Près de dix ans après l’ouverture du premier hypermarché (Carrefour, le 16
	avril 2001), la grande distribution franchit un nouveau pallier dans sa
	modernisation avec l’adoption par la Chambre des députés, mardi 21 juillet
	2009, d’un projet de loi modifiant et complétant la loi sur le commerce de
	distribution. 
	Qualifiée de «véritable révolution» par la député Chadlia Boukhchina, cette
	réforme ouvre la voie à l’introduction de deux nouveautés importantes : la
	franchise et les centrales d’achat.
	Evoquée depuis longtemps, la franchise va enfin devenir une réalité en
	Tunisie. Le contrat de franchise qui établit la relation entre franchiseur
	et franchisé stipule que l’octroi par le premier au second d’un «droit
	d’exploitation d’une appellation ou d’une marque commerciale» pour en
	distribuer les produits ou les services inclut «le transfert de l’expertise
	acquise et des compétences techniques et l’exploitation des droits de la
	propriété intellectuelle».
	En outre, le franchiseur –qui doit être «le détenteur des droits de
	propriété de la marque ou de l’appellation commerciale»- est tenu d’assurer
	au franchisé «un soutien commercial et technique» et de mettre à sa
	disposition «toutes les informations sincères sur le réseau (de franchise)
	durant la période du contrat».
	De son côté, le franchisé a l’obligation de communiquer au franchiseur les
	informations concernant les ventes et sa situation financière et de
	l’autoriser, lui ou toute personne qu’il mandaterait, à visiter le local où
	s’exercice l’activité, durant les heures normales d’ouverture.
	Un décret doit ultérieurement définir les «conditions minimales» que le
	contrat de franchise doit garantir ainsi que «les données minimales» qu’il
	doit contenir.
	La deuxième innovation introduite par la loi dans sa nouvelle mouture
	concerne la création de centrales d’achat définies comme des entités
	achetant des produits «pour le compte de leurs adhérents commerçants de la
	distribution en gros ou au détail, à des prix et à des conditions
	préférentielles».
	L’adhésion à une centrale d’achat se fait par un contrat précisant les
	engagements des parties et le taux de la commission que cette entité perçoit
	en rémunération de ses prestations. 
	Toutefois, le commerçant de distribution a la possibilité de créer sa propre
	centrale d’achat.
	Ayant pour finalité «la modernisation, la mise à niveau du secteur et la
	garantie de l’équilibre entre ses différents intervenants», le nouveau texte
	introduit également une nouvelle disposition concernant les rapports entre
	ces derniers. De fait, l’article 12 traitant des relations commerciales fixe
	des délais bien précis à ne pas dépasser pour le règlement des achats
	effectués. Ces délais ne doivent pas dépasser les 30 jours pour les produits
	alimentaires, les 90 jours pour les meubles et équipements électroménagers,
	et 60 jours pour tous les autres produits, à partir de la date de la
	livraison.
	Cette disposition a suscité une vive réaction, certains députés qui y ont vu
	une atteinte à une liberté essentielle dans les relations entre opérateurs
	économiques et une décision difficile à supporter par les plus petits
	d’entre eux. 
	«Cette loi est révolutionnaire mais on ne peut pas l’appliquer aux petits
	commerçants ambulants dont le revenu ne leur permettrait même pas de payer
	l’amende. Aussi, je vous prie de prendre votre temps dans l’application de
	la loi. Sinon, la courbe du chômage va monter». Une remarque à laquelle M.
	Ridha Ben Mosbah, ministre du Commerce et de l’Artisanat, a répondu en
	rappelant que les commerçants ont un délai de 6 mois pour se mettre en
	conformité avec les nouvelles dispositions et qu’une campagne de
	sensibilisation va être menée.
		

