Tunisie : Abdelfattah Mourou,«Pourquoi j’ai défendu Hédi Djilani»

Répondant à des interrogations sur les raisons qui l’ont poussé à accepter de défendre Hédi Djilani et pas d’autres, lors d’une rencontre avec des jeunes et des représentants de la presse, Me Abdelfattah Mourou a expliqué qu’il s’agissait en fait de préserver les intérêts des employés d’une usine appartenant à l’ancien président du patronat.

«Hédi Djilani emploie 250 (parmi les 6.000) personnes qui se sont vu refuser l’accès à leur propre usine. Ils voulaient porter plainte pour licenciement. J’ai contacté Hédi Djilani pour lui en demander les raisons, il m’a répondu que l’usine a été mise sous séquestre sous prétexte qu’il était allié à la famille de l’ancien Président». Après vérification et documents à l’appui prouvant que l’usine a été créée en 1974, Me Mourou s’est présenté au tribunal pour attester du fait que Hédi Djilani avait bel et bien créé l’usine de son propre argent et a sollicité la levée de la mise sous séquestre : «Il n’était pas logique de mettre un administrateur judiciaire sur des biens qui appartenaient au plaignant et n’avaient rien à voir avec l’ancien Président ou sa famille. Les citoyens tunisiens n’ont-ils pas tous le droit d’être défendus, aurais-je défendu un dictateur? J’ai défendu 250 travailleurs qui sont venus me remercier et me dire, ‘’grâce à vous, nous avons gardé nos emplois’’».

Me Mourou a profité de cet exemple pour insister sur le droit de tous les Tunisiens a être défendus, interpellant au cours de cette même rencontre un journaliste qui l’a sermonné à propos de l’affaire en question: «Si par malheur, votre beau-frère est un voleur, ou un arnaqueur et qu’on vous enlève vos biens, estimez-vous que vous avez le droit à une justice ou pas? La révolution impliquerait-elle que ceux qui ont commis des délits et d’autres qui n’en ont pas commis soient mis dans le même sac? Ceci étant, je connais personnellement très bien Hédi Djilani et il a hérité sa fortune de feu son père qui a lui-même fondé nombre d’usines de textiles dans le pays».

La cour a statué en son âme et conscience et sans aucun parti pris: «Il n’y a donc pas eu de «mic mac» comme on a eu tendance à le penser, quant à ce qui est diffusé sur le net, cela s’appelle «tagria zeyda» (un rot de plus), celui qui veut roter, le fait sur le net, il y en a qui disent qu’ils ont entendu parler de certains faits invérifiables et d’autres qui disent des choses fondées et s’il ne s’agit que de cela pour vous convaincre, je vais dès mon retour chez moi naviguer et mettre sur le Net tout ce que j’ai envie de dire!».

Eh non, il n’est pas facile de déstabiliser un Me Mourou…

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