Areva prépare le retour de ses expatriés au Niger

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à l’aéroport de Niamey (Photo : Issouf Sanogo)

[11/10/2010 19:11:20] PARIS (AFP) Près d’un mois après l’enlèvement par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) de sept expatriés dans le nord du Niger, le groupe nucléaire français Areva envisage le retour sur place d’une poignée de cadres afin d’assurer la continuité de ses activités d’extraction d’uranium.

L’industriel étudie la possibilité de renvoyer huit à dix ingénieurs sur ses installations d’Arlit (nord du Niger). Le retour de ces cadres se fera sur la base de rotations volontaires. “Un petit groupe est plus facile à protéger”, souligne une source proche du dossier.

“Dès que les conditions le permettront (…), Areva organisera le retour de quelques expatriés”, confirme une porte-parole du groupe.

Le Niger est un pays stratégique pour Areva. Le groupe y extrait 27% de son uranium, dont il est le premier producteur mondial.

Les enlèvements d’Arlit dans la nuit du 15 au 16 septembre, revendiqués par Aqmi, qui détient les otages (cinq Français, un Togolais et un Malgache) dans le nord-est du Mali, ont forcé l’entreprise et ses sous-traitants à évacuer dans l’urgence quelque 130 personnes.

Deux mines et leurs usines de traitement d’uranium fonctionnent depuis avec du personnel “à 98% nigérien”.

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ée le 30 septembre 2010 par un site islamiste, des otages français d’Aqmi au Sahel, dont la seule femme du groupe, le visage flouté

En temps normal, une trentaine d’expatriés épaulent les quelque 2.400 employés travaillant pour les sociétés Somaïr et Cominak, qui gèrent sur place les deux mines du groupe public français.

La production des mines et des usines “peut tenir comme ça pendant deux ou trois mois”, selon la source proche du dossier. Mais, en l’absence d’expatriés, elles risquent de perdre en rendement au fil des semaines.

“Les Nigériens savent parfaitement exploiter les mines mais l’entretien et la maintenance des engins miniers, qui sont des machines assez complexes, nécessitent des compétences particulières”, ajoute cette source.

En outre, les usines, qui fabriquent du “yellow cake” (poudre d’uranium), sont “vieilles de 30 ans” et réclament des travaux de maintenance importants pour lesquels “il y a besoin d’expertise d’expatriés et de sous-traitants”, selon la même source.

Un “arrêt-usine” était ainsi prévu chez Somaïr en décembre et chez Cominak en mars. “Si on ne fait pas correctement ces arrêts-usines, on a rapidement des difficultés dans la production”, indique la source proche du dossier.

Ces difficultés risquent d’intervenir alors même que la mine Somaïr est en phase d’augmentation de sa production, ce qui nécessite l’intervention de spécialistes actuellement absents du site.

Cette mine à ciel ouvert doit porter sa production à 2.600 tonnes d’uranium en 2010 contre 1.800 tonnes l’an dernier. Celle de Cominak, une des plus grandes mines d’uranium souterraine, doit produire 1.500 tonnes de minerai cette année, contre 1.435 en 2009.

Si la crise actuelle persiste plus de trois mois, les objectifs de production risquent donc de ne pas être atteints.

Le retour d’expatriés semble en revanche plus compliqué sur le chantier d’aménagement de la future mine géante d’Imouraren, à environ 80 km d’Arlit.

Depuis mi-septembre, les travaux y sont stoppés. Ils risquent de ne pas reprendre de sitôt, en raison de la difficulté à assurer la sécurité d’un chantier de 700 à 800 personnes sur une zone de près de 200 km2 en plein désert.

Présentée par Areva comme la “deuxième du monde”, la mine d’Imouraren devait entrer en service fin 2013 mais cette échéance pourrait être retardée de quelques mois. Pour l’instant, le groupe affirme ne pas avoir de difficultés à fournir ses clients et peut toujours compter sur ses mines au Canada et au Kazakhstan.