Tunisie : Les conditions de la réussite de la révolution, selon Jaloul Ayed

ctfci-010611-1.jpgPour le ministre des Finances, la consolidation du processus démocratique en cours de construction passe par le lancement de programmes économiques d’envergure ayant un «effet de levier et multiplicateur», grâce à la Caisse des Dépôts et Consignation et au fonds générationnel dont la création est envisagée, et la mise en place de réformes profondes, notamment du système bancaire et de l’Etat.

Cinq mois après la chute du régime de Ben Ali, la Tunisie est un chantier à ciel ouvert, à la fois politique, économique, social, culturel, etc. En fait, la révolution n’a pas eu lieu comme on en a l’habitude de l’affirmer; elle est en cours. Et pour Jaloul Ayed, notre pays «a les atouts pour réussir la phase de transition démocratique». Toutefois, «il faut préparer l’après-transition en vue de consolider la démocratisation», estime le ministre des Finances. Et pour cela, il faudrait que la Tunisie se dote d’un Etat fort, d’un Etat de droit, d’une société civile forte aussi, et institutionnalise son économie, a expliqué le membre du gouvernement lors du discours de clôture de l’assemblée générale élective de la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI), mercredi 1er juin 2011.

Si l’Etat fort ne peut être mis en place sous le gouvernement intérimaire –le ministre des Finances qu’on pourra l’avoir «après les élections»-, M. Ayed se réjouit de «l’émergence d’une société civile forte avec laquelle nous allons entamer des consultations» et constate que «nous avons des institutions économiques et un cadre institutionnel» qui «sont nécessaires mais pas suffisants».

L’ancien banquier et actuel membre du gouvernement croit nécessaire de voir s’instaurer un «sentiment de prospérité. Nous devons, d’ici quelques années, entrer dans un cercle vertueux, avec la consolidation démocratique préparant le terrain à un boom économique».

Mais, clairvoyant, le ministre des Finances sait qu’il faudra du temps, beaucoup de temps, pour mettre tout cela en place et qu’il n’est pas sûr que les jeunes, notamment les chômeurs, aient la patience d’attendre. Aussi, M. Ayed estime-t-il nécessaire de «les rassurer quant à leur avenir» et qu’il faut pour cela mettre en place des programmes économiques d’envergure ayant un «effet de levier et multiplicateur».

Ces programmes seront mis en œuvre via deux outils dont le ministre des Finances a depuis longtemps annoncé la création: une Caisse des Dépôts et consignation et un Fonds d’investissement générationnel. Deux structures qui «permettront de créer jusqu’à 1 million d’emplois en quelques années», et dont la mise en place va changer «la manière d’intervenir de l’Etat».

A ce jour, l’Etat intervient à travers le titre 2 du budget, dédié à l’investissement, et dont les ressources ne représentent qu’un tiers du total. Dorénavant, ce sont la Caisse des Dépôts et Consignation et le Fonds générationnel «sponsorisé par l’Etat qui vont s’endetter et non pas l’Etat lui-même».

Nécessaire, la mise en place de ces deux instruments n’est toutefois pas suffisante aux yeux du ministre des Finances. La réussite du processus de consolidation démocratique nécessite également la mise en œuvre de réformes, dont en particulier celles du système financier –notamment bancaire-, et de l’appareil d’Etat. Le système bancaire devra être restructuré –et une partie des financements à venir y seront dédiés, indique le ministre-, car dans l’état actuel et en raison de ses problèmes, «il ne sera pas en mesure d’accompagner les grands projets» à venir.

«Vétuste», l’appareil d’Etat devra lui aussi subir un «reengineering» pour «être en ligne avec les aspirations des jeunes qui ont fait la révolution et utiliser les méthodes qu’ils comprennent».

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