En visite en Irak, Estrosi renforce la présence économique française

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çais Christian Estrosi, le 25 février 2010 à Bagdad. (Photo : Fred Dufour)

[25/02/2010 22:35:02] BAGDAD (AFP) La France a affiché jeudi sa volonté de redevenir un des partenaires de premier plan de l’Irak en signant plusieurs contrats à l’occasion de la visite à Bagdad puis au Kurdistan irakien du ministre français de l’Industrie Christian Estrosi.

Ainsi, le groupe cimentier Lafarge, qui possède déjà deux cimenteries dans le nord de l’Irak, a signé une lettre d’intention pour la réhabilitation de la cimenterie de Kerbala (sud de Bagdad), et le groupe d’ingénierie pour l’industrie pétrolière Technip a conclu un accord pour un schéma directeur dans le secteur de la pétrochimie.

Par ailleurs, Renault Trucks (poids-lourds), filiale de Volvo, a signé un protocole d’accord pour l’installation de deux chaînes de montage. Aucune indication n’a été donnée sur le montant de ces contrats.

La France est pour l’instant un partenaire économique marginal de l’Irak. Les exportations françaises ont doublé l’an dernier pour atteindre 413 millions d’euros mais restent bien loin des niveaux connus dans les années 1970-80, lorsque la France était le partenaire privilégié du régime de Saddam Hussein.

Et les investissements sont à la traîne puisqu’ils ne représentent que 1% des placements étrangers dans ce pays.

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évrier 2010 à Bagdad. (Photo : Fred Dufour)

A Bagdad, M. Estrosi a appelé les entreprises françaises à s’implanter en Irak pour gagner ce marché gigantesque, après les menaces du gouvernement irakien de refuser d’accorder des contrats à ceux qui refuseraient de s’y installer.

“Les affaires commerciales avec les Irakiens se traitent d’ici, à Bagdad, et non depuis les capitales avoisinantes”, a déclaré le ministre français.

“Aujourd’hui il est possible, à condition de respecter certaines conditions de sécurité (…), de revenir à Bagdad et d’y faire des affaires”, a insisté M. Estrosi, venu inaugurer un centre d’affaires destiné à aider les entreprises françaises.

En visite pour une journée, il était accompagné de représentants d’une vingtaine de sociétés françaises et de quatre parlementaires.

Paris a bien reçu le message délivré par Bagdad. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki avait récemment fait savoir qu’il ne donnerait des contrats qu’aux entreprises étrangères venant s’installer dans son pays. “Nous leur offrirons la sécurité et elles n’ont pas besoin de s’installer chez les voisins”, avait-il dit.

Lors d’une rencontre avec M. Estrosi, M. Maliki a appelé la France à investir en particulier dans les domaines de l’agriculture, de l’aviation civile et de l’assainissement de l’eau, selon le ministre français.

M. Estrosi s’est ensuite entretenu avec le président Jalal Talabani dans la région autonome du Kurdistan.

Les échanges politiques et économiques entre la France et l’Irak se sont multipliés depuis un an. Le président français Nicolas Sarkozy puis le Premier ministre François Fillon, accompagné d’une dizaine de chefs d’entreprises, se sont rendus l’an dernier en Irak et M. Talabani a effectué une visite à Paris.

Pour Paris, il s’agit de ne pas passer à côté du gigantesque marché irakien, alors que le pays qui recèle les troisièmes réserves mondiales de pétrole a des besoins de reconstruction estimés à 400 milliards de dollars.

Pour autant, les sociétés françaises restent prudentes à cause des conditions de sécurité. C’est le cas de Technip, qui opère depuis l’étranger, en envoyant des équipes sur place pour des durées limitées.

La situation actuelle permet de le faire sans risque, à condition que les équipes soient escortées, “mais si la sécurité redevient critique, nous n’enverrons personne”, explique son directeur général, Bernard Di Tullio.