Tunisie-Libye : Une portière ? Quelle portière ?

La Tunisie vient de participer, à Tripoli, à la célébration par la Libye du 40e
anniversaire du 1er Septembre 1969 et aux travaux du Sommet spécial de l’Union
africaine (UA) sur l’examen et le règlement des conflits en Afrique.

On dit que tout va bien entre la Tunisie et la Libye et c’est tout à fait vrai.
Nos relations n’ont jamais été aussi amicales et cela fait du bien aux
entreprises qui s’y investissent, aux citoyens des deux côtés qui y trouvent
leur compte et bien sûr aux économies nationales respectives. Question relations
bilatérales donc, l’essor global qu’ils connaissent depuis des années a ouvert
beaucoup de voies de coopération dans tous les domaines et a permis d’envisager
un avenir commun dans de nombreux segments.

Forts de ces relations solides, les deux pays se voient depuis longtemps comme
une portière vers l’Afrique ; comprenez un point de passage entre l’Union
européenne et l’Afrique profonde. L’enjeu en vaut la chandelle, certes.
Seulement, c’est avec la réalité objective et les chiffres précis que l’on peut
jouer un tel rôle. Ce qui revient à s’interroger sur les relations
multilatérales.

Malheureusement, dans le chapitre multilatéral, porteur des plus grandes
perspectives et des investissements directs et indirects à grande échelle, tout
indique que nous en sommes encore loin en Afrique. Le multilatéral, c’est tout
ce qui est action commune à plusieurs pays africains et cela implique que les
pays en question partagent une vision commune, des pratiques harmonisées
(particulièrement dans les règlements commerciaux), des projets où les intérêts
s’imposent comme des évidences…

Par-dessus tout, les pays africains doivent permettre une circulation fluide des
personnes des biens et des capitaux… et c’est là que le bât blesse ! Car nous en
sommes encore à parler de conflits armés, de menaces contre la sécurité et la
paix, de persistance de foyers de tension.

On ne peut parler d’action africaine commune sans avoir, bien en amont, trouvé
les moyens permettant le règlement des conflits, sans sécurité, sans stabilité,
sans développement d’ensemble des peuples africains, sans solidarité, sans
complémentarité… Sans tout cela, pas de portière qui tienne. Quand on construit
une portière, on doit se demander sur quoi elle va ouvrir !