Hosni Mahjoub : ”La Tunisie peut tirer profit de la crise financière internationale !”

Par : Tallel

Interview avec M. Hosni Mahjoub, expert international dans le
domaine de l’Intelligence Economique et Stratégique.

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: Quel est votre avis avez-vous sur cette crise et de son impact ?

Hosni Mahjoub : Je pense que cette crise aura un effet variant selon le
degré d’intégration des pays dans le système financier international. Par
exemple, du côté de l’Afrique, la plupart des marchés financiers sont
illiquide et ayant peu de lien avec ce système, bon nombre de pays ont été
largement épargnés par les effets de contagion sévères qu’ont subis les pays
développés. Toutefois, la récession économique affectera directement
l’économie de ces pays, laquelle économie demeure vulnérable à cause des
liens financiers qui la rattachent aux marchés de capitaux mondiaux (la
réduction du financement des échanges commerciaux et des investissements
diminuera la croissance enregistrée dans certains pays africains pendant ces
dernières années).

Du côté de la Tunisie, plusieurs avis partagent l’idée que la crise
financière internationale n’aura pas un grand effet sur notre pays. Mais la
question à laquelle nous sommes invités n’est-elle pas plutôt: ‘’comment
tirer profit de ce changement et même de la crise dont la Tunisie compte
parmi les rares pays épargnés, afin d’améliorer notre compétitivité et notre
position à l’échelle internationale ?’’.

Vous pensez donc que la crise est une opportunité pour la Tunisie?

Oui, à mon avis ça pourrait être une opportunité pour la Tunisie.

Comment ?

Les analyses que nous observons à partir de la Tunisie ou de l’extérieur
montrent la bonne image que notre pays bénéficie auprès des organisations et
institutions internationales et régionales, selon lesquelles parlent de
laTunisie comme un pays qui a su protéger ses intérêts et prendre les bons
choix pour maintenir la croissance de son économie, améliorer sa
compétitivité et attirer les investisseurs, tout cela grâce aux bonnes
orientations stratégiques du gouvernement, à la qualité de nos ressources
humaines, de leurs compétences et de leurs adaptations aux différentes
situations.

Aujourd’hui, la situation devient de plus en plus complexe dans un
environnement international très perturbé, instable où toute prise de
décision contient un taux de risque élevé ; et, pour leur part, les
investisseurs perdent de plus en plus la confiance dans les places
financières internationales et dans la crédibilité d’un système financier
qui a montré d’énormes défaillances.

Dans ce contexte, leur comportement (les investisseurs) se caractérise
par des changements brusques de sentiment et des flux rapides de capitaux en
direction ou sortant d’un pays. Ces derniers seront donc à la quête d’autres
pistes d’investissements, en particulier les financements à court terme et
là, à mon avis, il s’agit d’une opportunité pour la Tunisie afin de mieux
faire entendre sa voix en tant que pays de référence ayant réussi des
grandes performances et disposant des critères nécessaires pour attirer ces
flux de capitaux !

Je rappelle aussi dans ce cadre que l’hebdomadaire britannique «Sunday
Times» avait classé la Tunisie parmi les six pays qui présentent le moins de
risques pour les investissements au cours de l’étape actuelle (réf. article
Webmanagercenter).

En tant qu’expert, quel rôle pourrait avoir l’IE face à cette crise,
selon vous ?

Ecoutez, à mon avis, la crise n’est qu’un épisode de destruction
créatrice et de reconstruction de système. Ainsi, celui qui en profitera,
c’est celui qui aura agi intelligemment pour se positionner parfaitement
dans ce nouveau système tout en surveillant les différents agissements de
son environnement ; et c’est là l’importance de l’intelligence économique
avec ses concepts fondamentaux (la veille et l’analyse stratégique, la
communication intelligente le travail en réseau,..) lesquels fondamentaux
constituent ce levier de performance pour l’entreprise et de la réforme de
l’Etat (sécurité économique, intelligence territoriale, gestion de
l’innovation,….) dont nous avons besoin !

Pouvez-vous nous rappeler en quoi consiste le concept d’’’Intelligence
Economique ?

L’intelligence économique permet aux acteurs économiques de mieux
maîtriser leurs environnements afin de prendre l’avantage. Il s’agit d’un
véritable outil de management et de décision qui permet d’alimenter la
réflexion stratégique en amont, puis de piloter les choix tactiques en aval.

Aujourd’hui, dans un monde caractérisé par une concurrence acharnée qui
nous impose un surcroît de créativité, de prise d’initiative, d’innovation
et de la communication, la maîtrise de tous les aspects de l’IE pourra
apporter un véritable avantage pour une entreprise ou un pays.

Quelles recommandations avez-vous dans ce contexte de crise?

Je pense qu’avec les atouts dont dispose la Tunisie, il faudra gagner des
nouvelles positions sur le marché international, investir les réseaux
d’excellence et attirer les investisseurs à la recherche des compétences
humaines de qualité pouvant leur assurer une bonne rentabilité financière
sur des marchés émergents en pleine croissance. A nous donc de savoir
valoriser l’image de ce petit pays avec des grands hommes, et c’est
précisément cet esprit de conquête que porte l’intelligence économique au
profil d’une nation !

Mais dans tout cela, il faudra garder en vue l’esprit du partage et de
solidarité, nous devons investir ensemble car nous ne pourrons avancer les
uns sans les autres : telle est la vision que nous devons renforcer pour
bien réussir nos démarches, faire face aux prochaines crises qui peuvent
surgir et nous préparer à un meilleur avenir.