Banque mondiale-MENA : Comment améliorer le financement de l’enseignement supérieur et la qualité de sa production (1)

mena-1.jpgLes économies des pays de la région
MENA (Middle East North Africa), dont la
Tunisie, ont montré depuis longtemps leur incapacité à créer suffisamment
d’emplois pour répondre à la demande d’une jeunesse de plus en plus éduquée et
diplômée.

Selon une nouvelle étude de la Banque mondiale, intitulée «Enseignement
supérieur au Moyen-Orient et en Afrique du Nord: Atteindre la viabilité
financière tout en visant l’excellence», cette situation est imputable, outre la
faiblesse des investissements du secteur privé, l’importance persistance du
fonctionnariat, à la rigidité de la réglementation du travail, et à
l’insuffisance des efforts en matière d’innovation et de R&D, à l’inadéquation
des compétences, c’est-à-dire à l’incapacité du système éducatif en général et
de l’enseignement supérieur en particulier, à produire des techniciens,
ingénieurs, etc. répondant parfaitement aux besoins des entreprise.

En effet, se fondant sur des enquêtes menées auprès d’entreprises, cette étude,
réalisée par Adriana Jaramillo et Thomas Mélonio, rappelle que «le manque de
compétences et de formation des travailleurs fait partie des cinq principaux
obstacles au développement des affaires dans la région, en particulier dans les
pays arabes méditerranéens. Les employeurs se plaignent d’un manque d’expérience
et de compétences techniques mais aussi d’un déficit de compétences faisant
appel à l’intelligence émotionnelle comme les traits de personnalité, le
savoir-vivre, les compétences interpersonnelles, les qualités d’expression et
les habitudes personnelles. Une écrasante majorité de jeunes diplômés de
l’enseignement supérieur est issue de la filière des sciences humaines et
sociales».

Il en résulte un taux de chômage des jeunes (21% au Moyen-Orient et 25% en
Afrique du Nord) «beaucoup plus élevé que dans n’importe quelle autre région du
monde».

Toutefois, les difficultés que les diplômés de l’enseignement supérieur ont de
plus en plus à accéder au marché du travail «ne sont pas uniquement dues à leur
manque de compétences», observe le rapport de la Banque mondiale. En effet, la
crise financière qui a débuté en 2008 a fini par affecter la région MENA –baisse
des prix du pétrole pour les pays du Golfe, et chute des investissements directs
étrangers et des transferts des travailleurs migrants- où le chômage s’est
envolé.

Les révolutions arabes qui se sont produites sur ces entrefaites ont mis les
Etats face au défit de devoir répondre rapidement aux jeunes qui «exigent de
pouvoir étudier et travailler dans de meilleures conditions». Pour ce faire, il
va falloir réformer les systèmes éducatifs en général et l’enseignement
supérieur en particulier, et résoudre notamment le problème du financement. Or,
les Etats étant confrontés à des difficultés budgétaires, il ne sera plus
possible d’augmenter les ressources publiques pour garantir la viabilité
financière des systèmes d’enseignement supérieur.

Que faire alors? Pour aider les pays de la région à répondre à cette question,
la Banque mondiale et l’Agence française de développement (AFD) ont joint leurs
efforts et mis en place un partenariat afin d’élaborer «des mécanismes de
financement alternatifs qui permettraient aux pays de la région d’assurer la
soutenabilité financière de leurs systèmes d’enseignement supérieur à court et
moyen termes, d’élargir leur couverture, d’améliorer la qualité de leurs
diplômes tout en assurant une allocation équitable des fonds».

(Suite)