Tunisie : Les PME doivent bénéficier des avantages de la recherche-développement, estime Chakib Nouira

Une douzième édition du Forum de Carthage dédiée aux investissements d’avenir et intitulé cette année «Investing in the Future», Investir dans le futur. La Tunisie anticipe et quoi de plus porteur que les technologies de pointe, nouvelles, avancées, efficientes pour assurer aux pays, pourvus uniquement des talents de leurs richesses et potentiels humains, une place au soleil dans un monde dans lequel l’économie est incessamment redessinée, reconçue dans une projection continuelle des tendances des marchés globalisés et des nouvelles exigences des consommateurs internationaux.

Avons-nous une culture pour une économie du savoir dans notre pays ? Chakib Nouira, président de l’IACE et paneliste au forum de la FIPA nous répond.

Webmanagercenter: L’économie du savoir, pensez-vous qu’elle est vraiment d’actualité dans notre pays ?

chekib-nouira-1.jpgChakib Nouira: Bien évidement et c’est dû à l’évolution de l’économie mondiale, d’une part, mais également à celle de la réflexion économique dans notre pays. Tout ce que nous sommes en train de réaliser en matière de formation, l’augmentation du nombre des écoles d’ingénierie et d’ingénieurs, le renforcement de la partie scientifique dans les cursus scolaires et universitaires pour que les jeunes d’aujourd’hui s’orientent plus dans les nouvelles technologies. Il faut que les entrepreneurs, sans abandonner leurs activités classiques, évoluent dans le processus de diversification normale et pensent à investir dans les secteurs innovants. Beaucoup le font et certains le font avec beaucoup de succès. Je connais des entreprises locales qui emploient à l’export sur des services d’informatique entre 400 et 500 ingénieurs tunisiens.

De grands investisseurs étrangers le font également, je cite entre autres Fidelity, le numéro 1 mondial des fonds d’investissement, emploie en Tunisie 700 ou 800 personnes pour la plupart des ingénieurs pour gérer leur informatique à l’échelle planétaire. L’informatique d’entreprises situées à Chicago ou à Pékin est gérée à partir de la Tunisie. C’est courant, peu de gens le savent mais c’est le fruit de tous les efforts déployés dans l’éducation et l’enseignement depuis l’indépendance et également des investissements plus récents dans la connaissance et les nouvelles technologies.

Au niveau de l’IACE, vous avez développé la réflexion sur la Recherche-Développement et les nouvelles tendances économiques à l’échelle internationale. Quelles sont vos conclusions ?

L’IACE (Institut arabe des chefs d’entreprise) est un think tank; nous observons, réfléchissons, étudions et anticipons surtout lorsqu’il s’agit d’innovation et de nouvelles technologies, nous voulons rester en phase avec tout ce qui arrive de par le monde. En octobre 2010, nous organisons une journée très importante sur les nouvelles énergies en collaboration avec le ministère de l’Industrie et de la Technologie. Cette journée verra la participation de la crème des experts et entrepreneurs dans les nouvelles technologies à l’international.

Nous estimons que la Tunisie doit être à la pointe des nouvelles tendances et réflexions économiques à l’échelle planétaire. Nous voulons développer les activités à haute valeur ajoutée, ce qui implique que nous devons pouvoir former les compétences allant avec.

Pensez-vous que la culture entrepreneuriale en Tunisie est imprégnée des trois axes Recherche/Développement/Innovation ?

Il ne faut pas aller plus vite que la musique. Vous savez, le tissu entrepreneurial dans notre pays est formé en grande partie par des PME; et souvent qui dit PME, dit entreprises performantes, à taille humaine, mais ne disposent pas de beaucoup de moyens; et c’est là qu’interviennent toutes les structures publique développées à l’échelle nationale et qui les aident. Il est d’ailleurs du devoir des collectivités d’avoir des structures qui soutiennent et aident ces PME pour qu’elles bénéficient des avantages de la recherche développement.  Il y a des entreprises qui ont su se restructurer et s’organiser pour diversifier leurs activités et développer la composante technologie; elles investissent dans la veille technologique, dans la recherche et l’innovation, d’autres ont des priorités différentes dont la transparence, la mise à niveau, la restructuration. La Tunisie est un pays qui bouge à tous les niveaux.

Ces dernières années, on a beaucoup parlé de la crise du secteur textile tunisien. Selon vous pourrait-il s’en sortir par la technologie ?

Une petite précision, la crise du textile n’est pas uniquement tunisienne, elle est internationale, le pays le moins touché par cette crise est la Tunisie pour la simple raison que nous avons réalisé la mise à niveau. Les entreprises sont montées en gamme, elles font des produits plus élaborés sur lesquels elles souffrent moins de concurrence des très low cost d’Asie en particulier. Si nos entrepreneurs se mettent à niveau, font de la qualité, montent en gamme et sont assez performants pour entrer dans ce qu’on appelle le circuit court, je crois que non seulement le textile tunisien continuera à avoir de beaux jours devant lui mais je pense même qu’il a une grande capacité de progression.

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