Crise : le gouvernement français s’engage, mais le financement reste à préciser

 
 
[02/10/2008 07:23:02] PARIS (AFP)

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çois Fillon le 30 septembre 2008 à la sortie de la réunion de crise à l’Elysée (Photo : Patrick Kovarik)

Eviter un assèchement du crédit, racheter 30.000 logements, sauver banques et épargnants si nécessaire: le gouvernement multiplie les engagements sur la crise financière, mais n’a pas encore défini comment les financer, avançant simplement l’idée de puiser dans le .

Pour compenser le resserrement du crédit aux entreprises, le Premier ministre François Fillon a envisagé de “réaffecter” au financement de l’économie les “excédents de la collecte” du livret A, qui attire de plus en plus d’épargnants en ces temps de crise.

Mais l’idée de puiser dans l’épargne populaire destinée à la construction de HLM a fait immédiatement grincer des dents à gauche, le syndicat FO la qualifiant même de “détournement de fonds”. Et elle n’a suscité qu’un enthousiasme prudent dans la majorité. Il ne faut pas “perdre de vue que tout cela doit être sécurisé”, estime le patron des députés UMP, Jean-François Copé.

L’Union sociale pour l’habitat, regroupant les organismes HLM, a quant à elle insisté pour qu’il s’agisse d'”un prélèvement exceptionnel”. M. Fillon a promis que cette mesure n’affecterait pas “le financement du logement social”.

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à Reims (Photo : Francois Nascimbeni)

Pour soutenir le bâtiment très affecté par la crise, le gouvernement a également annoncé mercredi le rachat “à un prix décoté” de plus de 30.000 logements dont la construction a été différée faute de certitude sur les ventes. Sans plus d’indication sur la façon dont ce dispositif serait financé.

Dans le cadre du plan de sauvetage de la banque franco-belge Dexia, le gouvernement a par ailleurs promis trois milliards d’euros.

La Caisse des dépôts (CDC), “bras financier” de l’Etat, en injectera deux. Pour le reste, la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a évoqué la possibilité d’utiliser une partie des recettes de la privatisation d’EDF (3,9 milliards d’euros). Mais cette somme est destinée à financer un plan pour les universités voulu par le président Sarkozy lui-même. Le ministre du Budget, Eric Woerth, a donc aussitôt exclu un tel montage.

Une autre piste serait de recourir à l’emprunt. C’est celle qu’a privilégiée mercredi le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel: “il n’est pas aberrant qu’un investissement, en la matière, soit financé par de l’emprunt”, a-t-il dit. ‘Etat pourrait aussi lever des fonds via des privatisations partielles. Mais l’opération serait peu rentable alors que les Bourses ne cessent de baisser et aucune cession n’est programmée actuellement.

Autre engagement, garantir le moindre euro déposé dans les banques. Mais M. Fillon a assuré que le gouvernement interviendrait “en amont pour éviter la faillite d’une banque”, ce qui coûterait moins cher qu’une indemnisation des clients.

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Evolution du taux et des encours du Livret A depuis 2000

Si elle se produisait malgré tout, le Fonds de garantie des dépôts, alimenté par les banques, entrerait en action à hauteur de 70.000 euros par déposant.

Pour trouver d’éventuels financements supplémentaires, l’Etat pourrait alors encore recourir à la CDC ou à l’emprunt.

Cette dernière solution creuserait la dette de la France, déjà bien supérieure à l’objectif européen de 60% du PIB, mais le gouvernement y semble résolu si nécessaire.

“Soit les établissements bancaires sont à l’abri de ces risques, ce que je crois, et cela ne changera rien sur le plan budgétaire. Soit il y a une crise européenne majeure et la question doit être traitée comme telle dans l’intérêt des Français”, a résumé le Premier ministre.

Dans ce cas, la France pourrait vraisemblablement compter sur l’indulgence de ses partenaires de l’UE, dont beaucoup se trouveraient dans une situation similaire.

 02/10/2008 07:23:02 – Â© 2008 AFP