Les marchés asiatiques s’offrent une embellie avant l’élection américaine

[03/11/2008 20:01:41] PARIS (AFP)

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Un investisseur chinois suit les mouvements de la Bourse de Shanghai, le 3 novembre 2008 (Photo : Liu Jin)

L’annonce lundi d’une récession en zone euro en 2008 et d’une forte hausse du chômage d’ici 2010 a renforcé la prudence des marchés financiers, attentistes avant l’élection présidentielle américaine de mardi.

La zone euro devrait connaître une récession en 2008, avec un recul du produit intérieur brut (PIB) sur les trois derniers trimestres, puis une croissance au point mort en 2009, selon les prévisions d’automnes publiées à Bruxelles par la Commission européenne.

Le taux de chômage devrait en conséquence grimper de plus d’un point d’ici deux ans (de 7,6% en 2008 à 8,7% en 2010), selon la Commission.

La gravité du ralentissement économique en zone euro avait déjà été confirmée dans la matinée par la révision à la baisse de l’indice des directeurs d’achat (PMI) pour le secteur manufacturier en octobre.

Elle l’a été encore avec l’annonce d’une chute de 40% des immatriculations de voitures neuves en Espagne en octobre, et d’un recul de 7,3% des ventes de véhicules en France.

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à la Bourse de Manille, le 3 novembre 2008 (Photo : Jay Directo)

La crise financière “n’est pas terminée” malgré un début d’accalmie constaté sur les marchés, a mis en garde le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia, pour qui la situation sur les marchés boursiers et financiers reste “précaire”.

En Europe, après des ouvertures hésitantes, les grandes places financières ont toutes fini avec des hausses modestes: +1,51% pour Londres, +1,17% pour Paris, +0,62 pour Francfort, +1,12% à Milan.

Comme pétrifiée avant l’élection présidentielle américaine, Wall Street hésitait et se retrouvait à l’équilibre peu avant 17H00 GMT, avec un Dow Jones à +0,24% et un Nasdaq gagnant 0,60%.

Les Bourses du Golfe ont, elles, fini en baisse sauf le marché saoudien, le plus important des pays arabes, qui s’est arrogé 1,52%.

La hausse avait été plus marquée en Asie, où Hong Kong et Singapour ont gagné respectivement 2,69% et 5,0%. En revanche, Shanghai a perdu 0,52%. La Bourse de Tokyo était fermée pour cause de jour férié.

L’attentisme était également de mise sur le marché des changes, où l’euro enregistrait une faible hausse face au dollar, à 1,2769 dollar vers 14H00 GMT.

Le pétrole a en revanche ouvert en nette baisse à New York, le baril de “light sweet crude” perdant près de deux dollars, à 65,89 dollars.

Les investisseurs continuaient par ailleurs d’avoir l’oeil rivé sur l’élection présidentielle américaine, attendant avec fébrilité la levée de ce qu’ils redoutent le plus, l’incertitude.

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Montage de photos de Barack Obama et John McCain

Les places financières anticipent largement une victoire du candidat démocrate Barack Obama, en tête dans les sondages. Mais une victoire du républicain John McCain serait toutefois savourée à Wall Street, première place financière mondiale, car “le marché préfère généralement les républicains”, rappelle Sam Stovall, stratège chez Standard & Poor’s.

Dans la zone euro, La Commission européenne s’attend à un recul du PIB de 0,1% au troisième trimestre 2008 par rapport au trimestre précédent, puis de 0,1% au quatrième, après une baisse de 0,2% au deuxième.

Si cela se confirme, elle connaîtra dès le troisième trimestre 2008 une récession qui se traduit techniquement par deux trimestres consécutifs de recul du PIB, et ce pour la première fois depuis sa création en 1999.

Sur l’ensemble de 2008, la Commission européenne prévoit une croissance de la zone euro de 1,2%, contre 1,3% dans ses précédents pronostics.

Elle table ensuite sur un très net ralentissement de la croissance à 0,1% en 2009 soit, si cela se confirme, la pire performance de la zone euro depuis sa création. En 2010, la situation devrait s’améliorer avec 0,9% de croissance.

Bruxelles prévoit en 2009 une croissance nulle en Allemagne, en France et en Italie, et en recul au Royaume-Uni (-1,0%) et en Espagne (-0,2%).

De son côté, l’indice des directeurs d’achat (PMI) pour le secteur manufacturier en octobre est tombé à 41,1 points, sa plus forte baisse mensuelle et son plus bas niveau depuis sa création.

“Le secteur manufacturier de la zone euro se contracte à une vitesse surprenante”, relève Chris Williamson, chef économiste de la société Markit, qui publie l’indice, en prévoyant “de nouvelles baisses de la production et de l’emploi pour les prochains mois”.

La semaine est en Europe à la mobilisation politique avec des réunions lundi et mardi des ministres des Finances de la zone euro et de l’Union européenne, avec en point de mire un sommet des 27 vendredi à Bruxelles.

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ège de la Commerzbank à Francfort, le 17 octobre 2008 (Photo : John Macdougall)

Les grands argentiers du G20 se retrouveront eux à Sao Paulo samedi, dans la perspective du sommet du 15 novembre à Washington, qui se donne pour objectif de réformer le système financier international.

En Allemagne, Commerzbank va devenir la première grande banque privée du pays à se faire recapitaliser par l’Etat, à hauteur de 8,2 milliards d’euros, après avoir accepté lundi le plan d’aide gouvernemental.

L’Etat autrichien a de son côté acquis, pour deux euros symboliques, 99,78% de la banque Kommunalkredit Austria. Premier établissement nationalisé du pays, il sera recapitalisé à hauteur d’au moins 100 millions d’euros par l’Etat.

Côté institutionnel, les banques centrales européenne et britannique devraient procéder à un nouvel assouplissement de leurs conditions de crédit pour favoriser le financement des économies.

Des mesures semblables au Japon et aux Etats-Unis la semaine dernière avaient laissé les marchés de marbre.

Un nouveau pays s’est ajouté lundi à ceux où le Fonds monétaire international va intervenir: le Kirghizstan où le FMI apportera “au moins” 60 millions de dollars.

La Norvège a de son côté proposé un prêt de 500 millions d’euros à l’Islande. L’Islande, dont le système financier s’est effondré, s’apprête déjà à recevoir 2 milliards de dollars (1,6 milliard d’euros) du FMI.