares sont en effet nos compatriotes qui n’ont pas entendu parler ici et là de quelques faits et gestes qui sont définitivement adoptés par les nouveaux dirigeants du pays.

On vous raconte, par exemple, comment dans cette entreprise publique, certains employés qui n’avaient pour d’autres hobbies que de médire de tout le monde au tour d’une «chicha» aux pommes sont les tous premiers à constituer les premières rangées aux heures de prières.

Ces derniers se seraient découvert une âme de prêcheurs en propageant la bonne parole islamique, conseillant ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire en bon musulman.

Mieux encore, il peut arriver que l’on vous raconte également l’histoire de ce Tunisien qui a émigré pendant une dizaine d’années au Maroc. Poursuivi par la justice pour une histoire de chèques sans provision, voilà qu’il veut aujourd’hui construire un passé de militant nahdaoui. Il aurait fui la veille de son arrestation par la police politique.

Il s’en est fallu de peu

Et notre «victime du régime du président déchu» de vous répéter qu’une de ses connaissances lui a vendu la mèche à temps. Il s’en est fallu, donc, de peu pour qu’il soit emprisonné dans une de ces geôles «tristes et humides» de Borj Erroumi ou d’ailleurs.

Tout cela n’est pas bien nouveau. Certains RCDistes se seraient même essayés à un exercice d’équilibrisme qui consiste à migrer vers Ennahdah ou d’autres mouvements politiques. On vous racontera, à ce juste propos, que des militants RCDistes ont été aperçus dans des meetings de certains partis politiques tenant le service d’ordre et veillant au grain en matière d’organisation.

L’histoire – la petite histoire, diront certains– est ainsi faite. Un proverbe tunisien dit bien que le monde appartient non à ceux qui se lèvent tôt, mais à celui qui se tient debout; et non à celui qui ne possède plus armes et bagages!

Et malheureusement, et de tout temps, ce n’est peut-être pas le petit peuple, celui qui n’a pas d’autres moyens que d’accepter le mouvement des courants d’eau, qui est à plaindre. Mais ces intellectuels, hauts fonctionnaires et autres hommes d’affaires qui ont retourné la veste.

Il faut dire que les enjeux sont importants: une fonction, un passe-droit ou peut-être une petite tranquillité. Même si tout le monde s’accorde à dire que les choses ont bien changé et que rien ne sera plus comme avant.

La démocratie, une société ouverte a l’immense avantage de favoriser une liberté d’expression et de refuser tout ce que la loi n’autorise pas. Mais essayez d’expliquer ceci aux «retourneurs de vestes!». Ils auront toujours cette phrase à la bouche: Rien ne nous interdit d’essayer!

En d’autres termes, suivons le conseil du docteur Goebbels, le propagandiste en chef d’Adolf Hitler: «Mentez, montez toujours! Il en restera quelque chose».

Et puis, n’oublions pas toujours que quoi qu’on dise, les peuples auront toujours la mémoire courte. Et que comme dit bien un autre proverbe: A beau mentir qui vient de loin!