Crise du lait : deux médiateurs pour tenter de désamorcer la colère des producteurs

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à Boulogne-sur-Mer (Photo : Denis Charlet)

[20/05/2009 04:27:56] PARIS (AFP) Le gouvernement a annoncé mardi la nomination de deux médiateurs pour tenter de désamorcer la colère des producteurs de lait, mobilisés dans toute la France, pour dénoncer la politique des pouvoirs publics et la baisse de leurs revenus.

La médiation doit “faciliter les discussions privées” entre producteurs et industriels pour fixer les prix du lait à court terme -pour le 2ème trimestre– et à plus longue échéance, en tentant de fixer un cadre de négociations.

L’objectif est d’obtenir un accord “dans la première quinzaine de juin”, a-t-on indiqué au ministère de l’Agriculture. La mission sera menée par Philippe de Guénin, directeur régional de l?alimentation, de l?agriculture et de la forêt des Pays de Loire, et Pierre Lepetit, inspecteur général des finances.

La médiation est “une bonne chose”, s’est félicité Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA. Cependant, il ne s’agit “pas de faire de la +parlotte+ mais de proposer et résoudre” rapidement la crise, a ajouté le patron du premier syndicat français. Il sera reçu mercredi matin par M. Barnier.

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éversent du lait devant la préfecture de la Sarthe le 19 mai 2009 au Mans (Photo : Jean-François Monier)

Pour la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), à l’origine du mot d’ordre de ce mardi, cette médiation “n’est qu’une première étape”. Elle laisse ses adhérents décider de la poursuite ou non des actions sur le terrain.

Ce geste du gouvernement répond à une forte mobilisation des producteurs devant les préfectures mais aussi dans la grande distribution.

Les éleveurs voulaient dénoncer la baisse de 30% du prix du lait. Une chute “historique” d’autant plus “insupportable” que le prix –aux environs de 21 centimes le litre– est désormais inférieur aux coûts de production.

L’Ouest, première région laitière de France, a été le théâtre de nombreuses manifestations, de la traite de vaches, au déversement de lisier ou de lait.

Au Mans dans une ambiance tendue, les producteurs ont jeté charriots, pneus, ordures, oeufs, sacs de purin ce qui a entraîné des jets de gaz lacrymogène de la part des CRS, a constaté un photographe de l’AFP. Selon des producteurs, le président de la chambre d’agriculture de la Sarthe a été “brûlé aux jambes” par une grenade lacrymogène et transporté aux urgences.

En Ille-et-Vilaine, le blocage des plates-formes de distribution entamé lundi se poursuivait toujours mardi.

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Evolution mensuelle et annuelle du prix du lait en France

La mobilisation était également importante dans les autres régions où des délégations de producteurs ont été reçues par les préfets.

Quelques manifestations insolites ont également eu lieu. Dans le Nord, le directeur d’un hypermarché a trait de bon gré une vache à la demande des agriculteurs qui avaient envahi son magasin. Devant la préfecture de l’Ain, à Bourg-en-Bresse, des éleveurs ont déposé, dans la nuit de lundi à mardi, quelque 3.000 chariots de grandes surfaces.

La FRSEA a prévu mercredi dans les Pays-de-la-Loire et dans une partie de la Bretagne “une journée blanche”, consistant à bloquer les camions de collecte.

Depuis plusieurs semaines, industriels, coopératives et producteurs sont incapables d’arriver à un accord sur le prix du lait.

La FNSEA et la FNPL ont rappelé mardi qu’elles souhaitaient une reprise des négociations dans le cadre de l’interprofession qui regroupe les trois familles de la filière.

Mais la difficulté est de définir le cadre juridique de ces négociations. Jusqu’en 2008, l’interprofession publiait une recommandation nationale des prix du lait, pratique à laquelle la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a mis fin pour distorsion de concurrence.

En décembre, les acteurs de la filière avaient convenu d’un accord selon lequel l’interprofession fixait des indicateurs de référence qui devait servir de base à des discussions en régions. Ce processus n’a pas fonctionné et les transformateurs ont fixé eux mêmes les prix, d’où l’exaspération des producteurs.