Emploi : L’offre (pléthorique) de nos diplômés!

On ne compte plus les mesures destinées à faire coïncider
l’offre (pléthorique) de nos diplômés du supérieur avec la demande des
entreprises. Forums, sessions de formation continue, salons de l’emploi plus ou
moins spécialisés se multiplient…

Ainsi, la quatrième édition du ”Job Salon” s’est-elle
ouverte le 24 février. Une journée qui a été dédiée aux candidats de «toutes
spécialités» qui, indépendamment de leur formation de base, savent manier le
français, l’anglais, ou l’italien, et même l’allemand et l’espagnol comme leur
propre langue maternelle. On notera au passage que les centres d’appels
recrutent à tout va, trouvant dans notre pays, réputé pour son ouverture, un
véritable vivier de polyglottes. Ce qui n’aura pas échappé aux services de
prospection marketing des entreprises internationales. Qui ne sont pas
particulièrement regardantes question diplômes. Dans le même ordre d’idée, on
notera également le “Phone Emploi Expo”, qui se déroulera du 5 au 7 mars à La
Charguia.

Et voici que le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche
scientifique et de la Technologie offre 4.500 de nos diplômés-chômeurs de longue
durée (depuis l’an 2000), la possibilité de s’inscrire en mastère professionnel.
Histoire justement de renforcer l’employabilité de nos jeunes (et moins jeunes),
en leur prodiguant des cours d’informatique, de télécommunications, de langues…
Bref autant d’atouts (supposés) pour décrocher un job. Ces formations
concerneront la bagatelle de 120 spécialités, disponibles dans 61 universités.
Autant dire qu’il s’agit là d’un gros effort fournis par nos responsables.

Sauf que… Les statistiques martelées par la presse nationale et que l’on
retrouve, précises et détaillées sur les sites d’autres ministères, ne sont pas
des plus encourageantes. Elles auraient même tendance à doucher l’enthousiasme
des plus déterminés. Un petit tableau publié par le portail de notre ministère
de l’Emploi et de l’Insertion professionnelle des Jeunes, est révélateur à cet
égard. C’est qu’au fil des années, l’évolution du profil de nos chômeurs s’est
révélée pour le moins surprenante. Les chiffres exposés pourraient même choquer
ceux qui ont été longtemps habitués à voir en l’université le vivier de nos
entreprises, le moteur de notre croissance.

Ainsi, il apparaît qu’en 2007, nos ”non-diplmoés” n’ont que 5,9% de chance
de se retrouver au chômage (15,2% en 1984). Les maitrisards de nos facultés,
eux, ont près d’une chance sur cinq de se retrouver «à la recherche d’un emploi»
(contre 2,3% en 1984). Le plus frappant, c’est que plus on est éduqué, moins on
a de chance de trouver du travail. Ainsi, ceux qui se sont arrêtés à l’école
primaire sont nettement privilégiés par rapport à ceux qui ont atteint le niveau
de l’enseignement secondaire. Puisque quand les premiers doivent faire face à un
taux de chômage de 13,5% (22,4% en 1984), les seconds doivent composer avec un
taux de 15,4% (contre 11,7% en 1984).

En somme, depuis 2007, il apparaît que plus on étudie, moins on a de chance
de décrocher un emploi. Pis : en prenant ces chiffres au pied de la lettre, on
aurait presque intérêt à encourager l’analphabétisme. Ce qui serait presque
sacrilège dans un pays comme le nôtre qui a toujours misé sur la matière grise
de ses enfants. Les plus pointilleux rétorqueront que les mieux formés ne
brigueront pas nécessairement les mêmes postes que les illettrés. Il ne s’agit
assurément pas des mêmes emplois, tous les métiers ne rentrant pas dans les
mêmes catégories. C’est à voir.

Cette vision ségrégative fait partie de l’histoire ancienne. Nos jeunes ne
rechignent plus à accepter les jobs autrefois considérés comme des pis-aller.