Japon : déficit courant record en janvier, la Bourse au plus bas en 26 ans

[09/03/2009 08:59:00] TOKYO (AFP)

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La Bourse de Tokyo a chuté lundi à son plus bas niveau en 26 ans après l’annonce d’un déficit courant record au Japon, illustrant la spectaculaire détérioration de la deuxième économie mondiale, qui était plutôt abonnée aux excédents courants gigantesques.

La balance des comptes courants –l’indicateur le plus précis de la situation d’une économie par rapport au reste du monde, qui mesure les échanges de biens, de services ainsi que les flux d’investissements internationaux– a subi en janvier un déficit sans précédent de 172,8 milliards de yens (1,4 milliard d’euros), le premier en 13 ans et le quatrième jamais enregistré.

Cette chute dans le rouge, nettement pire que celle prévue par les économistes, s’explique par la dégringolade des exportations (-46,3% sur un an) et des revenus des investissements japonais à l’étranger (-31,5%), selon les statistiques publiées par le ministère des Finances.

Ces chiffres ont également révélé un net ralentissement des investissements directs et de portefeuille réalisés à l’étranger par des résidents japonais.

“Cela suggère qu’un nombre de plus en plus élevé d’entreprises japonaises sont confrontées à un manque de liquidités”, a relevé Hiromichi Shirakawa, économiste au Crédit Suisse, en estimant que cela pourrait prochainement aboutir à une envolée des taux d’intérêt pratiqués au Japon.

“Jusqu’à présent, les banques commerciales ont répondu à ce manque. Mais, comme les banques font face elles-mêmes à des problèmes de capitalisation, une intervention plus vigoureuse de la Banque du Japon sur les marchés sera probablement nécessaire à court terme”, a estimé M. Shirakawa.

Le Japon enregistre traditionnellement un des plus grands excédents courants du monde grâce à la vigueur de ses exportations et de ses investissements à l’étranger, ainsi qu’au taux d’épargne élevé de ses ménages.

Mais la crise financière mondiale est en train de bouleverser la donne, la demande en automobiles ou encore en produits électroniques japonais s’étant effondrée à l’étranger, et les rendements des investissements nippons ne cessant de rétrécir à cause de la tourmente boursière et de la chute de la valeur des actifs en tout genre.

“Le Japon dépend de la demande extérieure et son économie ne reviendra pas à la santé tant que les exportations n’auront pas redémarré”, a averti Mitsushige Akino, gérant de fonds chez Ichiyoshi Investment Management.

Selon lui, les chiffres des comptes courants publiés lundi “montrent que la reprise continue à être hors de portée” pour le Japon.

Minée par ces mauvaises nouvelles, la Bourse de Tokyo a terminé la séance de lundi au plus bas en 26 ans. L’indice Nikkei a lâché 1,21% à 7.086,03 points, son plus faible niveau de clôture depuis le 6 octobre 1982.

L’indice phare du marché tokyoïte a chuté de plus de 20% depuis le début de l’année, et de plus de 60% par rapport à son pic de juillet 2007, juste avant le début de la crise financière mondiale.

“Il est parfaitement possible que le Nikkei chute au niveau des 6.000 points”, a prévenu M. Akino. D’après lui, “quand on pense aux risques auxquels fait face l’économie américaine, il est même déraisonnable que l’indice se maintienne autour des 7.000”.

Le nombre de faillites d’entreprises au Japon a bondi de 21% sur un an en février, selon un rapport publié également lundi. Un total de 1.131 sociétés ont mis la clé sous la porte, laissant un passif de 1.197,8 milliards de yens (9,6 milliards d’euros), plus que doublé par rapport à février 2008.