L’Iran dit vouloir coopérer avec l’AIEA mais exclut l’échange de combustible

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ée du 25 février 2009 du site de Bushehr, en Iran (Photo : Behrouz Mehri)

[29/08/2011 14:57:59] TEHERAN (AFP) L’Iran s’est dit prêt lundi à accroître dans un cadre “limité” sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur son programme nucléaire controversé mais a annoncé qu’il ne discuterait plus d’un échange de combustible avec les grandes puissances.

Téhéran est prêt aujourd’hui à “examiner” certaines questions que se pose la communauté internationale sur son programme nucléaire, a assuré le responsable de ce programme, Fereydoun Abbassi Davani, dans une interview à l’agence officielle Irna.

Mais “nous avons dit à l’AIEA que si nous devions discuter de ces questions, il fallait qu’il y ait une limite, c’est-à-dire que ces examens concernent seulement un nombre limité de cas”, a-t-il souligné.

“Car sinon les pays hostiles (occidentaux, ndlr) à nos activités nucléaires pacifiques ne vont pas cesser de présenter d’autres questions”, a-t-il ajouté.

L’Iran refusait jusqu’à maintenant de discuter des nouvelles questions évoquées par l’AIEA sur son programme nucléaire, affirmant qu’il s’agit d’allégations sans fondement.

Téhéran est sous le coup de six condamnations de l’ONU et de sévères sanctions internationales contre son programme nucléaire, dont les Occidentaux redoutent qu’il n’ait un objectif militaire, ce que Téhéran nie.

Le chef des inspecteurs de l’AIEA, Herman Nackaerts, accompagné de ses adjoints, a effectué à la mi-août une visite de cinq jours en Iran.

“Nous avons mis à la disposition de M. Nackaerts plus d’informations sur nos activités nucléaires pacifiques. Nous avons notamment autorisé une visite de l’usine de production d’eau lourde d’Arak et (du centre) de recherches sur les centrifugeuses de la nouvelle génération” destinées à enrichir l’uranium, a déclaré M. Abbassi Davani.

M. Nackaerts a également pu visiter la centrale nucléaire de Bouchehr, les installations d’enrichissement d’uranium à Fordoo et Natanz et l’usine de fabrication de barres de combustible d’Ispahan.

M. Abbassi Davani a toutefois annoncé lundi que l’Iran ne discuterait plus d’un échange de combustible avec les grandes puissances, Téhéran disposant désormais de capacités d’enrichissement suffisantes et d’assez d’uranium à 20% pour son réacteur de recherche de Téhéran.

Les grandes puissances ont proposé sans succès en 2009 que l’Iran remette ses stocks d’uranium à 3,5% pour obtenir en contrepartie de Moscou et de Paris du combustible à 20% pour son réacteur de recherche.

Cette solution visait à éviter que l’Iran ne développe ses capacités d’enrichissement et ne possède suffisamment de stock d’uranium enrichi à 3,5% pour pouvoir fabriquer à terme l’arme atomique.

Les grandes puissances craignent que l’Iran acquière à terme la capacité d’enrichir de l’uranium à plus de 90%, un taux permettant de fabriquer l’arme nucléaire.

“Contrairement à la propagande de l’Occident, l’Iran n’a pas l’intention de faire de l’enrichissement d’uranium à plus de 20%”, a assuré lundi M. Abbassi Davani.

Il a toutefois souligné que “la production d’uranium enrichi à 20% allait continuer et ne s’arrêterait pas”, même si l’Iran avait déjà “suffisamment d’uranium à 20%” pour le réacteur de Téhéran.

L’Iran possède plus de 4 tonnes d’uranium enrichi à 3,5%. Les opérations d’enrichissement à 3,5% sont menées à Natanz (centre), sous le contrôle des inspecteurs de l’AIEA.

Ce site a également commencé à enrichir à 20% et en juin, Téhéran a annoncé vouloir multiplier par trois sa capacité de production en enrichissant également à 20% sur son site de Fordoo, au sud de Téhéran.

M. Abbassi Davani a assuré que cette activité serait également placée sous le contrôle de l’AIEA.

La révélation en 2009 de l’existence du site secret de Fordoo avait déclenché une grave crise avec la communauté internationale, conduisant au renforcement des sanctions des Nations unies contre l’Iran.