Les entreprises tunisiennes savent-elles gérer leurs risques?

bcc-tunis2011.jpgLes sinistres qu’ont  subis les entreprises tunisiennes, lors de la période d’insécurité, ont levé le voile sur une sous-évaluation des risques. Un grand nombre d’entreprises ne prévoyait pas  un plan de continuité des affaires qui auraient, du moins, prédi certains risques encourus. Personne en Tunisie ne prévoyait ce qui venait de se passer. Les risques autant que les crises ne sont pas facilement identifiables à court terme, mais à long terme, tous les scénarios sont possibles. Il suffit de faire travailler son imagination!

C’est ainsi qu’une table ronde sur la crise tunisienne et les impacts sur la continuité d’activité des entreprises a fait partie du programme du Business Continuity Convention 2011, organisé le 14 avril 2011 à Tunis. Il s’agit d’une journée de conférences internationales, organisée par AB-DB., qui a ouvert un bureau en Tunisie, suite aux événements qui ont changé la face de notre pays. La manifestation a été largement suivie par les professionnels tunisiens -composés essentiellement d’agences de consulting et de conseil-, venus en masse. Des ateliers ont été organisés par les partenaires et sponsors de l’événement pour présenter leurs recommandations en matière de gestion de crise.

La table ronde d’ouverture a engagé un débat intéressant au cours duquel il a été question du rôle du plan de Continuité des Affaires dans la prévention des risques et dans la facilitation de gestion des crises. Une question qui n’est pas réellement «en vogue» dans les entreprises tunisiennes. L’intérêt étant limité. D’ailleurs, lorsque l’un des intervenants s’est adressé à l’assistance pour savoir le nombre des DG et PDG présents, un seul a levé la main. Ce qui montre le grand décalage par rapport à ce qui se passe.

«Le Plan de Continuité des Affaires (PCA) était un plan qu’on ne prévoyait jamais», lance un intervenant. On estimait qu’il représentait une charge lourde pour l’entreprise et ne constituait, donc, pas une priorité. «Le coût de la continuité doit être intégré dans l’activité. Dans les entreprises les plus développées, cette question ne se pose même pas. C’est une évidence. Et puis dans d’autres pays, on multiplie les modalités pour encourager les entreprises à adopter le PCA. Au Maroc, par exemple, il est financé par des fonds internationaux. Ceci témoigne de son importance pour l’entreprise», ajoute-t-il.

Et puis les situations par lesquelles sont passées les entreprises tunisiennes étaient de toutes sortes. «Un tsunami de crises et de “crisettes”», affirme Tarek Akrout, expert PCA Devoteam Tunisie, à commencer par l’arrêt des activités, en passant par la défaillance des fournisseurs, les problèmes de financement et se terminant par les tensions sociales, etc. Même pour les entreprises qui avaient des systèmes de prévention des risques, la situation était tout à fait imprévisible.

Un représentant de la BIAT affirme que le PCA ne prévoyait, par exemple, une crise au sein des agences. Puis il rappelle que plusieurs d’entre elles ont été brulées ou ont subi des dégâts considérables. «C’est pour cela qu’il faut avoir une vision globale qui prévoit toutes les alternatives même celles qu’on n’aurait jamais imaginée», souligne-t-il.

Les intervenants ont souligné que le PCA n’est pas seulement un plan de sécurité informatique puisqu’il englobe toute sorte de risque technique, logistique et humain. Un facteur clé du PCA, estime-t-on, est le facteur humain puisque c’est de lui que dépend la gestion du risque.

Bref, M. Akrout affirme que trois enjeux sont à retenir. Le premier consiste à élargir la couverture des risques; le deuxième à avoir une feuille de route PCA progressive; le troisième à instaurer une culture de gestion des crises pour maîtriser l’imprévu. Selon lui, on ne peut jamais construire un PCA idéal mais il s’agit de le construire progressivement puisqu’il y a toujours des risques éventuels qui resteront non identifiés. Les cellules de crise qui ont été créées dans une majorité des entreprises sont à renforcer mais doivent aussi être testées pour étudier leur efficience dans la gestion de certains risques lorsqu’ils se présentent.

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