Les catastrophes naturelles pourraient coûter 2,2 milliards de dollars à Tunis d’ici 2030

catastrophes-320.jpgD’après une étude élaborée par la Banque mondiale (BM) chargée d’évaluer la vulnérabilité des villes côtières d’Afrique du Nord face au changement climatique, le Grand Tunis vit sous la menace de multiples risques naturels. Selon le document réalisé par la BM et présenté au début de l’été 2011 au Centre de Marseille pour l’intégration en Méditerranée (CMI), ces catastrophes pourraient coûter sur la période 2010-2030 plus de 2,2 milliards de dollars à notre capitale.

L’étude révèle, entre autres, que tous les bassins versants de l’agglomération sont soumis à des risques d’inondation, dus aux réseaux d’assainissement insuffisants ou absents, présence d’obstacles aux écoulements, zones basses en aval ou encore au développement incontrôlé de l’urbanisation entraînant un accroissement des débits de ruissellement.

De même, les sols instables sur lesquels la ville de Tunis est construite constituent un facteur aggravant du risque sismique, «voire constituent eux-mêmes un risque naturel majeur au regard des fortes évolutions observées, jusqu’à 3 cm par an dans les secteurs les plus exposés», estime l’étude.

Toujours selon les spécialistes de la Banque mondiale, en termes de vulnérabilités,  le résultat cumulé de ces changements semble être une réduction de l’exposition des populations les moins favorisées (habitat précaire), contrebalancée par l’apparition de nouvelles tâches urbaines (grands projets) sur des sites relativement exposés aux risques climatiques (lac de Tunis, frange littorale) et par l’expansion d’un habitat informel sans prise en compte des risques naturels. «Le secteur le plus vulnérable est clairement celui de la basse ville, entre le port de Tunis et la Médina, qui restera en 2030 un pôle urbain dense, tout en étant soumis à des menaces croissantes en termes d’inondation, de submersion marine et d’instabilité géologique», estime l’étude.

Compte tenu de la modification des courants par les ouvrages portuaires empêchant les plages de se reconstituer après les tempêtes, une simulation réalisée dans le cadre de l’étude de la Banque Mondiale indique « qu’une telle surcote marine conduirait à la submersion d’une partie des zones urbanisées ou industrielles de la Basse Ville, de Radès, d’Ezzahra et d’Hammam Lif Ouest ».

Conséquence du réchauffement de la planète, le niveau de la mer pourrait ainsi augmenter de 20 cm d’ici 2030. L’étude prévoit que «les plages sableuses encore à l’état naturel risquent de reculer en moyenne de 10 à 15 m d’ici 2030. Dans les secteurs urbanisés déjà protégés, le recul sera plus lent mais inexorable. A l’horizon 2030, se sont environ 27 km de front de mer urbanisés qui passent en risque fort d’érosion, contre 16 km actuellement».

L’étude de la BM propose également un plan d’adaptation de la capitale au changement climatique et aux désastres naturels dont le budget global est estimé à 347 millions de dollars. «le plan d’adaptation pourrait s’étaler sur une quinzaine d’années, mais la moitié du budget serait à investir dans les cinq ans», indique le rapport tout en insistant sur la caractère économiquement justifié de ces dépenses.

Les actions jugées prioritaires concernent notamment la réglementation et l’organisation des autorités (coordination institutionnelle), la gestion hydraulique des zones urbanisées inondables, l’élévation du niveau des habitations autour de Sabkhet Sijoumi, la gestion ruissellement pour les nouveaux quartiers ainsi que le contrôle du mitage pavillonnaire afin de maîtriser le ruissellement.