Tunisie-Monétique : Pourquoi le paiement par carte bancaire a du mal à décoller?

monetiques-1.jpgAu mois d’avril 2010, les transactions par cartes monétiques ont atteint 3.668.065 pour un volume global de 394 millions de dinars. A la fin de ce même mois, le nombre de TPE installés s’est élevé à 10 933 et celui des commerçants affiliés à 13.678. Ce n’est pas grand-chose lorsque l’on sait que les porteurs de cartes ont dépassé les deux millions 100 mille soit  2 .121.825 au 30/05/2010. Les DAB  qui ne dépassaient pas les 1.100 en 2007 ont atteint le nombre de 1.246 en 2008, et 1.512 au 30/05/2010. Le nombre de recharges et de paiements de factures par mobile au 30/05/2010 s’est élevé pour sa part à 82.000 transactions pour un chiffre d’affaires de 526 mille dinars.

L’usage de la carte bancaire reste assez limité dans notre pays malgré les efforts fournis, «nous n’avons pas le réflexe d’utiliser la carte de paiement monétique dans d’autres usages que celui du retrait d’espèces, et lorsque vous vous hasardez à vouloir en user dans des entreprises publiques telles la STEG ou la SONEDE, indiqueun usager, il n’est pas sûr que la TPE fonctionne, la ligne téléphonique étant indisponible et réservée à des usages qu’on estime beaucoup plus importants. J’ai d’ailleurs eu l’occasion à maintes reprises de le vérifier lorsque je voulais utiliser ma carte pour payer des factures».

Le rôle de l’administration publique est donc important dans l’instauration de la culture monétique au niveau de la population bancarisée dans notre pays. Les activités monétiques occupent une place de plus en plus grandissante du fait même que les activités principales des banques se rapportent au paiement. Le nombre de porteurs de cartes a considérablement augmenté ces dernières années. La Tunisie a d’ailleurs été classée, dans le dernier rapport des Nations Unies sur les services bancaires, première à l’échelle maghrébine et parmi les meilleures places africaines dans le domaine de la bancarisation de l’économie, ce qui dénote de l’importance de la population titulaire d’un compte bancaire. 

L’Administration, les entreprises publiques doivent donc être plus actives et plus efficientes dans le développement des paiements par cartes bancaires. Tout d’abord en réservant des lignes dédiées aux TPE dans tous les guichets et services, en encourageant l’usage de la carte comme moyen de paiement privilégié et en rassurant les usagers quant à la fiabilité et à la sécurité des transactions.

Aujourd’hui dans notre pays, affirme M. Zarglayoun, «les exigences de sécurité et de qualités sont satisfaites et que ce soit avec la carte magnétique ou à puce, les technologies mises en place en matière de sécurisation sont très efficaces». L’indice de confiance  devrait donc augmenter. Cet indice devrait rassurer en premier lieu les commerçants toutes catégories confondues qui sont très sceptiques quant à l’usage par le client de sa carte bancaire. «Ils ne réalisent pas qu’une carte monétique est de loin plus sécurisante qu’un chèque par exemple car si le compte n’est pas créditeur, le rejet se fait illico presto, ce n’est pas le cas d’un chèque». Une fois la transaction par la carte autorisée, le commerçant a la garantie de paiement par la banque.  Qu’est-ce qui expliquerait dans ce cas le développement limité de l’usage de la carte bancaire dans les commerces?

Question de confiance et de transparence

Les enjeux commerciaux, l’élargissement de la gamme de services à la clientèle, l’évolution sociale dans le sens d’une plus grande prédisposition à consommer plus, l’augmentation du nombre de porteurs de cartes bancaires représentent normalement, autant de raisons pour inciter à un usage plus large de la carte monétique comme moyen de paiement. «Les petits commerces sont frileux et ne veulent pas que toutes leurs transactions soient enregistrées surtout s’ils ne déclarent pas la totalité de leur chiffre d’affaires. Nous sommes tenus, pour développer l’émission, de développer leur acceptabilité, ce qui d’ailleurs passe par un grand travail de sensibilisation et de communication loin d’être accompli aujourd’hui».

Monétique Tunisie compte lancer incessamment la carte «PayPass», une nouvelle carte pour s’acquitter des petits montants tel le paiement d’un taxi ou même d’une tablette de chocolat. Avec le mode de paiement sans contact PayPass, les consommateurs placent ou agitent tout simplement leur carte de paiement devant le terminal du commerçant. Ce nouveau procédé de paiement est très pratique pour les commerces. «L’opération ne prend pas plus de 3 secondes», précise M. Zarglayoun. En France, on vient tout juste de démarrer l’usage du PayPass dans la région de Nice.

Simple à utiliser, ne dépendant pas du réseau classique, le PayPass pourrait supplanter d’autres cartes monétiques et surtout évitera l’utilisation massive des espèces dans la vie quotidienne.

Dans notre pays, la BCT émet chaque année des billets de banque pour un coût de fabrication de près de 10 millions de DT par an. Imaginez le gain que nous pourrions tirer si l’on consacrait seulement le 1/10ème de ce montant à des campagnes de sensibilisation et de communication sur les avantages des cartes magnétiques à l’échelle nationale et si on en réservait une partie pour munir les administrations et les entreprises publiques des équipements nécessaires.

Peut-on dans ce cas croire que l’usage du mobile réussisse comme on l’espère en tant que canal de paiement alors que l’utilisation de la carte bancaire pour le paiement des achats peine à décoller?

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